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Art & Culture

Tems, la mémoire émergente de nos traditions

Publié le 24 juin 2022

Sous le ciel décadent, les corolles encore fraîches de la brise matinale laissent entrevoir les carpes ondulantes dans le rouge écarlate de ses bras. Dans la lueur rutilante du zénith, Tems reçoit Hommes de Polynésie dans l’antre créatif de Pk0 Tattoo shop. Enfant de la rue et skateur à son temps perdu, Tems nous attrape par le bras pour nous emmener dans son univers du tatouage, planche à la main et pied sur terre. C’est un envol à l’aquarelle où les arabesques de couleurs s’élancent dans le firmament ébranlé par les cumulus évanescents.

ESQUISSE D’UN ARTISTE

Sa jeunesse se meut dans les artères de Papeete. Au coin d’un carrefour, sur les bancs de l’école de la rue, germe une passion qui s’épanouit sur les tables du bahut.

« Depuis tout petit je dessinais. On a commencé comme ça, au fond de la classe à dessiner. »

Sculpture, gravure et peinture se meuvent dans son esprit en marge, puis la jeunesse sillonne l’île vers la côte ouest pour éclore.

« Après j’ai eu la chance de déménager et de vivre un peu plus loin vers Paea et la presqu’île. »

L’enfance se déroule, les amitiés se forment et les premières rencontres à l’aiguille s’affinent. Les arabesques bricolées sur les tables de l’école viennent s’inscrire sur un autre support plus poreux.

« C’est un métier à part. »

« À l’époque il n’y avait pas de formation ni d’écoles pour rentrer dans le milieu. Il fallait tout apprendre sur le tas, avoir son propre matériel, etc. »

Déjà son corps devient un support de création où les machines dansent sur sa peau encore vierge d’encre.

« C’est toujours compliqué de commencer mais il faut persévérer. Comme tout le monde, on a commencé au plus bas avec les copains qui servaient de cobaye à la maison. »

« Avant, il n’y avait pas autant de support que maintenant comme internet, YouTube, Instagram. Tout ce qu’on avait c’étaient des magazines et dedans, il n’y avait pas de Patutiki. C’était soit des têtes de mort, soit du japonais. »

DU JAPONAIS AU PATUTIKI

Le phénix prend son envol pour déambuler dans l’esprit créatif du jeune Tems. Un océan de symboles où vogue l’univers japonais à travers duquel se démarque une personnalité dans les locaux de NkTattoo shop.

« Steeve Faara est devenu mon mentor, mon sensei1 comme on dit. C’était si naturel que je ne me souviens même plus quand je lui ai demandé. »

« Je pense qu’on a toujours une idole ou un exemple à suivre sinon tu te perds. »

La vague de Kanagawa monte à ses tripes pour transporter son corps dans une série créative où confiance et courage engrangent ce qui lui correspond.

« Au début t’es un apprenti donc tu regardes, tu étudies, tu dessines, tu fais quelques pièces. Puis à la maison, tu rentres et t’appelles les copains et on fait des séances pour s’exercer. »

2017 est une année d’ascension et d’épanouissement pour le jeune seito2 qui se complaît dans le style japonais.

« Ce que j’aime dedans, c’est qu’il y a des ombrages et des couleurs ; avec le Patutiki, tu sais déjà ce que ça donnera à la fin, les plaques de noir, la structure. Pour moi, le japonais est différent car je le découvre au fur et à mesure. »

« Mais je n’ai pas vraiment de style, je fais un peu de tout. Par exemple, en ce moment, j’essaye de faire du maori et des motifs des australes. Par contre, je free hand3 tout ce que je fais. »

Électron libre s’adonnant sans cesse à sa passion au jour le jour, le tatouage est un métier d’émancipation où l’artiste s’épanouit.

« Ce que j’adore dans ce métier c’est de faire ce que tu veux, quand tu veux. Mais il y a des hauts et des bas comme dans tous les métiers d’artistes. Il faut savoir bien gérer parce que les bas peuvent durer longtemps.  »

UN RETOUR AUX TRADITIONS

Notre échange se poursuit en abordant comme un rêve, le passé jadis révolu, néanmoins ancré dans les peaux et les mémoires.

 

« Il ne faut pas oublier que le tatouage a été interdit. Il n’y avait donc pas de support pour apprendre les bases et il fallait regarder sur les copains ou les anciens pour apprendre. On peut dire que tout ce qui est fait à propos du Patutiki est d’hier. »

L’authenticité est son dogme dans la profondeur des significations.

« Le tatouage, ce n’est pas tout le monde qui pouvait le faire ou le porter. »

Mais aussi dans la manière de l’appliquer.

« Dans mon travail, j’aime reprendre les motifs qui étaient faits jadis, que ça soit dans le Patutiki ou le japonais. »

Et pour cela, depuis 2 ans déjà Tems s’élève dans une absorbante plongée des méandres traditionnels.

« J’ai commencé à faire du tatouage traditionnel avec Moana et mon projet est de partir vers cette voie : me former pour mieux revenir en arrière. »

1 Signifie « maître » en japonais

2 Signifie « apprenant » en japonais

3 Dessiner à main levée

Manutea Rambaud

Rédactrice

©Photos : Manutea Rambaud pour Hommes de Polynésie

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