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Portrait

Jonathan, « Un enfant, un arbre, un corail »

Publié le 6 mai 2019

C’est encore un garçon passionné que nous vous présentons aujourd’hui. Il a créé une association dont on entend de plus en plus parler : « Un enfant, un arbre, un corail ». Jonathan Mc Kittrick raconte à Hommes de Polynésie sa prise de conscience, son engagement et sa croisade pour l’environnement et la Culture polynésienne.

Jonathan est originaire des Marquises où il a passé ses premières années. Il aime dire qu’il a grandi dans la nature. Son grand-père et son père tenaient un commerce à Nuku-Hiva. Puis il a suivi sa mère enseignante dans ses différentes affectations : Ua Pou, puis Tahiti.

« Après le bac, je me lance dans des études d’horticulture, c’était déjà la passion de la nature qui m’appelait »

Une fois le bac en poche, Jonathan se rend en Nouvelle-Zélande pour des études d’horticulture, alors que, plus jeune, il ne savait pas précisément ce qu’il voulait faire. En France, ensuite, il continue dans le domaine de la sécurité et de l’environnement et travaille dans des usines, des laboratoires et des fromageries.

LA FRANCE PUIS SIX ANNEES AUX MARQUISES

Aujourd’hui âgé de 33 ans, il revient de six années passées aux Marquises où il vivait de chasse, de pêche, et d’agriculture, où il piquait les chevrettes, ramassait les crabes et pratiquait l’apiculture…

Le déclic de son engagement a été les dix ans de sa fille. Il se dit qu’il faut faire quelque chose pour elle, son environnement, et aussi bien sûr, pour les autres enfants et les générations futures. Dès lors, il était convaincu qu’il fallait agir.

« Je suis né dans un environnement libre, et je ne concevais pas la vie en m’enfermant dans un bureau »

C’est fin 2018, que Jonathan, entouré de personnes impliquées dans la Culture et l’environnement comme Pascal Erhel, conseiller en culture, sa mère ou sa tante Corinne Mc Kittrick, Docteur en civilisation polynésienne, s’est senti soutenu pour développer son idée d’association qui sera baptisée « Un enfant, un arbre, un corail ».

LE CONCEPT DE « UN ENFANT, UN ARBRE, UN CORAIL »

Le nom de l’association est assez explicite. C’est une démarche à la fois culturelle pour préserver la tradition du pū fenua, et environnementale puisqu’il est question d’associer la plantation d’un arbre ou d’un corail à un enfant qui vient de naître. Et c’est un gros travail de démarchage qu’a entamé Jonathan, puisqu’il fait du porte-à-porte en présentant son association et en proposant à ceux qui le souhaitent de s’impliquer (don d’arbre, de terrain, de bouture…). La partie corail est en quelque sorte sous-traitée avec des associations spécialisées partenaires comme Coral gardeners ou l’association Tamarii Pointe des Pêcheurs, mais le principe est le même.

« 3.800 à 4.000 enfants polynésiens naissent chaque année au fenua et à l’étranger»

Toute personne voulant faire vivre la Culture polynésienne et agir pour l’environnement est la bienvenue puisqu’il s’agit de faire perdurer cette tradition ancestrale dans le temps pour constituer des vergers abondants biodiversifiés, accessibles à tous.

Chaque arbre sera géolocalisé avec précision, permettant à l’enfant qui grandit de savoir quel est SON arbre. Le but de l’Association est de planter des arbres dans des zones dédiées et protégées pour que même ceux qui n’ont pas de foncier (locataires, personnes amenées à déménager) puissent associer un arbre qui leur sera toujours accessible à la naissance de leur enfant et ne sera jamais coupé, si bien que EAC (acronyme de l’association) recherche idéalement des terrains à acquérir, et non à louer.

