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Steeve Tetuanui : l’amour, le partage et le respect du grand bleu

Publié le 20 janvier 2022

Bien connu de la haute sphère de la pêche sous-marine, Steeve Tetuanui collectionne les palmarès depuis un peu plus de 20 ans. Aujourd’hui, c’est en équipe qu’il chasse, et c’est à la jeunesse qu’il souhaite transmettre le flambeau. Hommes de Polynésie, découvre le Fare Rata de Paea grâce à son homme poisson et sa philosophie ancrée dans des valeurs profondément polynésiennes.

À deux pas de la mer

Originaire de Papara, la mer berce l’enfance du futur champion.

« On était tout le temps dans l’océan avec les copains. En fait, je n’en suis jamais sorti. »

Après ses études, Steeve trouve un emploi à la poste. Il débute à l’office de Pirae pendant 2 ans puis à Paea où il travaille à deux pas de l’océan.

« Je suis au guichet depuis que je suis rentré à la Poste, mais il m’arrive d’assurer les intérims quand mon chef d’agence est en congé. »

Une responsabilité qu’il endosse, grâce à sa force d’expérience dans le domaine. Et de l’expérience, Steeve en déborde quand il s’agit de sa passion : la chasse sous-marine.

Une vie aquatique

« J’ai commencé sérieusement la pêche sous-marine dans les années 2000. »

Ce qui lui plaît le plus dans la pratique, c’est la proximité avec la nature, le retour aux sources et l’aspect sélectif de ce type de pêche.

« Quand tu es dans l’eau, tu n’attends pas ton poisson, tu es vraiment un chasseur. »

Et pour cela, son terrain de prédilection reste son île.

« Ici, on a une large variété de poissons et on peut vraiment s’amuser, alors que généralement, en Europe il y a moins de poisson, il faut aller plus profond et il y a des saisons. »

La pêche sous-marine est très physique, car pour sa pratique, il faut compter 8 à 9 heures dans l’eau par jour. Et Steeve, pêche dès qu’il a du temps de libre.

« J’ai une femme et une fille qui me supportent.  Elles sont très compréhensives car la vie des sportifs de haut niveau n’est pas de tout repos pour la famille. Pour permettre les entraînements, il m’arrive de ne pas toujours être à la maison, le week-end comme la semaine. »

Mais au plus grand bonheur de sa famille, la chasse sous-marine, c’est en premier lieu, du poisson à manger. Et pour lui le plaisir est là.

« Au début je faisais plus de la pêche de compétition, maintenant, c’est le plaisir de ramener du poisson à la maison. »

Immersion dans la vie d’un champion

Les compétitions, Steeve en fait depuis plus de 20 ans. Son palmarès témoigne d’une persévérance hors pair et d’un bagage expérience tout-terrain.

« Je dois beaucoup à Tarahu Zéphyrin et à Alfeo PIhatarioe qui a été mon capitaine pendant plusieurs années puis à son fils Maheanuu pour mon apprentissage. Ils sont de grands pêcheurs. Mon meilleur classement reste 6e mondial en Grèce, il y a 5 ans de cela. »

Une prouesse digne d’un mercenaire polynésien en mission subaquatique. Pêcher à l’étranger, c’est évoluer sur un plan d’eau froid mais surtout inconnu.

« Pour moi la clef de ma réussite à l’international, c’est de bien prendre mon temps pour effectuer les repérages. Ce sont beaucoup de plongées d’explorations pour comprendre le plan d’eau et planifier ma chasse. »

Pour Steeve, la sécurité prime. En binôme, avec des apnées de 3-4 min pour 30 à 40 mètres de profondeur et des récupérations en surface de 15 à 20 min ; tout est calculé pour éviter les accidents, telle une marque de respect envers la mer.

« Les championnats ici sont plus axés sur la nage donc il faut être en forme, alors que pour les championnats du monde, tout se fait sur bateau et GPS, et là il faut pêcher profond. Au dernier championnat en Italie, les gars allaient jusqu’à 60m. »

Et au fenua, au sein du club Tehoro Iti présidé par Clément VERGNHES aidé de toute sa famille, Steeve est une référence dans le domaine. Il ajoute à son impressionnant palmarès le titre de champion de Polynésie individuel et en équipe, 5 fois.

« Et je ne ferais pas tout cela si je n’avais pas eu le soutien du Groupe OPT, mon sponsor. Mais aussi Naehu Construction, Sin Tung Hing Marine, Air Tahiti Nui et Aman Impression. »

Tout comme au guichet de Fare Rata, le rapport humain, c’est ce que Steeve apprécie en compétition.

« La compétition, c’est avant tout une même passion partagée et qui rassemble. Italiens, Grecs, Portugais et Tahitiens, on est tous copains. »

Avec une compétition en septembre dernier en Sardaigne, Steeve arrête l’international pour se consacrer à la transmission de son expérience.

« Grâce à Maheanuu Pihatarioe qui assurait la communication, le déplacement a bien été suivi. Depuis un bout de temps, le jeune Teiva Mou me suit. Même si j’arrête les compétitions individuelles, je continue en équipe pour l’assister tout en le coachant en individuel. »

Et ce qu’il veut laisser comme message à la jeunesse, c’est avant tout, une prise de conscience écologique.

« En 20 ans, j’ai vu les poissons se faire plus rares. Je pense qu’un Rahui est nécessaire, mais il faut maîtriser le concept. Peut-être installer des quotas, ou interdire la pêche de nuit commerciale. »

Taure’are’a1! À votre tour de plonger !

1 Jeune homme, jeune fille, pendant la période d’instabilité qui précède l’âge adulte.

Niuhiti Gerbier

Rédacteur

©Photos : Steeve Tetuanui et Niuhiti Gerbier pour Hommes de Polynésie

Pour plus de renseignements

Zuckoo

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