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Art & Culture

Erhard Lux : vie d’art et d’aventure

Publié le 24 novembre 2021

La vie d’Erhard Lux est un roman d’aventures, dont l’art est le fil conducteur. Qu’il voyage à pieds, en bus, en bateau, ou en roulotte tirée par des chevaux, son carnet de dessin ne le quitte jamais, ni son appareil photo, ni son chevalet. Pour commémorer son arrivée en Polynésie il y a 50 ans, il expose à la galerie Winkler du 25 novembre au 7 décembre 2021. Hommes de Polynésie part en voyage avec l’artiste autour de Moorea !

LE GOÛT DU VOYAGE

« J’ai vécu plusieurs vies, toutes différentes. »

L’histoire d’Erhard débute en Allemagne. Il ne s’y éternise pas car très jeune le voyage et l’art l’appellent. Pendant des années, il sillonne presque tous les continents, dépasse même le cercle arctique. Aujourd’hui le peintre a 74 ans et vit entre la Polynésie et les États-Unis. Ses tableaux sont comme lui, ils se vendent un peu partout.

« Je ne sais jamais d’avance où je vais. »

L’artiste croque et note tout ce qu’il vit et voit.

Un jour l’armée allemande le recherche pour qu’il effectue son service militaire. Or Erhard est artiste, pas soldat. Il fuit. Il pensait quitter l’Europe pour l’Afrique du Sud, mais se ravise au dernier moment : il prend le paquebot pour l’Amérique du sud.

« On ne m’a jamais trouvé, jamais rattrapé. »

Lors d’une autre vie encore, Erhard construit une roulotte, achète des chevaux, et tel un gitan, parcourt les routes du sud de la France, sans cesser de peindre.

« Je fais beaucoup de choses sur un coup de tête ! Longtemps j’ai été vagabond. Je dormais partout, sur des bateaux, chez des amis, dans des hôtels, dans la rue. Ma vie était à risque, j’aurai pu mourir de nombreuses fois ! »

Notamment quand sa roulotte et ses chevaux subissent un grave accident. Ou bien quand il se fait attaquer dans la rue, ou voler. Coffrer aussi. Considéré comme errant, à Rio de Janeiro ou à Paris, il est embarqué « comme du bétail », et jeté en prison.

Retournement de situation. À son arrivée à Moorea, Erhard achète un ancien véhicule anti-émeute1, car l’arrière est parfait pour y installer son atelier. A son passage, ceux dont la conscience est douteuse s’enfuient, alors que le conducteur est en paréo, pieds nus, chapeau de paille sur la tête…

L’AMOUR DE LA POLYNESIE

Marché de Papeete un dimanche matin, autour de 1972.

L’itinérance continue, mais à Moorea. L’artiste nous conduit dans une voiture louée en échange d’un tableau. Il nous désigne des lieux, qui il y a 50 ans, étaient vierges de toute construction. Là était érigé un cinéma, ici il a vécu, et à cet endroit, le soir la fête battait son plein. Une époque colorée où tous les peintres se connaissaient.

« La Polynésie d’avant et de maintenant, ce sont deux histoires différentes. »

Il nous désigne les plages sur lesquelles il peint, parfois même les pieds dans l’eau.

« Je suis dans le plus bel atelier du monde! »

Mais récemment, un jour de vent, son tableau s’échappe du chevalet… Pour atterrir sur ses cheveux. L’artiste en rigole, même si la couleur se révèle tenace !

Sur son passage, on reconnaît le peintre. Certains étaient enfants à son arrivée à Moorea il y a 50 ans, aujourd’hui ils sont parents ou grands-parents. Il a beau avoir bourlingué tout autour du monde, il avoue :

« Je me sens d’ici. La Polynésie, c’est comme chez moi.  »

ARTISTE ABSOLU

À Moorea, le peintre vit chez des amis. Aux États-Unis, il habite avec sa femme dans une maison remplie d’art. Le sien, et ceux des autres. Erhard peint, Erhard sculpte, Erhard dessine, Erhard photographie: l’art ne s’arrête jamais. Erhard voyage aussi, et compile des notes, des dessins, qui deviennent des cahiers, puis des paquets. Beaucoup se perdent, certains subsistent, et constituent de précieux témoignages qui ont traversé époques et lieux.

« Je n’ai aucune formation2. Mais je sais parler six langues. Et j’ai accompli mon rêve : vivre de mon art. »

Au bar du l'hôtel Royal Papeete il y a 30 ans.

En amont, c’est dans les bars du Fenua que beaucoup de tractations se déroulent. Et que se tisse le lien social et culturel selon le peintre. Ses toiles partent en galerie, chez des collectionneurs, dans des hôtels et commerces, à la mairie de Papeete, sur des timbres postaux, à bord de bateaux de croisière, notamment une gigantesque toile sur l’Aranui 5. 

« Je ne cherche pas un style, je laisse les choses être. Il n’y a pas de formule pour peindre, il faut faire, et encore faire.  »

Erhard nous raconte nombre d’anecdotes, ses aventures semblent illimitées ! Tout comme son inspiration créatrice.

« Quand je peins, je souhaite transmettre l’amour de la terre, de la vie, et montrer comme c’est beau ! »

1Des émeutes ont lieu à Tahiti suite à la reprise des essais nucléaires en 1995

2 Dans le domaine de l’art. Mais Erhard a suivi un apprentissage dans l’hôtellerie en Allemagne

Doris Ramseyer

Rédactrice

©Photos : Erhard Lux et Doris Ramseyer pour Hommes de Polynésie

Pour plus de renseignements

25 peintures à l’huile à découvrir à la galerie Winkler, rue Jeanne d’Arc à Papeete, du 25 novembre au 7 décembre 2021. Vernissage le jeudi 25 novembre 2021 de 18h à 20h.

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