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Portrait

Olivier, un photographe formé à la lumière de Shangai

Publié le 17 août 2019

L’ensemble de la Polynésie a vécu sa rentrée scolaire, Hommes de Polynésie. a pris le pli de vous présenter un jeune homme tout juste revenu d’un séjour de 8 ans en Chine. Arrivé dans l’empire du milieu sous le statut d’étudiant, il en repart avec celui de photographe professionnel.

Les tribulations d’un chinois de Tahiti

Tout juste de retour au fenua et encore un peu à l’heure chinoise, Olivier nous raconte ses 8 ans d’expatriation à Shangaï. Une immersion dans l’Empire du milieu qui n’a rien à voir avec un retour aux sources pour ce jeune chinois de Tahiti.

Olivier est photographe professionnel. Cette passion, il l’a héritée de son père, qui n’est autre que Gilles Yau, ancien président de la CCISM (1) et photographe à ses heures perdues.

« Mon père a toujours été passionné de photo depuis l’adolescence. C’est lui entre autre qui crée le club photo du CLM et l’ancêtre du La Mennais Mag. Avec ma mère, ils développaient ensemble dans la chambre noire leurs négatifs N&B. Mais ce n’est que tardivement que j’ai vraiment accroché. »

Car dans la famille Yau, on est commerçant par définition.

« Au collège je faisais des inventaires, puis des remplacements de quasiment tout le personnel en congé. »

Pour ses études, il choisit Paris où il restera 4 ans et décrochera sa licence d’Economie Gestion. C’était au moment où Shangaï recevait l’exposition Universelle en 2010.

« Mon père y était, et il m’a tout de suite parlé des superbes opportunités sur place, de cette ville super cosmopolite contrastant avec les autres villes de Chine. Il l’a décrite comme un Eldorado avec une synergie orientale et occidentale intéressante. »

« Pourquoi pas ? » – se dit-il, se sentant vacciné à la vie des grandes villes, et avec sa vision stéréotypée de la Chine.

« On ne se rend pas compte de la taille, c’est au moment de prendre les transports en commun que l’on en prend vraiment conscience. A Shangaï, une rame de métro équivaut à une rame de RER parisien. Et en heure de pointe tu as une rame de métro toutes les 3 minutes. »

Après un premier semestre qui lui a beaucoup plu, il décide de prolonger son séjour d’un semestre pour apprendre la langue.

« Apprendre la langue et être à fond dans le bain, c’est s’immerger dans la culture. Et le choc culturel est énorme, surtout en Chine où l’ouverture vers l’occident s’est faite assez tardivement.»

Vision du monde, politesse, alimentation, tout en Chine est radicalement différent de ce qu’on connaît. Mais ce qui le marquera le plus est l’absence d’espace intime.

« Être collé à une personne dans une file d’attente est dans l’ordre des choses. Respirer dans le cou d’une autre personne est une attitude normale. Si on te bouscule, on ne s’excuse pas, cracher par terre c’est normal ! Si l’on se retrouve près d’une jolie fille dans le métro et qu’elle se met à roter il ne faut pas vous en offusquer, Messieurs, c’est normal ! »

Une forme de politesse qui a donc ses codes, comme ne pas perdre la face en public. « Il y a beaucoup de non-dits, et ça, tu ne l’apprends pas à l’école. »

En poursuivant ses études à Shangaï dans l’une des 3 plus grandes universités du pays, il finit par maîtriser la langue, mais regrette de ne pas l’avoir étudiée plutôt à Pékin.

« Ce serait comme apprendre le français à Marseille, où l’accent est moins standard qu’à Paris.»

En Chine, les cours sont donnés le matin et les étudiants ont leurs après-midis de libres. Et tout le monde communique avec son téléphone. Oubliez Facebook ou Twitter, en Chine le monopole revient à WeChat ou Wei Xin, le réseau social qui a passé le cap du milliard de comptes dans le monde.

 « Avec WeChat tu peux effectuer tout type de paiement :  eau, électricité, téléphone, internet, loyer, shopping en ligne, l’addition au resto, appeler un taxi, livraison de plats à domicile.  Et quand je suis revenu à Tahiti, cela m’a fait un peu bizarre d’avoir des clés, un portefeuille, une carte de crédit.»

Du séjour linguistique au tremplin professionnel

Pendant ses études, Oliver était souvent amené à faire de longues sorties en train et il prenait avec son téléphone des clichés des paysages qui défilaient. Quand son père les a vus, il lui laisse un appareil photo : son D200… sans la notice.

«  J’avais récupéré un D200 en France, sans jamais vraiment accroché à la photo. Et je me suis offert un Lumix GF-2 la première année en Chine suite à une promo Fnac. J’ai ensuite acheté 2 autres objectifs pourr le Lumix. Puis après le premier semestre j’ai récupéré le D700. »»

Ce sera le déclic. Il l’apprivoise très vite et se découvre une vraie passion pour la photographie et ses voyages à la découverte des paysages l’ancrent définitivement en lui.

C’est à cette période qu’il append à écrire avec la lumière. Entre la prise en main, l’apprentissage et la pratique, le chemin n’a pas été très long pour cet autodidacte de la photo. Si la technique ne lui pose pas de problème, se constituer un portefeuille clients en revanche est une autre affaire. Il commence par le Bouche-à-oreille, puis les soirées et les sorties people.

« Le plus dur c’est de créer son réseau. Cela ne vient pas du jour au lendemain, il faut persévérer. »

En Chine, le face à face physique est essentiel, et se montrer pour maintenir son réseau devient presqu’une seconde nature chez Olivier, qui ne lésine pas sur les moyens pour faire parler de lui.

« L’avantage de Shangai, c’est que tu peux évoluer très vite, avoir beaucoup d’opportunités, un porte-folio riche et gravir les échelons très rapidement. »

Retour en Polynésie

Olivier exerce en Chine depuis 4 ans où il est également le représentant de la société familiale, Agritech,  quand l’envie de retourner en Polynésie se fait ressentir. Et c’est au cours de vacances au fenua qu’une rencontre impromptue débouchera sur une proposition d’embauche. Une agence de communication cherche un photographe.

La boucle est bouclée pour celui qui 8 ans auparavant partait pour un séjour linguistique en Chine. Il revient chez lui avec dans ses bagages un savoir-faire dans la photo commerciale, de mode et événementielle, qu’il se réjouit de mettre en pratique dans une agence de communication polynésienne.

Dire qu’il a mûri serait un euphémisme, Olivier affirme que « Les voyages forment la jeunesse. Je vois l’homme polynésien multiculturel, fière de ses valeurs, ouvert et chaleureux aussi n’ayez pas peur de partir à l’étranger pour essayer de nouvelles choses ! »

  1. Chambre du Commerce, d’Industrie, des Services et des Métiers de Polynésie Française

Jeanne Phanariotis
Rédactrice web

© Photos : Hommes de Polynésie, Olivier Yau

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