Heiarii Holozet, oser prendre soin de soi et des autres
Si Heiarii n’était pas destiné à travailler dans une institution telle que la DPAM1, son ambition et sa détermination lui ont valu bien des honneurs. Le courage que lui a demandé son parcours nous a interpellés et c’est pourquoi, Hommes de Polynésie vous présente aujourd’hui ce professionnel qui œuvre pour nos espaces maritimes.
SE TROUVER SOI
Heiarii Holozet a grandi à Papara, dans les fa’a’apu. Durant sa scolarité, il ne s’intéresse guère aux études, leur préférant les nouvelles technologies et les jeux vidéos. Lorsqu’il est temps pour lui de devenir indépendant, il trouve un premier job en tant que docker2.
« Physiquement, c’était difficile. Souvent on travaille sous le cagnard. Ça forge la manière de travailler, le caractère aussi. »
Au bout de trois ans, il désire trouver sa voie. En 2005, il passe le concours de la fonction publique et le réussit haut la main. Il commence alors son premier service au protocole de la présidence3, où il est secrétaire.
« J’ai fait un peu tous les postes. J’essayais de mettre en place mon leitmotiv : toujours apprendre quelque chose de nouveau. Chaque jour, rentrer chez soi avec un nouveau savoir. »
Cette manière de penser l’amène à expérimenter différents métiers au sein d’une même institution, mais également à ouvrir ses horizons professionnels.
« En 2013, je suis arrivé au bout. J’avais besoin de voir quelque chose d’autre, quelque chose de nouveau. »
Alors qu’il se cherche encore, une amie qui travaille à la DPAM le pousse à rencontrer la direction.
« Lorsqu’on m’a demandé pourquoi la DPAM, j’ai répondu : parce que je n’y connais absolument rien et que j’adore apprendre. »
Le courant passe, le jeune homme démarre cette aventure, avide de nouvelles connaissances.
SE SENTIR À SA PLACE
Heiarii devient alors agent instructeur, en charge de la sécurité de navigation mais également de la gestion des espaces maritimes. Il s’épanouit, se complait dans cette posture dans laquelle la lassitude n’est pas de mise.
« Ce qui m’intéresse le plus, c’est que je n’ai pas le malus de la monotonie. Je ne traite jamais deux fois le même dossier, ou du moins jamais deux fois de la même manière. Rien n’est gravé dans le marbre. De se dire qu’on fait ce job-là, c’est un service public. Ici, on travaille pour le public. »
Son caractère curieux et enjoué apporte à l’entreprise une touche d’allégresse légère qui se ressent tant auprès des clients que des agents qui le côtoient.
« Ma pierre à l’édifice, c’est que je suis polyvalent et ouvert d’esprit. Je n’ai peut-être pas forcément le bagage universitaire, mais j’ai le côté pragmatique. J’essaye de garder la bonne humeur, la convivialité entre les membres de l’équipe. »
Heiarii est à sa place, vivant l’instant présent et luttant pour l’avenir de nos eaux.
DE L’ESPOIR POUR LES FUTURES GÉNÉRATIONS
À 39 ans et père de deux enfants, il adopte au mieux les préceptes qui régissent sa vie professionnelle dans son quotidien familial.
« Que ce soit avec la grande ou avec mon fiston, quand ils me parlent, je prends le temps, j’écoute. J’essaye de concilier. On ne peut pas tous être parfaits. Ça m’arrive aussi d’être fatigué de ma journée mais je fais l’effort de les écouter, même cinq minutes. Je ne peux pas tout faire à leur place. Ce n’est pas mon rôle d’ailleurs. »
Concerné par la jeunesse du fenua, Heiarii espère inculquer, non seulement à sa descendance, mais également aux adultes en devenir de nos îles, l’envie de créer un avenir ensemble. L’océan, finalement, est ce qui nous rassemble tous et toutes dans cette vie insulaire.
« En termes de perspectives, il y a des possibilités qui sont ouvertes. Mais il faut réussir à intéresser les jeunes. Le domaine maritime ce n’est pas seulement la pêche. Il y a cette voie, on peut vous aider, on peut vous orienter, il y a de la place. Réfléchissez-y, c’est possible. »
En définitive, nous avons chacun, chacune, à apprendre des uns et des autres. Le fruit de cette rencontre est, en soi, une piqure de rappel pour tous ceux qui nous lisent et cela grâce aux mots de Heiarii Holozet, qui nous encourage à sortir de notre zone de confort, pour un lendemain meilleur.
« Ne vous arrêtez pas à votre quotidien. N’ayez pas peur d’apprendre, de vos erreurs et surtout, des autres. »
- La Direction Polynésienne des Affaires Maritimes (DPAM) a été créée pour répondre aux besoins des professionnels et particuliers des domaines de la navigation et des transports maritimes.
- Le docker travaille dans les ports de marchandises. Au départ ou à l’arrivée des bateaux, c’est lui qui s’occupe de charger ou décharger les cargaisons.
- Rattachée administrativement au secrétariat général de l’Assemblée et de la Présidence et bénéficiant d’une relative autonomie d’action, le service protocole de la présidence est une structure à vocation « horizontale », qui coopère avec les autres entités de l’Assemblée nationale en étant fondamentalement axée sur les aspects logistiques des cérémonies où la représentation de l’institution doit être assurée, des réceptions de délégations étrangères ou des déplacements du Président à l’étranger.