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Art & Culture

Vetea Toatiti, la passion et l’art de la couture

Publié le 8 juillet 2022

L’histoire débute dans une petite île excentrée de Polynésie, à Rurutu. Elle se poursuit à Tahiti, puis fait un bond de 16 000 kilomètres jusqu’en Espagne, avant de rayonner dans toute l’Europe. Elle revient plus tard au Fenua, enrichie et diversifiée. La trame de cette histoire ? Elle est cousue du fil et des aiguilles que Vetea manipule depuis l’âge de treize ans, elle tisse et colore sa vie jusqu’à aujourd’hui, avec le succès qui s’est invité en chemin. Récit pour Hommes de Polynésie.

DE POLYNÉSIE JUSQU’EN EUROPE

Dans la famille de Vetea, l’art de la couture semble ancestral. Sa mère est couturière, sa grand-mère l’était également, son arrière-grand-mère probablement aussi. Vetea Toatiti réalise ses premiers points de couture à Rurutu, aux Australes.

« Je suis arrivé à Tahiti en 1998 pour approfondir la couture. J’ai découvert une clientèle différente, avec un aspect plus « haute couture ».  »

Cinq ans plus tard, Vetea arrive au pays du Flamenco1. À PortAventura2 en Espagne, l’un des plus grands parcs d’attraction européen, il confectionne les tenues de ‘ori tahiti pour le groupe de danse polynésien. Six mois par an, les danseurs se produisent devant un public international, puis rentrent au Fenua l’autre moitié de l’année jusqu’au printemps suivant. Sauf Vetea. Il reste et travaille avec d’autres artistes, pour des groupes mexicains, chinois et russes. Il part avec eux en tournée dans toute l’Europe ; leur plus grand spectacle sera la célèbre Légende de Broadway. L’aventure européenne dure huit ans.

« Grâce à cette expérience internationale, j’ai beaucoup appris, notamment le travail sur différentes matières. »

L’artiste revient au Fenua en 2011.

« J’avais envie de me ressourcer à Tahiti. »

Mais Vetea continue toujours, depuis le Fenua, à produire les costumes des danseurs polynésiens de PortAventura. Des costumes grandioses, pour exploiter au mieux la vaste scène, et pour que rayonne la culture polynésienne dans le monde !

RETOUR À TAHITI

À peine Vetea est-il revenu sur le territoire en 2011, qu’il participe déjà à son premier Heiva i Tahiti. Le costumier rejoint le groupe Pupu Tuha’a Pae, avec lequel il partage les mêmes racines australes. Le groupe est régulièrement primé. En 2014 et 2019, les costumes le sont également : Pupu Tuha’a Pae remporte le prix du meilleur costume traditionnel. Tous deux sont exposés au Musée de Tahiti et ses Iles.

De 2015 à 2018, Vetea travaille pour d’autres groupes, où il découvre de nouvelles manières de travailler. Mais les danseurs de Pupu Tuha’a Pae le sollicitent régulièrement, et Vetea leur donne toujours la priorité.

« Dans le monde de la culture, ma priorité, c’est le partage et l’entraide. Je participe ainsi au rayonnement de ma culture. »

Vetea crée les prototypes, et son équipe reproduit les modèles pour chaque danseur et danseuse. Le costumier choisit soigneusement ses couturières. Pas d’après leur savoir, car il leur apprend le b.a.-ba. Mais d’après leur sérieux, leur motivation, leur capacité et leur mémoire de travail.

« J’aime partager mon savoir-faire ! »

DIVERSIFICATION

Si Vetea est costumier pour des groupes de danse en Europe comme à Tahiti, il crée également des vêtements pour des clients particuliers, des robes de mariée, ainsi que les collections de la boutique Kokai. L’art habille les corps, les lieux aussi. Jusqu’en 2021, Vetea est décorateur pour les grands événements à l’hôtel Intercontinental de Tahiti. Il l’est toujours pour les fêtes chez les particuliers.

« J’aime ce que je fais ! J’aime l’art, et la diversité. »

Comme pour les robes de mariée, Vetea s’adapte au budget du client. Il est sensible aux petits moyens, et souhaite que chacun puisse vivre une belle fête.

« Je veux que chacun y trouve son compte. Pour une future mariée, je souhaite que sa robe soit belle, sans que son budget ne soit un frein et qu’elle soit heureuse pour ce jour unique ! »

Vetea quitte son siège logé derrière sa machine à coudre pour me raccompagner jusqu’à la sortie de son atelier. Dans sa vallée luxuriante à Paea, il m’a accueillie avec le sourire. Même si les nuits sont courtes et les journées denses, passées à confectionner les costumes de Miss Vahine Tane, comme ceux du Heiva. Dès que Vetea a commencé à parler de couture, sa voix s’est envolée, enthousiaste, souriante, passionnée. Après mon départ il se remettra à l’ouvrage. Pour Vetea, coudre la nuit est la plus belle heure. Et la couture, la plus belle des passions.

1 Genre musical et danse du XVIIIe siècle issu d’Andalousie en Espagne

2 Parc à thème espagnol qui fait partie du complexe de loisirs PortAventura World où la Polynésie est notamment représentée ; c’est l’un des parcs européens les plus importants

Doris Ramseyer

Rédactrice

©Photos : Doris Ramseyer et Lifeislove pour Hommes de Polynésie

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