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Tamatoa Teriierooiterai, faire confiance au processus

Publié le 24 juillet 2024

Le nom de Tamatoa Teriierooiterai n’est pas encore connu, mais déjà il bouleverse les codes de la mode polynésienne. Hommes de Polynésie vous présente un jeune homme haut en couleur, qui ne craint pas de rêver en grand.

LA GENÈSE

Tamatoa est un fanau’a o te Faa’a1. Il a grandi dans la commune, dans une maison familiale. Après un bac STD2A au lycée Raapoto, il commence à travailler avec ses parents, en faisant des plateaux de sushis.

« Je ne m’en plains pas, car ça me permet de passer du temps avec eux et ça m’apprend plein de choses sur moi. »

Depuis tout jeune, il se sait différent des hommes de son entourage.

« Je suis un māhū2. Je suis un homme, avec un état d’esprit féminin. »

Son originalité ne vient pas seulement de la fluidité de son identité, mais surtout de ce feu qui brûle en lui : Tamatoa veut devenir créateur de mode.

« Cette passion de la mode est née dès mon plus jeune âge. Je l’ai nourrie toute mon enfance, en habillant mes cousines à l’aide de pāreu que je nouais pour créer des vêtements. »

Il apprend seul, en utilisant la machine à coudre de sa mère.

« Je m’amusais à faire des robes de poupées, des taies d’oreillers. »

DANS LES COULISSES

En 2015,pour Noël,  sa maman lui offre sa première machine à coudre.

« C’était la mienne, je pouvais faire ce que je voulais. Mais j’apprenais encore les bases. Je n’étais pas réellement patient, je voulais mettre ma créativité en pratique mais sans réellement savoir comment m’y prendre. Je décrochais rapidement. »

De fil en aiguille, il comprend la résilience que demande cette discipline, composant avec le minimum nécessaire.

« Quand j’ai commencé, je prenais ce que j’avais sous la main. Des tissus à ma maman, évidemment toujours les plus longs et les plus beaux (rires). Ainsi, j’ai agrandi mon panel de connaissances. »

Tamatoa affine sa technique, s’épanouit dans son savoir-faire. C’est alors que naissent ses premières pièces, qu’il arbore fièrement.

« J’aime beaucoup imaginer les vêtements que je voudrais porter mais qui ne sont pas disponibles en magasin. Coudre, c’est pouvoir jouer avec ta créativité et affirmer cette confiance en soi. Mon projet, c’est de décrire mon style de mode. J’ai envie d’apporter ma touche personnelle, celle que je ne peux trouver ailleurs que dans mon imagination. »

LE LEVER DE RIDEAU

Assimilant de plus en plus de connaissances, il commence à jouer avec différentes matières, à montrer son travail sur les réseaux sociaux. Le styliste en herbe se fait notamment remarquer en 2023, alors qu’il réalise la tenue végétale de la candidate Poeiti Yule-Poroi à l’élection Miss Tahiti.

« Participer à Miss Tahiti en tant que créateur, ça m’a offert la reconnaissance. »

Poeiti Yule-Poroi lors de la soirée d'élection Miss Tahiti 2023 en tenue végétale

L’année suivante, il est contacté par la candidate Lia Faatuarai. Cette fois, en plus d’une création végétale, il conçoit la tenue de gala. Ces deux expériences le forgent à la dure réalité du métier.

« Le projet, ce n’est pas seulement la lumière, la reconnaissance de ton art. C’est aussi la fatigue et le doute. »

Il se rend compte que le succès n’est pas un escalier que l’on monte marche par marche, mais sur lequel on trébuche pour atteindre le sommet.

« Même si on tombe, c’est toujours quelque chose de positif. Soit ça t’apprend une leçon, soit ça te permet de briller. »

Lia Faatuarai lors de l'élection 2024 de Miss Tahiti en tenue végétale

EN SCÈNE !

Tamatoa n’a que 23 et déjà une belle carrière l’attend. Malgré son jeune âge et ses grandes réalisations, il garde la tête sur les épaules.

« Aujourd’hui, j’apprends encore les choses que je faisais il y a 9 ans. La différence c’est que ce n’est plus un rêve, c’est une réalité. Je suis tellement reconnaissant d’être entouré de personnes qui croient moi, qui me poussent à me dépasser et de cette épaule qui m’accompagne et me soutient dans chacun de mes projets. »

Son talent cependant, il l’a érigé seul, l’a arrosé comme un jardin de tendresse où fleurissent les plus belles fleurs : celles qui ont la chance de vivre de ce qu’elles aiment.

« Tu définis toi-même ce que tu veux faire de ta vie d’adulte, c’est toi qui la sculptes. La vie est un processus d’apprentissage. Le petit Tamatoa, je lui dirais de continuer à briller, de faire confiance au processus. Je suis né pour ça. »

Si beaucoup d’enfants du fenua tentent de s’exporter, Tamatoa garde les yeux rivés sur sa culture, dans l’espoir de lui rendre ce qu’elle lui a apporté.

« La Polynésie est une source de créativité. Bien sûr que partir à l’étranger, c’est une manière de s’ouvrir et d’apprendre autrement. Mais nous devons commencer chez nous. Cette source, on doit s’en inspirer et la nourrir. Avant de vouloir partir, de vouloir se chercher ailleurs, il faut savoir se trouver chez-soi. Ce qui fait l’authenticité d’un créateur, c’est de savoir d’où il vient. »

  1. Enfant de Faa’a
  2. Dans les cultures hawaïenne et tahitienne, māhū désigne les personnes du troisième genre qui ont des rôles spirituels et sociaux au sein de la culture traditionnelle. Ce sont des personnes de sexe masculin à la naissance, avec une expression de genre féminine.

Cartouche

Rédactrice

©Photos : Cartouche pour Hommes de Polynésie, JM-Prod, Tamatoa Teriierooiterai

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