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Portrait

Stéphane Rossoni, professeur de batterie au Conservatoire

Stéphane Rossoni, professeur de batterie au Conservatoire

Publié le 3 octobre 2018

Stéphane Rossoni est une rencontre déroutante. Michel Poroi, Angélo, Bobby, Gabilou, Tikahiri, il les a tous accompagné à la batterie. Il a donné le LA à des formations, le Tempo à des compositions et du rythme à certaines vies. Ce que l’on sait moins, c’est que ce cœur de batteur aurait aimé battre la mesure plutôt que battre la chamade. Il s’est livré à Hommes de Polynésie.

A CŒUR OUVERT

Fin des années 80, venir à Tahiti n’était pas du tout au programme des frères Rossoni. Stéphane, le cadet, étudiait la percussion et n’avait qu’une seule idée en tête : se faire réformer. Le service Militaire était encore en vigueur.

« Au moment où je me pose la question, j’ai mon professeur qui me dit : « tient on recherche un personnel au service technique dans le cadre de la coopération musicale ». J’ai souscrit, j’ai été reçu au ministère de la culture. Le temps passe. J’étais en vacances en Italie quand je reçois un coup de fil de ma belle-mère : « tu pars dans trois semaines. Vite il faut que tu reviennes pour faire tes 3 jours ». Du coup il fallait que je sois apte pour ne pas être réformé ! »

Ses parents ne savent toujours pas pourquoi il est parti. Il faut dire que Stéphane connaît une enfance joyeuse au bord du bois qui jouxte la maison familiale. Mais il est toujours resté un peu noir, angoissé, comme pas à sa place. C’est en fait un garçon très complexé. Dès le départ il ne s’aime pas physiquement.

« Je n’ai jamais été bien dans ma peau ça c’est clair depuis le début, j’ai jamais été ce que je voulais être physiquement, j’aurai bien voulu être comme Ben Afleck par exemple physiquement. Disons que ça fait partie des choses qui m’ont toujours miné depuis que je suis tout petit. »

La métamorphose

Quand il était en France il était vraiment très timide, très inhibé, il l’est toujours un peu. Mais le contact avec la Polynésie le transforme, le fait évoluer.

« Vis-à-vis du rapport avec les polynésiens. En France on est très fermé, très chacun dans son truc au métro comme à la maison, on est un peu cloisonnés. Ici, au conservatoire, lorsque je suis arrivé, le directeur m’avait réservé un bel accueil, il était vraiment adorable. J’avais des élèves presque de mon âge, j’avais la fille Brando, Cheyenne, c’était magique.  J’arrive dans ma classe j’avais des enfants de stars et puis un rapport avec les gosses vraiment sympa. » 

Le conservatoire et Stéphane, une histoire qui dure depuis 36 ans. A chaque nouvelle saison, il se réinvente et réussi à fidéliser des élèves.

« Il faut pouvoir se renouveler, être différent. Je suis l’actualité musicale qui passe. Tous les morceaux connus je leur fais faire, Maître GIMS, tout ce qui est bon. Comme je bourlingue à droite à gauche, je ramène toujours des nouvelles méthodes. Ici on ne va pas leur faire faire des percussions, ils viennent pour la batterie. »

Le conservatoire devient son deuxième foyer. Mais Stéphane veut toucher à autre chose. Il se met au « paoti ».  Il danse pendant 5 ans pour Coco Hotahota. Il participe au Heiva de 1988, au festival des arts. Et puis il pense rencontrer l’Amour.

« J’ai rencontré ma femme qui a été mon cauchemar, ce qui auraient dû être les plus beaux moments de ma vie ne l’ont pas été. Je n’avais aucune vie, je ne voyais personnes. J’ai donc supporté 20 ans de cauchemar avant son suicide. J’ai deux beaux enfants superbes, mais ça n’aurait pas dû être ça. Mon exutoire ça a été la musique. »

Rencontre musicale

De Bobby, Angélo, Michel Poroi, Patrick Noble, Rémi Cuitot, Sam Roscol, Léo Marais, Andy Tupaia, Gabilou à Tikahiri, il s’est écoulé 24 ans. 24 ans de collaboration musicale avec des hauts et des bas.

« Dans un groupe c’est le rapport humain qui est le plus compliqué c’est pas le rapport musical, et avec les frères Salmon j’ai beaucoup donné dans l’affect. Il s’est créé quelque chose. On a vécu la Chine, le Japon, la Nouvelle Calédonie, la France deux fois, ça créé des liens. Dans ma vie je n’avais jamais pensé faire la première partie de Joe Coker ni faire des enregistrements aux studios Real World de Peter Gabriel. Et pourtant ça figure sur ma carte de visite. »

L’aventure Tikahiri est l’histoire d’une improbable connexion établie voilà 11 ans au détour d’un concours musical outremer. Le feu sacré ne s’est depuis jamais éteint. Leur dernier opus, le 3ème, en est l’illustration. A peine revenu du pays de Shakespeare que déjà les majors se disputent le mixage et la masterisation.

« On est fiers d’un tout petit groupe qui vient d’une île de 200000 habitants, d’aller dans un studio mythique, où Coldplay, tous ceux qui sont passés avant ne sont pas des rigolos, Tikahiri a inscrit son nom sur la longue liste des grands noms de la musique. On est bien conscients que ce n’est pas maintenant que l’on va devenir des stars avec les frangins, mais quelle belle aventure tout de même ! »

10 jours soutenus par le Ministère de la Culture et Air Tahiti Nui. 10 jours à raison de 12 heures de travail quotidien. 10 jours dans un cadre idyllique entre les mains de professionnels qui de l’arrivée au départ ont été au petit soin avec leurs hôtes. Et si sa carrière devait s’arrêter à cette étape, Stéphane, 57 ans, ne le regretterait pas.

« C’est vrai que l’on ne vise pas à être des stars, mais c’est vrai que ce que l’on a fait peu de gens l’on fait ! Alors profitez tant qu’il en est encore temps, ne perdez plus de temps, vivez vos rêves avec la bonne personne et vivez-les à fond ! »

Jeanne Phanariotis
Rédactrice web

© Photos : Stéphane Rossoni

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