Waterman, le reggae et les copains
Lors de la Roxy Vahine Cup à Papara, Hommes de Polynésie a rencontré Waterman. Sur la plage, le groupe de reggae, composé de cinq amis, nous livre son histoire et sa vision de la musique. Moe, Manarii, Quentin, Rahiti et Clément nous révèlent un peu de leur complicité.
Une histoire d’amitié
Waterman, c’est d’abord un groupe de copains de la côte Est, réunis par le surf. En 2022, Taïno Assouvie encourage ses amis à apprendre à jouer des instruments pour se lancer dans la musique. Taïno écrit les textes, Moe puis Manarii et Quentin se mettent respectivement à la guitare, la batterie et la basse. Le groupe est formé, et il n’est composé que de débutants. Moe, par exemple, a commencé la guitare en 2022 et travaille les claviers depuis un mois.
«Quand Taïno m’a expliqué son projet musical, je l’ai suivi. J’ai appris la basse pour le rejoindre. Au début, on voulait uniquement jouer ensemble, partager autre chose que le surf.»
Après le décès de Taïno en 2023, la bande d’amis est très touchée. Tous évoquent ce moment avec émotion, mais les musiciens veulent rester fidèles au dessein du fondateur du groupe, et pour cela ils continuent de jouer ensemble :
«Ça a été difficile de s’en remettre. On essaie de terminer le projet aujourd’hui.»
En juin 2023, pour que vive le projet, Rahiti et Clément rejoignent Waterman. Avec un nouveau chanteur et un guitariste solo, le groupe progresse et continue de faire entendre les textes de Taïno.
Un groupe de surfeurs
Le groupe n’avait pas de nom au début : c’était surtout une bande d’amis qui se réunissait pour jouer entre deux sessions de surf à la Baie, à Papenoo.
Un jour, Quentin propose «Waterman», car tous les musiciens sont surfeurs, Taïno lui-même excellait. Le nom est validé par les membres du groupe, puis par tout un ensemble d’anecdotes :
«Waterman sonne comme «What a man !», quel homme : voilà une belle référence à notre frère décédé, c’était un homme exceptionnel.
Le grand-père de Manarii se faisait appeler Waterman quand il était plus jeune car il approvisionnait les bateaux en eau.Waterman permet aussi de tendre vers la Polynésie, puisque nous sommes un peuple de navigateurs, un peuple de l’eau.»
Et bien sûr, le temple de Waterman est situé au bord de la mer! Le groupe répète chez Manarii, face à l’océan. Il paraît même qu’au mois de septembre les baleines viennent écouter leur musique.
De la bringue au reggae
Les copains de Papenoo avaient l’habitude de se retrouver à la bringue, puis pour faire des jams au ΄ukulele et à la guitare. Avec Waterman, ensemble, ils s’arrêtent sur un genre musical :
«Le choix du reggae a été évident pour tout le monde. On est tous issus d’une bande qui fait la bringue. On voulait se démarquer en faisant du reggae. On a commencé par faire des reprises, puis on a voulu faire nos propres chansons.»
Le répertoire de Waterman est composé de nombreuses créations : le groupe prend pour point de départ les textes écrits par Taïno et compose la musique.
«Taïno était un vrai créateur, il nous a laissé treize textes, de quoi faire tout un album! On a les paroles, et on crée la musique ensemble. On a tous carte blanche.»
En riant, ils expliquent que les premières répétitions ont été chaotiques, qu’ils travaillent beaucoup pour progresser.
Du partage, du travail, de l’ambition, et encore du surf
«Au début, on jouait pour le plaisir, on ne pensait pas faire de scène. Mais quand on a commencé à jouer à cinq, cela demandait une telle logistique, un tel investissement de temps…. qu’on en est venus à vouloir faire aboutir tout ce travail et voir nos efforts payer.»
Si les amis acceptent de consacrer autant de temps au projet, c’est aussi parce qu’ils ont envie de progresser et de percer. L’ambition de Waterman porte le groupe à vouloir faire entendre sa musique plus loin que le fenua. C’est en partie pour cela que les paroles des chansons sont écrites en anglais : le texte peut ainsi dépasser le cadre francophone de Tahiti, et se répandre au-delà du récif polynésien. Derrière la fidélité au texte de Taïno se dessine donc un choix stratégique et ambitieux.
«On ne veut pas se limiter à Tahiti, on voudrait que les gens d’ailleurs nous écoutent, que notre musique s’exporte.
À l’époque, Taino souhaitait que la musique nous permette de voyager et d’aller surfer dans le monde. Si on arrive à répandre notre vibration dans le Pacifique, au Cali Roots[1] ou Reggae Sunsplash[2] et profiter des spots de surf en même temps, on aura réussi!
On a encore du travail, des étapes à franchir… Mais on avance petit à petit.»
Avec un bel équilibre, entre ambition et humilité, travail et plaisir, musique et surf, Waterman rayonne de bonnes vibrations et invite à profiter de la vibe!