Vatea Liou, du cœur à l’ouvrage
Au bord de la baie de Vaiare à Moorea, Vatea Liou a installé son garage OA’OA. Venu des Tuamotu, le mécanicien a su s’investir pour lancer ce projet à son compte et faire fleurir les graines de son travail. Hommes de Polynésie vous invite à faire la connaissance de cet homme passionné de mécanique.
D’îles en îles
Vatea Liou vient de Hikueru aux Tuamotu.
« Je faisais déjà de la mécanique de rue. Puis j’étais dans le bâtiment pendant trois ans. Après, un ami à moi m’a proposé de venir travailler à Nukutepipi. En arrivant je m’y connaissais un peu en mécanique, mais c’est vraiment là-bas que j’ai appris. »
Sur l’atoll privé, Vatea se forme avec Jeremie, son mentor.
« À Nukutepipi, avec le temps, j’ai approfondi mes connaissances, c’était plus sérieux. Au départ, c’était juste du fun et puis, c’est devenu une passion.»
Vatea reste ainsi dix ans à Nukutepipi en tant que mécanicien. Et puis…
« Kelly, ma compagne, avait entendu parler d’un fonds de commerce à Moorea : l’ancien proprio allait revendre. C’est elle qui m’en a parlé. Je me suis dit : “pourquoi pas tenter ?” J’ai d’abord pris un an de dispo. »
Notre mécanicien s’importe alors à Moorea, et ouvre son établissement en avril 2022 : c’est : OA’OA garage.
Découvrir la vraie vie à Moorea
L’arrivée à Moorea entraîne de grands changements.
« Au début, ça m’a stressé ! Parce qu’à Nukutepipi, c’est un petit atoll : à force de faire les mêmes voitures tous les jours, je les connaissais par cœur. C’était confortable : si t’as pas les pièces, c’est pas grave.
À Moorea, tu as des clients parfois exigeants et des véhicules différents tous les jours. Tu ne sais jamais où est le problème ou la panne… Et puis, il faut que ça finisse tel jour, à telle heure… C’était très dur au début. Après, ça s’est bien lancé et, avec le temps ça marche bien. »
Mais surtout, Vatea n’est plus salarié, c’est désormais lui le gérant et il doit gérer à la fois de l’administratif et de la mécanique :
« Il y a beaucoup de clients à Moorea, il y en a même trop ! À Vaiare, on est 3 garages, mais ce n’est pas suffisant ! On a tous trop de clients ; alors, on se les partage quand on est trop chargés. »
En effet, le garage est victime de son succès et demande beaucoup de travail aux mécaniciens :
« À Moorea, je suis à mon compte, avec Kelly en co-gérante, qui gère l’administratif quand elle est sur place, et parfois même quand elle est mission sur d’autres îles. Ça m’a permis de découvrir en quelque sorte la vraie vie. Je dois faire à la fois la mécanique et tout ce qui est administratif : factures, compta, etc. Maintenant, on a un employé pour alléger un peu la charge. »
Consciencieux, Vatea fait de son mieux pour offrir un service de qualité tout en restant honnête à l’égard de ses clients :
« Le but, c’est d’aider les clients, surtout les habitués, ceux qui nous font confiance. J’ai des clients qui viennent de Tahiti aussiet parfois, ce sont des clients de Moorea qui ramènent leur famille ! Ils sont satisfaits, donc ils en parlent. Je ne dis jamais : “je ne peux pas faire” ; je dis toujours : “je peux essayer…” Par contre, si je n’y arrive pas, j’envoie les clients sur Tahiti. »
Se renouveler dans la passion
« Dans la mécanique, tout me plaît, sauf la carrosserie. Chercher les pannes, ça demande beaucoup de temps, mais quand tu as de la patience, c’est amusant. C’est comme un jeu ! Tu as des énigmes à résoudre, et de l’adrénaline quand tu sens que tu es près du but ! Quand tu as cette passion-là, ça devient un jeu. En ce moment, c’est rare d’avoir des mécaniciens passionnés. »
Et les changements dans la vie de Vatea n’entament pas son intérêt pour la mécanique, mais la renouvellent.
« Être à mon compte, ça me plaît mais ce n’est pas toujours facile. J’aime beaucoup ce que je fais parce que j’apprends le côté administratif qui, à la base, n’est pas du tout mon truc ! »
Il semble ainsi découvrir une nouvelle facette du métier :
« Ce qui me plaît, c’est déjà le contact et la relation avec le client, mais aussi comprendre la comptabilité, la gestion de ma banque, le fonctionnement des impôts. Ce sont des trucs que je n’aurais jamais imaginé faire, mais petit à petit, je commence à foncer ! Je comprends mieux, et j’ai envie de comprendre encore plus ! »
Vatea Liou, qui a appris sur le tas, demeure reconnaissant à l’égard de l’île de Nukutepipi qui l’a reçu pour le former à la mécanique :
« Je n’ai aucun diplôme, j’ai tout appris là-bas. C’est pour ça que j’en parle avec émotion, ça compte beaucoup pour moi. J’ai appris un métier que je recommande aujourd’hui. Mais pour être mécanicien, il faut être patient, actif, avoir envie de travailler et de se salir les mains. »
