Hoanui, le dessin pour expression !
Un jeune Polynésien qui gagne à être connu ! Hoanui est aussi modeste que talentueux. Quand on voit ses œuvres, on est immédiatement séduit et convaincu de son potentiel. HOMMES DE POLYNÉSIE vous dépeint cette belle rencontre.
Il y a des gens comme ça, que l’on a plaisir à découvrir et dont le talent évident présage d’un avenir brillant. Hoanui est un jeune homme de 24 ans né à Tahiti, et fruit d’un beau métissage entre un papa d’origine africaine et une maman popa’a installée à Tahiti et aux origines multiculturelles.
UNE FAMILLE D’ARTISTES
« Ma mère peint et fait des bijoux. Mon père m’a appris la guitare. J’ai des cousins et des oncles dans la musique. J’ai des tableaux de ma grand-mère à la maison. »
C’était un enfant « dans la lune », comme il le dit lui-même. Il se nourrissait de BD, de dessins animés, de mangas, de films fantastiques, de jeux vidéo, et de tout ce qui pouvait stimuler son imagination.
« J’ai toujours voulu dessiner, mais en primaire, j’étais trop impressionné par les dessins de mes potes. »
Ce manque de confiance s’est atténué au collège, avec les cours obligatoires d’art plastique, qui lui donnèrent l’occasion de réaliser à quel point il aimait ça.
LINK
Le déclic arrive par le jeu vidéo Zelda, dont il se met à dessiner le héros : Link. Au début, il le reproduit conformément, mais mémorise très vite les traits et ajoute des variantes. L’univers fantastique ne le quittera pas, et aujourd’hui il l’adapte aux icônes des légendes polynésiennes.
« J’ai été encouragé par ma famille et mes proches, qui aimaient ce que je faisais, et être entouré d’avis positifs m’a beaucoup aidé. ».
Dessiner est quelque chose qu’Hoanui a toujours voulu faire, mais il n’osait pas vraiment se lancer. Dès l’âge de dix ans, il réfléchissait déjà à ce qu’il voudrait faire plus tard, et cela passait par les jeux vidéo. Il a d’abord pensé à la programmation, mais a vite abandonné cette idée avec ses premiers dessins, qui lui ont montré la voie à suivre : celle de l’infographie.
DES ÉTUDES EN BELGIQUE
Hoanui n’aimait pas l’école, mais il avait besoin du Bac pour poursuivre des études de dessin et de graphisme. Il opte pour la filière ES, sans conviction, mais dans le seul but d’intégrer la voie qu’il avait choisie.
« Il y avait bien sûr la voie des jeux vidéo, mais aussi le dessin et l’animation, et j’adorerais faire un film d’animation, autant que de concevoir un jeu vidéo. »
À 17 ans, avec son Bac en poche, il quitte le fenua pour la Belgique, pays de la bande dessinée. Il est le premier Polynésien à intégrer l’École Supérieure d’Infographie Albert Jacquard (ESIAJ), qui, en plus de son excellente renommée, présente l’avantage non négligeable d’avoir des frais d’inscription 10 fois inférieurs à ceux d’une école équivalente en France.
« En première année, on fait de la communication graphique, des logos, de la 3D, et en deuxième année on se spécialise. J’ai choisi une formation en animation-illustration 2D, j’ai réalisé deux courts-métrages. Après mon diplôme, j’ai refait une spécialisation, cette fois dans le jeu vidéo. »
Pendant un an Hoanui travaillera en Belgique dans une société de mapping, qui conçoit des images géantes à projeter sur des façades d’immeubles, puis dans une boîte de jeux vidéo, au sein de l’équipe dédiée au trailer animé.
Cette année dans la vie active le confronte au côté précaire de l’activité artistique. Il décide donc de retrouver son île, quittée depuis bien trop longtemps.
LE RETOUR EN POLYNÉSIE
De retour à Tahiti l’an dernier, Hoanui prend une patente et se met à son compte, avec l’ambition de devenir un jour directeur artistique d’une production animée internationale. Mais au préalable, il veut continuer à se former et à étoffer son expérience.
Aujourd’hui, il compte parmi ses quelques clients une banque locale, dont il a animé la mascotte. Mais sa priorité est de se constituer un portfolio et de se faire connaître.
UN UNIVERS NUMERIQUE
Hoanui travaille dans un environnement technologique en constante évolution, qui nécessite d’être en permanence à la pointe du progrès. Il est passé presque intégralement au travail numérique. Il se souvient de sa première tablette :
« Quand j’ai eu ma première tablette graphique, je ne pouvais plus dessiner sur papier. C’était vraiment trop pratique de pouvoir choisir n’importe quelle couleur, dimensionner la taille de son pinceau, régler la pression d’un clic… ça libère de beaucoup de contraintes. En peinture, il faut des connaissances sur le mélange des pigments pour obtenir la couleur que l’on veut, ce qui n’est pas nécessaire sur tablette, d’où cette totale liberté ! »
LA CULTURE POLYNÉSIENNE COMME SOURCE D’INSPIRATION
« Ce serait dommage que les talents polynésiens partent exercer hors du territoire, alors qu’on peut faire de grandes choses ici ».
Optimiste, talentueux et inspiré, Hoanui est un jeune artiste dont on entendra forcément parler, mais en attendant, une simple visite sur sa page facebook1 vous fera apercevoir l’étendue de son talent.
Laurent Lachiver
Rédacteur web
© Photos : Hoanui et Laurent Lachiver