Ariiteaveura : les cours d’EPS en reo Tahiti
Enfant de Mataiea, Ariiteaveura n’aura jamais perdu de tête ses objectifs. 12 années de vie, de recherche et de travail l’auront mené à la salle de sport du collège de Teva I Uta où il enseigne l’EPS… en reo tahiti. Hommes de Polynésie s’invite l’instant d’un footing dans le parcours exemplaire d’un professeur empreint de sa culture.
Tamari’i Mataiea
« En 2004, j’entrais à l’école normale, où j’ai fait 3 ans pour devenir instituteur. Peu de temps après, en passant un concours interne, je devenais professeur des écoles. »
En 2016, Ariiteaveura se rapproche de son rêve lorsqu’il passe le CAPEPS1 pour devenir professeur d’EPS. Suite à de nombreuse affectation dans différents établissements de Tahiti, il est transféré au collège de Teva I Uta.
« Je suis originaire de Mataiea, j’ai fait mon école primaire ici, j’ai grandi ici. C’est un grand plaisir pour moi d’œuvrer pour la jeunesse de ma commune. »
EPS en reo tahiti
Aujourd’hui, il nous reçoit dans la salle de sport du collège de Teva I Uta où au-delà de l’enseignement de l’activité physique, Ariiteaveura, imprègne ses leçons de sa langue maternelle. En raison de la mise en place d’une habilitation à instruire en tahitien, le jeune professeur dispense certains de ses cours en reo tahiti. Les résultats sont très concluants.
« Les élèves sont très réceptifs. Au niveau du passage de consignes, leurs attentions sont plus vives quand tu le fais en tahitien. Ce qui n’était pas forcément le cas en français. »
Pour Arii, l’avantage du tahitien est que la langue capte l’attention. Mis à part la compréhension des instructions, le reo tahiti rapproche les élèves de l’apprentissage en leur donnant des repères.
« Je pense qu’il est nécessaire d’insuffler un peu de leurs cultures dans la scolarité, pour qu’ils puissent retrouver leurs racines. Car souvent, les problèmes scolaires émanent d’un souci de compréhension et pas d’un souci de compétences. Le fait de donner les 2 langues, prodigue aux élèves une double opportunité de compréhension. »
Comme en témoigne le professeur d’EPS, réapproprier ses racines dans le scolaire, « ça va très loin ! On constate moins d’absentéisme et plus d’attention… »
La langue pour le rayonnement de la culture
« Personnellement, la langue tahitienne et la culture m’ont toujours plu. J’ai écrit des textes pour Tamari’i Mataiea au Heiva I Tahiti. Une belle expérience qui m’a permis de vivre le reo tahiti à fond. »
L’habilitation permet à Arii de proposer des projets au sein de l’établissement, comme pour la 6ème Hiro’a, une classe expérimentale dans laquelle les aspects culturels sont favorisés : les cours d’EPS se font en reo tahiti et d’autres disciplines tentent des apports lexicaux également tel que les sciences et le français…
« Pour ma part, ce sont des cours d’EPS en tahitien avec des sports traditionnels. Patia Fa, course de porteurs de fruits, va’a, stage de surf, tout est bon en reo tahiti. »
Un rêve aguerrit
Beaucoup de projets qui ont pour but l’inclusion sociale des différents milieux voient le jour au sein des établissements scolaires de Polynésie française. Que ce soit le rugby ou le va’a, le mot d’ordre reste le respect. Selon Arii, la plus grande qualité dans son domaine est l’adaptation.
« Tu dois constamment observer pour ajuster ton cours à la situation et aux élèves. Être professeur d’EPS dans ces conditions, c’est le métier de mes rêves. C’est celui que je voulais faire depuis petit. »
Malgré, un parcours qui a dévié et quelques péripéties sur son chemin, Ariiteaveura a su assurer le cap.
« La vie m’a menée à ce que je fais aujourd’hui. 12 années de vie, de recherche et de travail. Le secret c’est le travail. Il ne faut jamais perdre de vue ses objectifs, car les chemins sont multiples et certains ne sont pas évidents. Sans ma petite famille, je ne serais pas là à présent. »
1 Certificat d’aptitude au professorat d’éducation physique et sportive.
