Marc Richardson du rêve au documentaire
Depuis son plus jeune âge, Marc rêve d’aventures. Toujours friand de nouvelles idées, il a vécu différentes rencontres, et découvert les paysages et les cultures du monde. À son retour sur l’île qui l’a vu grandir, il réalise sa vocation. Il présente « Rava’ai : 15 techniques de pêche en Polynésie française » son premier documentaire diffusé au FIFO 2022. Un témoignage d’une vie dédiée pour ce moment d’un enfant de la presqu’île. Hommes de Polynésie retrace un parcours noué d’aventures, d’épreuves, de voyages et de rêves.
D’idées en construction à la concrétisation
« Pour moi, la vidéo a commencé au lycée en 2003, j’avais 16 ans. Avec un vieux caméscope, on se filmait entre amis, sans but précis. »
Étonnamment, Marc n’aura jamais entrepris d’études de vidéo. À Wollongong en Australie, il opte pour une licence de commerce.
« J’ai tout appris sur le terrain, avec des amis réalisateurs, mais également grâce aux tutoriels YouTube. À y penser, il n’existe pas meilleure école. »
Bien qu’ayant grandi à la presqu’île, l’idée de documentaire se manifeste en Australie il y a déjà presque 10 ans. C’est à ce moment-là que Marc prend goût aux reportages vidéo avec un ami réalisateur.
« Il tournait des reportages sur la pêche en plein cœur de l’action. Je trouvais cela incroyable et magnifique. je me disais qu’avec la tonne de techniques locales, il y avait un sacré sujet à faire. Mais des documentaires et reportages de pêche existaient déjà. »
Et quel meilleur sujet que la Polynésie, le peuple de la mer. Car pour le jeune réalisateur, la richesse la plus marquante reste l’attachement inconditionnel de la population polynésienne à l’océan.
« Ici, beaucoup de personnes dépendent de la pêche pour subvenir à leurs besoins. C’est ce qui rend la pêche d’autant plus intéressante dans les îles. »
Les idées fusent, les challenges surgissent, mais le moral reste au beau fixe. Marc va élever son idée pendant des années.
Rava’ai : 15 techniques de pêche en Polynésie française
« Le concept a mis du temps à mûrir. J’avais beaucoup de peurs. Comment vais-je captiver les gens pendant 52 minutes ? Tay Plain mon ami réalisateur et chanteur du groupe Chuparosa m’a beaucoup inspiré et poussé à entreprendre ce documentaire. Finalement, j’ai opté pour un concept inédit. »
Après un retour au fenua, ce qui restait jusqu’ici une idée, semble se préciser. La caméra sortie de son sac côtoie progressivement l’air marin. Pour capturer la lumière, Marc mise tout, un ‘all in’ qui va se heurter à l’un des plus grands challenges de sa vie.
« En 2019, ma mère s’en est allée à la suite d’une longue maladie. Ça a été un événement dur à vivre au sein de notre famille. Mais nous avons trouvé la force. Dieu a guidé les choses, comme il le fallait. »
Le résultat : un concentré de qualité, avec 5 archipels, 3 techniques de pêche, un itinéraire digne d’une épopée polynésienne. Un ouvrage colossal étalé sur 3 ans mariant la beauté des images vertigineuses des îles, aux témoignages inédits et authentiques des singuliers bonhommes des mers.
« Je me suis dit que peu importe le temps que je dédie à ce documentaire, il faut que j’en ressorte quelque chose dont je suis fier. »
Marc souligne que rien de tout cela n’aurait été possible sans la précieuse aide de sa femme, Joanna, qui l’assiste dans ses aventures depuis les débuts de Sylus Media, leur boite de production.
« On s’est rencontré en Australie et l’on ne s’est jamais quitté. »
Par nous, pour nous
Jeune, Marc s’initie à la pêche à Raiatea avec son père. La conscience environnementale et l’amour de la nature deviennent un tempérament inépuisable.
« On pratiquait la pêche au pupuhi1. Aujourd’hui, je pêche occasionnellement à la canne. Je suis loin des spécialistes que j’ai côtoyés lors de la réalisation du documentaire (rires). »
Un message écologique trône à chaque technique dévoilée. Une conviction qui fonde l’essence de sa personne.
« Je suis pour le respect profond de la vie. Si tu tues un être vivant, il faut qu’il y ait un but. Les pêcheurs savent qu’il faut préserver l’environnement pour pouvoir pêcher encore demain. C’est également ce qui en ressort dans le documentaire. »
L’artiste voue également une intarissable curiosité à sa culture. Aux Gambier, des images exceptionnelles en ressortent. Mais rien n’est gagné, car sur le terrain, la mer prend souvent le dessus. Elle rappelle justement aux hommes, même les plus expérimentés, qu’elle règne sur ce vaste espace.
« Nous avons filmé dans de rudes conditions. Sur le bateau en pleine houle, dans l’eau sur le récif. Pour la première fois de ma vie, j’ai eu le mal de mer dans l’eau. »
Les pêcheurs qui exposent leurs techniques accordent toute leur confiance à Marc. Tous les détails sont présentés avec une bienveillance poignante, car les informations recueillies sont précieuses.
Marc ne manque pas de bonnes idées, il ambitionne toujours plus. Aller plus loin, plus en détail, il en fait sa responsabilité.
« Pourquoi ne pas envisager une suite, en suivant des familles de pêcheurs aux 4 extrémités de la Polynésie française. De Sud, Est, Nord et Ouest. »
Avec le FIFO et l’innombrable émergence de réalisateurs locaux, l’heure est venue pour nous de raconter nos histoires, de les chérir et de les transmettre pour qu’elles transcendent les générations. Et comme Marc le souligne :
« Mon but c’était de mettre en avant tous les petits pêcheurs des îles, qui à mes yeux, sont les véritables experts. Je souhaitais vraiment que cette culture soit capturée au travers du documentaire, pour que la nouvelle génération puisse s’en servir. La pêche, c’est ce qu’il y a de plus noble, elle te permet de t’alimenter et de nourrir ta famille, c’est réellement un métier d’avenir. »
¹fusil sous-marin.
Niuhiti Gerbier
Rédacteur
©Photos : Marc Richardson pour Hommes de Polynésie
Plus de renseignements
Bien que le film soit hors compétition, vous pouvez tout de même visionner et voter pour Rava’ai : 15 techniques de pêche en Polynésie française pour le prix du public.