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Art & Culture

Heremoana Buchin, sublimer la matière

Publié le 30 juillet 2024

Après une formation en joaillerie et une carrière dans le travail sur nacre, Heremoana Buchin explore de nouvelles voies artistiques et se lance dans la sculpture sur bois. Hommes de Polynésie a pu visiter son atelier et sa boutique à Pirae, et découvrir un artiste passionné et travailleur, qui célèbre la magie de la création.

Une famille d’artisans et un jeune homme curieux

Né à Tahiti dans une famille d’artisans, Heremoana Buchin a été immergé dès son enfance dans la culture locale.

«Je suis né sur la vague : on m’appelle Heremoana, ce n’est pas pour rien (rires).

J’ai grandi au bord de la mer.
J’ai fait mes premiers pas sur un
pē΄ue parce que ma mémé était dans la vannerie, elle tressait, faisait des chapeaux. C’était la doyenne de Bora Bora, elle avait sa place au fare artisanal. C’est une chance que j’ai eu de grandir dans la culture, l’artisanat, la musique, le dessin. »

C’est naturellement que le jeune homme se tourne vers la création et décide de se former à la bijouterie : 

«  J’ai choisi d’aller en bijouterie-joaillerie quand j’avais quinze ans : je voyais les catalogues, les magazines Vogue… Il y avait toujours des bijoux partout, ça me semblait logique.
J’ai fait trois ans de CAP Bijouterie-joaillerie à Tahiti, et je dis merci parce que c’est grâce à ça que je mène mon travail aujourd’hui. »

Après sa formation, il continue d’apprendre en observant d’autres artisans et cherche à créer réinventer à partir de matières premières locales. 

Des bijoux uniques en nacre

Pour la création de bijoux, Heremoana se consacre à la nacre. Sa matière brut vient des Tuamotu; il entend la sublimer.

« Dans ce métier, ce que j’aime, c’est toute l’histoire de la création. Au début, tu vois déjà ce que tu veux réaliser à partir des couleurs de la nacre. Ensuite, tu choisis : collier ou boucles d’oreilles ? C’est à voir, selon l’épaisseur.

Et puis, tu creuses, tu rajoutes des reliefs, des motifs. C’est là que le travail est intéressant et compliqué. Pour les motifs, je me connecte avec tous les éléments, la matière, les ancêtres. Je dessine des motifs de patutiki et j’en invente aussi.» 

L’artiste se refuse à la production en série et cherche un renouveau constant : chaque bijou est unique par sa forme, ses couleurs et ses motifs.
L’exigence de Heremoana pour la gravure sur nacre stimule sa créativité, mais il ressent également le besoin de s’exprimer différemment, à travers le bois.

Le bois pour renouveler son expression artistique

Attiré par le travail du bois depuis longtemps, Heremoana commence par des petites pièces, puis se forme afin de réaliser des sculptures plus imposantes, comme le tiki de sa boutique. 

«J’ai d’abord appris avec mes mains. C’est trop facile d’attaquer avec la machine directement. »

Après avoir partagé ses premières œuvres sur les réseaux sociaux, il est invité à exposer au musée de Tahiti et des iles- Te Fare Iamanaha. Il participe ainsi à l’exposition Horue et sculpte une vague dans du bois de litchi. 

« C’était intéressant et difficile de représenter l’eau et le mouvement avec le bois figé.
J’ai pris mon temps, je savais ce que je voulais représenter : les tupuna, parce que j’aurais bien aimé être à leur place, à l’époque où il n’y avait rien sur la Terre. J’ai imaginé le premier homme face à la masse d’eau, au bruit de la vague. »

La vague au musée

La création : un mélange de travail, de recherche et de passion

Heremoana nous partage sa vision de l’art :

« La base, c’est le dessin. C’est là que se passe la création. Ensuite on fait un pas en plus avec la technique : toucher, modeler, sculpter, graver. C’est vraiment à partir du dessin que tu travailles la matière première. »

Le but de l’art est d’apporter quelque chose de nouveau, d’aller plus loin ; la recherche est toujours nécessaire. Pour lui, la création allie travail et passion. Perfectionniste, il se lance à fond dans tout ce qu’il entreprend, et nous avons hâte de découvrir ses futures explorations autour du bois.

Marie Lecrosnier–Wittkowsky

Rédactrice

©Photos : Marie Lecrosnier–Wittkowsky pour Hommes de Polynésie et Heremoana Buchin

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