Jonathan mise donc sur la compréhension, le respect de la Culture et le sens du partage des propriétaires, des communes ou de territoire, pour que des parcelles de terres soit données afin de faire vivre le projet. Il lance en particulier un appel aux autorités locales, au gouvernement, aux Ministères (agriculture, santé, culture…) pour que des terrains soient donnés pour faire vivre ce projet. D’ici là l’Association peut fournir un arbre au choix aux familles qui adhèrent au projet.

« Nous voulons reconnecter les enfants de demain à la nature, grâce à sa Culture »

Notre jeune porteur de projet parle de son idée avec enthousiasme et passion. Il imagine déjà des vergers abondants permettant, à l’image des jardins partagés, un lieu où venir entretenir les arbres, récolter leurs fruits, tout en consommant des produits locaux, avec tout le bienfait pour la santé mais aussi pour l’économie locale car Jonathan espère que l’on pourra vivre, à terme, en auto-suffisance.

Des terrains sur Faa’a et Punaauia servent déjà de pépinière et de zone de quarantaine, car, évidemment, on ne peut pas, en faisant don d’un arbre, risquer de propager des parasites comme la petite fourmi de feu. D’où un contrôle phytosanitaire avant d’offrir le jeune arbre à un enfant. Aujourd’hui EAC lance une grande mobilisation pour impliquer tous ceux qui se sentent concernés, aussi bien pour la logistique, que pour la communication ou le juridique, afin de bien cadrer toutes les opérations.

« C’est un programme qui est applicable tout de suite, c’est concret… ça pousse… tu peux manger… c’est vert, ça fait de l’ombre et de l’oxygène.»

Les fruits iront bien sûr en priorité à l’enfant pour qui l’arbre a été planté, ainsi qu’à sa famille. Mais en cas de surabondance ; EAC a une idée qui ne laisse pas de place au gaspillage. Les fruits pourront dans ce cas être récoltés par des bénévoles et transformés (chutney, fruits séchés, confiture…) puis distribués gratuitement ou vendus à un prix permettant de couvrir les frais de transformation.


L’idée sous-jacente c’est évidemment de mettre l’accent sur le partage, de faciliter l’accès aux produits locaux et ainsi de remettre leur consommation au centre de notre alimentation, espérant par ce biais participer à la lutte contre la malbouffe.

« L’homme est la seule espèce qui peut changer les choses à grande échelle pour la planète »

Ce projet est la colonne vertébrale d’une multitude de projets annexes qui peuvent venir se greffer dessus, comme la protection des animaux, des oiseaux (avec un partenariat avec Vik’ura) qu’il faut protéger et où la biodiversité pourra survivre à la folie humaine.

Jonathan imagine déjà le jour où après avoir planté 1.000 ou 2.000 arbres, le bénévolat des membres de l’association ne suffira plus, et où le projet sera arrivé à un stade qui permettra, en plus, de créer des emplois, pour surveiller les pépinières, entretenir les arbres, récolter, transformer et distribuer les fruits.

On l’aura compris, au-delà de faire vivre la tradition du pū fenua, « Un enfant, un arbre, un corail » est une association ambitieuse aux idées simples, brillantes, à une époque où agir pour construire un monde meilleur devient une nécessité.

LES CHOSES SE FONT PETIT À PETIT

Cette jeune association avance doucement avec l’aide de tous les bénévoles. Jonathan tient notamment à remercier le « noyau dur » qui l’entoure : Vernier Heiva, Pascal Ehrel, Laiza Pautehea (1), Tepairu Thomas (2), Terenui Coste…

Pour les personnes intéressées, l’actualité de EAC peut être suivie sur leur page facebook, régulièrement mise à jour (3) . Jonathan termine notre entretien en reformulant le vœu que les autorités soient sensibles à cette cause et fasse le don à l’association d’un terrain, pour véritablement démarrer les actions concrètes. L’appel est donc lancé.

Plus d'informations

Laurent Lachiver
Rédacteur web

© Photos : Manu’a Vecker Sue et Laurent Lachiver

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