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Art & Culture

Tommy Tihoni, une vie de danse

Publié le 23 juin 2022

Tommy Tihoni m’attend devant le shop de Patu Tattoo. C’est comme une coutume, avant chaque Heiva, Tommy inscrit sur sa peau des motifs qui le lient toujours plus à sa culture. Et cette année plus qu’une autre, il a besoin de mana. Ce portrait pour Hommes de Polynésie, c’est un hommage à la danse ‘ori tahiti, à la culture polynésienne, et à celle qui faisait partie de sa vie et qui n’est plus.

COMMENT TOUT A COMMENCÉ

« En 2012, j’ai commencé à danser le ‘ori tahiti. Depuis, je n’ai plus arrêté. »

À peine a-t-il débuté la danse, que Tommy participe déjà à son premier Heiva avec le groupe Tamariki Poerani, puis enchaîne avec le Hura Tapairu. Et chaque année qui suivra, avec une ferveur grandissante, Tommy dansera pour ces deux concours.

Au départ, le ‘ori tahiti, c’est juste pour essayer, avec des amis et collègues. L’entraînement physique lui plaît, alors Tommy persévère. Mais ce qu’il découvre en chemin, comme une surprise, c’est sa culture.

Tommy est doué. Il remporte de nombreux succès. Prix du meilleur danseur Heiva i Tahiti en 2016. Victoire la même année, pour le ‘Ori Tahiti World Championship. Il gagne aussi plusieurs compétitions en solo, et d’autres prix encore. Tommy ne se vante pas. Car ce qui prime pour lui, c’est de se sentir à sa place, de vivre pleinement sa passion.

Tommy est talentueux, mais d’autres danseurs le sont également. Où réside la différence, alors ?

 

« Quand je danse, quelque chose de fort se passe avec le public, de l’ordre de l’émotion, du charisme. Je ressens aussi pleinement le mana. »

Loin d’être un simple show, une chorégraphie purement esthétique, Tommy vit la danse, et son ressenti devient un véritable partage avec le public.

DE LA DANSE À LA CULTURE

Teraurii Piritua s’adresse à ses danseurs en tahitien. La voix du chef d’Ori I Tahiti, groupe que Tommy rejoint en 2013 et 2015, captive son auditoire. Même si le jeune homme n’en perçoit que des bribes, il saisit les valeurs culturelles et de partage qu’elle transmet. Alors le danseur fait de plus en plus sienne la langue de son peuple. Et la danse revêt encore plus d’importance dans sa vie.

Comme une suite logique, dès 2016, Tommy devient professeur de danse des tamaroa1. Il enseigne à Punaauia pour les jeunes garçons et à Taravao pour les adolescents.

« À 26 ans, je vis à 100% de la danse. Je vis de ma passion ! »

Sa priorité, c’est de partager son savoir-faire. Il perçoit un détachement culturel actuel dans la jeunesse d’aujourd’hui, et souhaite transmettre des petites doses de culture grâce à l’art.

Tommy participe en outre à la promotion de sa culture à l’étranger. Grâce à des workshops2, il donne des cours de ‘ori tahiti au Japon, au Mexique et en France.

« La danse me permet de voyager. J’apprécie le dépaysement, mais je suis toujours heureux de retrouver mon île. Je suis bien chez moi !  »

HEIVA 2022, UNE SAVEUR PARTICULIÈRE

Depuis 2018, Tommy danse avec le groupe Hitireva. Deux années de spectacles, puis le covid interrompt art et fêtes. 2022 apparaît comme une revanche.

« Tout le monde a hâte de reprendre après cette longue interruption liée au covid. C’est plus intense physiquement, la ferveur est plus vive aussi. »

Et puis cette année, celle qui partageait sa vie, celle qui l’encourageait, le soutenait, Tuhiti Teamo est partie.  Son départ laisse tout le monde abasourdi.

« Tuhiti, c’était ma force dans la danse, et dans tout ce que j’entreprenais. »

Tommy regarde le ciel. Il sent que de là-haut, elle lui donne de l’énergie.

« Je la sens tout près de moi quand je danse, quand je m’entraîne pour le Heiva. »

Il y a six ans, Tommy et Tuhiti ont la chance de se rencontrer. Ensemble, ils vivent des moments de danse incomparables. Cette année, elle devait se présenter comme meilleure danseuse, avec toutes les chances de réussir.
Tuhiti avait créé des liens avec tous les danseurs. Alors aujourd’hui, ces derniers sont là pour épauler Tommy. Lors de certaines répétitions, des orero3 sont proclamés. Émouvants, ils rendent hommage à Tuhiti, et Tommy est touché en plein cœur.

« J’ai le soutien de tous. C’est ma force. »

Cette année, Hitireva ouvre le Heiva i Tahiti. Avec son groupe, Tommy a hâte de présenter leur spectacle. Il y a de la pression et de l’excitation à la fois. La cadence des répétitions s’accélère, et grignote toujours plus les soirées, quand ce n’est pas le moment de confectionner les costumes. La préparation est exigeante, mais Tommy est passionné. Et cette année, le Heiva prend un sens particulier.

« Tuhiti n’est plus là physiquement, mais elle reste présente. Elle sera là pour la soirée du concours, et même après. »

1 Jeunes garçons en tahitien

2 Atelier collaboratif

3 Art oratoire traditionnel polynésien

Doris Ramseyer

Rédactrice

©Photos : Doris Ramseyer, Stéphane Maillon, Naea Jacquet (Anapa production) pour Hommes de Polynésie

Pour plus de renseignements

Le groupe Hitireva se produira au Heiva 2022 le vendredi 1er juillet à 20h45, dans la catégorie Hura Tau.

Site internet

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