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Portrait

Kevin, champion de va'a chez Shell va'a à Tahiti

Kevin Céran-Jérusalémy, étoile du Va’a et champion du monde

Publié le 29 août 2017

Aujourd’hui, c’est dans la salle de musculation de Shell Va’a à Papeete qu’Hommes de Polynésie retrouve la star actuelle du va’a, notre champion du monde polynésien, Kevin Céran-Jérusalémy, encore appelé Kevin CJ. Ce jeune homme de tout juste 24 ans a à son actif un palmarès qui ferait pâlir d’envie bon nombre de ses homologues rameurs : champion du monde cadet dès l’âge de quinze ans, quadruple vainqueur du Te Aito durant quatre années consécutives depuis 2014, vainqueur du Super Aito en 2015, champion du monde de va’a marathon dans la catégorie « Open men V1 » en 2017, il a déjà gagné la plupart des courses de la discipline. C’est un jeune homme souriant, accueillant et facile d’accès qui se prête au jeu de l’interview en toute simplicité. Zoom sur ce rameur hors pair, originaire de Huahine, père d’une petite fille d’un an et demi qui garde la tête sur les épaules malgré l’ivresse des victoires qu’il accumule depuis quelques années déjà.

Kevin, champion du monde de va'a

Une passion transmise de père en fils

« Mon père a voulu me transmettre son savoir et voilà, ça a plutôt bien marché. »

On ne devient pas champion du monde par hasard. Les premiers mots de Kevin iront à son père, celui qui l’a un jour « un peu forcé à faire du va’a », et dont il s’empresse de rajouter aujourd’hui « je ne regrette pas, bien au contraire ». Seul garçon de sa famille parmi trois sœurs, c’est à treize ans, alors en classe de quatrième que la rame commence à prendre de plus en plus d’importance dans sa vie.

Son père, Heitara Tehahe, Céran-Jérusalémy du côté de sa maman, un ancien champion de Pirae va’a Mobil, a lui aussi gagné pas mal de courses en individuel. Il est donc allé à bonne école, mais comme l’a dit Mohamed Ali, champion du monde de boxe : « On devient champion grâce à ce que l’on ressent. On doit avoir du talent et de la technique. Mais le talent doit être plus fort que la technique… ».

Plus que de la simple technique, le talent de Kevin ressemble à de l’art. L’art de la glisse, l’art du surf sur son V1 : la houle le porte et c’est une véritable communion avec la mer qui s’opère.

Une exigence et une foi sans faille

Lorsque je lui demande quel est son secret pour gagner, il répond avec un calme olympien : « Même dans la fatigue, il faut essayer d’aller au bout de soi-même. Et ça, très peu le font, beaucoup abandonnent juste à ce moment-là. L’essentiel, c’est d’avoir confiance en soi-même, la foi en Dieu durant la course, les entraînements. Avoir des objectifs et tout faire pour y arriver ». Un mental d’acier, gérer sa motivation, son stress, ses pensées, il sait que ses performances sportives dépendent beaucoup de tout cela. Kevin a de la chance de pouvoir compter sur le soutien de ses proches, de son entourage, nécessaires à son bon équilibre.

Une équipe aux petits soins pour son champion

Kevin est livreur d’huile chez Shell. Shell va’a est une équipe composée de 14 rameurs, d’un président, Richel Moux et d’un coach, Mario Cowan. Kevin nous parle de leur grand fare va’a du bord de mer de Papeete.

Les rameurs de Shell va’a ont donc cuisine, toilettes, douches, salle de musculation, pirogues d’entrainement, pirogues de course, bateau, coachs spécialisés dans la rame, dans la condition physique et dans la nutrition, en plus des vitamines fournies. En semaine, Kevin a trois heures d’entraînement par jour et les samedis, 5 à 6 heures de rame. Seul le dimanche est un jour de repos pour sa petite famille et lui. Huit mois dans l’année sont dévolus aux entraînements. Il me dit faire beaucoup de sacrifices au niveau de sa famille et des sorties.

« On doit être à 100% à chaque entraînement. Il faut que l’on réponde présent. »

Shell Va'a à Tahiti, Polynésie française

Les références de Kevin qui ont bercées sa jeunesse

Quand je lui demande quelles sont ses références, il me dit : « quand j’étais jeune, j’avais mes petits favoris : Lewis Laughlin qui a gagné onze fois la course du Te Aito, et dix fois le Super Aito, mais aussi Manutea Owen, un de mes modèles, originaire de Huahine lui aussi. Il a su faire évoluer la glisse ». Il me parle alors des changements dans la discipline : « le va’a ça a carrément évolué, au niveau du matériel, du style, de la façon de ramer. Avant on était plus dans le Huti2. Maintenant les coups sont plus fluides, plus en souplesse. »

Les compétitions de va'a auxquelles il répond présent

Je demande à Kevin de m’expliquer un peu les différences entre les différentes courses de va’a de Polynésie. En individuel, il me parle de :

  • la course du Te Aito qui rassemble 700 rameurs environ sur 27 km ;
  • la course du Heiva, avec 200 compétiteurs environ sur 4 km ;
  • et le Super Aito qui rassemble les cent premiers arrivants de la course Te Aito, sur une distance de 30 km.

En équipe, la course reine reste la Hawaiki Nui en Polynésie, et la Molokai Ho’e à Hawaii.

Kevin me dit que Shell a été le seul club polynésien à représenter la Polynésie française cette année. Il tient d’ailleurs à remercier ses sponsors, à commencer par Shell bien sûr, mais aussi Huahine Rame qui l’approvisionne en rame, Fai Va’a pour les pirogues, Oversteam pour les vitamines, Aito Sport et Manuia pour les vêtements et Spy Surf Co pour les lunettes.

Les conseils de Kevin pour réussir dans ce sport

En fin d’entretien, je demande à Kevin quels sont les conseils qu’il donnerait aux personnes qui auraient envie de se lancer dans ce sport.

Son père Heitara peut être fier de son fils qui a su imposer sa rame à l’échelle mondiale. Edouard Maamaatuaiahutapu créateur de la compétition internationale de va’a la « Hawaiki nui » a dit un jour au sujet du va’a « il est de notre devoir de prendre soin d’elle, afin de la transmettre à nos enfants qui vont faire la même chose. N’oublions pas que nous sommes les garants de sa longévité…« . Cette phrase a dû résonner fort et faire écho au sein de la famille Ceran Jérusalémy qui a su transmettre l’amour du va’a, héritage de nos ancêtres polynésiens.

1 Mot tahitien pour pirogue polynésienne.
2 Voir Article sur Les techniques du va’a avec Gérard Teiva.

Tehina de la Motte
Rédactrice web

© Photos : Hommes de Polynésie

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