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Suivre la musique pour sortir du néant

Publié le 29 janvier 2021

Ambiance détendue pour cette rencontre entre Hommes de Polynésie et Sébastien alias Sébo, un mordu du son qui vous remue les tripes. Rodé des groupes à décibels élevés, il nous sert ici son histoire naviguant entre métal et reggae, seul avec sa guitare (mais pas que). À la fin de ce voyage intérieur, on est bien tenté d’envoyer un mot de remerciement au centre de toxicomanie qui la semble-t-il poussé à se reconstruire musicalement. Car franchement c’est beau.

Se découvrir

Ne vous fiez pas aux apparences car sous cette armure gigantesque à la peau pâle et aux yeux clairs, Sébastien Husson est bien polynésien car c’est à Tahiti qu’il pousse ses premiers cris, un jour d’avril en 1983.

« Mon père a vécu ici et est parti étudier en France où il a rencontré ma mère. Du coup il l’a ramené au fenua. »

Sa mère Hélène Hili et son père Ronald Husson

En 1997, la famille se voit partir vers la métropole pour des raisons de santé.

« Sujet à une insuffisance rénale, mon père devait se faire greffer un rein et c’est pourquoi nous devions déménager pour attendre un donneur. »

Ils s’installent à Toulouse où Sébastien va à l’école. Un passage pas très glorieux…

« J’ai tout raté. Ce n’est pas que je n’aimais pas l’école, c’est juste que là-bas… je ne sais pas… c’était bizarre. »

À cette époque, le mouvement lycéen avait pris de l’ampleur.

« C’était la grève. J’étais en cours et j’ai vu les manifestants pousser les portes en hurlant. Du coup, rebelle que j’étais j’ai suivi le pas. J’avoue qu’il en fallait peu pour m’inciter à ce genre de chose. »

Avec ses copains il découvre la musique et s’y intéresse rapidement.

« Je reçois ma première guitare à noël et je ne la lâche plus. »

Ado avec sa première guitare

Il tâte également la batterie auquel il accroche spontanément. Pantera, Metallica, Nirvana, Linkin Park « et aussi Tryo ! » retentissaient dans son apprentissage.

« On jouait souvent dans les parcs ; on faisait la manche. Ce sont de supers souvenirs de mon adolescence. »

Au bout de six ans, son père reçoit enfin une greffe. Retour à Tahiti.

Se perdre

« Et retour sur les bancs de l’école mais avec réticence. Il faut dire que j’étais devenu un adolescent très terrible. »

Délaissant malgré lui la musique – mais jouait néanmoins dès qu’il en avait l’occasion-, cela lui permet d’étudier et d’obtenir son bac en 2006.

« C’est surtout parce-que mes parents avaient sévi et m’ont poussé à bosser. »

Diplôme en poche, Sébastien se retrouve comptable dans un hôtel pendant trois mois avant d’accumuler plusieurs jobs en tout genre.

« Je ne savais pas trop où j’allais, ni ce que je voulais. »

Dans cette requête, il décide de se prendre une année sabbatique pour se reconnecter avec la musique.

« Je m’offre une batterie. Je m’essaye au style reggae mais je suis de plus en plus fan de métal. »

Il réside dans son univers une telle énergie et une telle force que mettre le volume à fond semble la seule marche à suivre.

« Je jongle entre batterie et guitare. J’apprends seul, je fais tout à l’oreille et j’observe beaucoup les autres musiciens. »

Mais la réalité le rattrape avec un grand coup de pied aux fesses de ses parents. Sébastien doit gagner sa vie.

« Je n’ai pas à m’en plaindre, j’ai de la chance car mes parents sont vraiment cools. M’enfin… j’aurai aimé être en vacances toute ma vie (rires) »

Il se remet à bosser en intérim et trouve une stabilité dans un poste à temps plein en 2008.

Se reconstruire

« Je n’ai pas arrêté la musique pour autant. J’accompagnais dans les bringues les weekends. »

Bringues dans lesquelles il se noie de plus en plus… Ses parents se séparent et même s’il le cache, on distingue en toile de fond des plaies encore ouvertes et des cicatrices.

« Je buvais beaucoup. Je me suis fait arrêter pour alcool au guidon. Et j’ai eu des problèmes avec la justice car multi récidiviste. »

Sébo est dirigé au centre de toxicomanie où il sera pris en charge par une professionnelle qui aura pour mission de lui trouver un moyen de s’intéresser à autre chose qu’à l’alcool.

« La musique, ça va de soi ! »

Il s’inscrit au conservatoire, hors cursus, afin d’apprendre à jouer en groupe.

« Je rencontre deux jeunes musiciens, Tauahi et Marania, actuellement membre du groupe Te Ruki. »

Te Ruki

Il se perfectionne à la guitare basse pendant deux ans au conservatoire puis intègre quelques groupes jusqu’à sa rencontre hasardeuse avec Aroma Salmon1.

« En 2017 à eu lieu le TMH2 et j’ai eu la chance d’y participer en intégrant le groupe Te Ruki à seulement deux jours de l’évènement ! »

Un groupe de métal… C’est drôle le hasard, n’est-ce pas ?

La consommation d’alcool entraîne des conséquences désastreuses et souvent irréversibles sur notre santé mais aussi sur notre comportement. Une porte ouverte à nos démons intérieurs. En parler et se faire aider est un grand pas vers la guérison. Sébastien nous prend à contrepied avec sa détermination. Avec Te Ruki qui connaît un certain succès à l’étranger, ils prévoient de participer au Hellfest3 dès que la crise sanitaire -on l’espère- sera fini. Découvrez leur EP E Tika Mateu, c’est puissant !

« La musique me rend heureux et ça m’a aidé à sortir du néant. Il fallait bien que j’arrête les bêtises à un moment ! »

1 Leader du groupe Tikahiri

2 Le Tahiti Metal Head Festival est une série de concerts regroupant plusieurs groupes rock métal du fenua

³ Le Hellfest est un festival de musique français spécialisé dans les musiques extrêmes

Vainui Moreno

Rédactrice web

© Photos : Sébastien Husson, Te Ruki, Vainui Moreno  Hommes de Polynésie

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