Totai Teiva, champion de Tikehau pour le Heiva Tu’aro Ma’ohi 2024
Pour la première fois cette année, Tikehau participe au Heiva Tu’aro Ma’ohi. Hommes de Polynésie a rencontré Teiva Totai, concourant pour Tikehau lors de l’épreuve de pita΄a ra΄a opa΄a, décorticage de cocos. Totai nous explique qu’il est fier de représenter son ile et ses coprahculteurs.
De coprahculteur à champion pour Tikehau
Totai Teiva est né et a passé toute sa vie à Tikehau. Comme beaucoup d’habitants des Tuamotu, il est issu d’une famille de coprahculteurs:
« Le coprah est la première ressource chez nous. On le travaille depuis tout petits. Moi aussi, j’ai grandi dedans. J’ai appris avec mon père qui était coprahculteur.»
Aujourd’hui âgé de 57 ans, Totai travaille à l’aérodrome de l’atoll, mais il a continué de faire le coprah sur l’exploitation familiale avec ses frères et sœurs.
Et, naturellement, quand s’est dessinée la perspective des Tu΄aro Ma΄ohi de 2024, Totai a participé aux sélections. Il souhaitait représenter Tikehau pour l’épreuve de coprah.
« On a fait des concours internes à Tikehau pour sélectionner les athlètes. Bien sûr, il y avait des plus jeunes, mais ils n’ont pas réussi à me battre. S’ils avaient réussi, ils seraient à ma place. »
Une première participation pour Tikehau
Grâce à l’association Tikehau Athletic’s, l’atoll a pu participer aux jeux pour la première fois cette année. En effet, c’est elle qui a organisé les sélections des athlètes, leurs entrainements, et leur déplacement sur Tahiti.
Totai Teiva concourt ainsi à l’épreuve de décorticage de coco avec deux coéquipiers, Raimana Tautehopu et Maera Teihotu. Nous le retrouvons le 11 juillet au parc Vaira’i pour assister au concours de pita΄a ra΄a opa΄a. L’épreuve consiste, pour la sélection Tane, à décortiquer 150 cocos le plus rapidement possible. Il s’agit d’une compétition intense qui allie force, vitesse et précision car les participants doivent suivre toutes les étapes de préparation du coprah : couper, décortiquer, retirer la noix, séparer la chair. Totai bénéficie de son expérience de coprahculteur.
« À la maison, je découpe, je décortique, je retire la noix. Pour l’épreuve, je décortique seulement mais c’est bien assez physique!
Dans le décorticage, il faut avoir l’œil pour bien mettre son décortiqueur. Si tu rates, par exemple, ça va sur ta main et tu te coupes. J’ai beaucoup de cicatrices sur les mains.
Tu coupes la moitié du coco et puis tu ramènes la main vers toi. Il faut réussir en deux fois pour être rapide.»
L’entrainement
Fiers de représenter Tikehau et ses coprahculteurs, Totai et ses coéquipiers ont su profiter des avantages de leur ile au cours de leurs entrainements.
« Pour préparer la compétition, on s’entraine depuis six semaines, trois fois par semaine. On s’est calés sur les chronos des anciens champions.
Il faut beaucoup de cocos pour s’entrainer, mais ça n’est pas un problème : c’est pas ce qu’il manque à Tikehau les cocos!
Quand on s’entraine on va chez des particuliers, on fait le coprah, on leur laisse les cocos pour que tout sèche. C’est l’avantage pour eux : on a tout fait, il ne reste qu’à sécher. Et puis on fait ça vite.
Totai, le colosse, nous raconte qu’il s’exerce même seul, chez lui, pour être plus performant pour le travail et pour les jeux !
Tuaro Ma’ohi 2025?
Si l’équipe de Tikehau n’a pas gagné cette année, les représentants de l’atoll sont bien décidés à recommencer l’année prochaine!
« On est très fiers de représenter Tikehau et puis beaucoup de gens de notre ile sont venus nous voir aujourd’hui. Ils savaient qu’on participait, ils sont venus nous encourager au parc Vaira’i.
L’année prochaine, on reviendra avec une sélection peut-être plus jeune.»
Pour Totai, il est logique que Tikehau participe aux épreuves de décorticage de cocos. Ce peuple de coprahculteurs doit être représenté dans sa discipline, notamment pour montrer la beauté de ce métier.
« Les jeunes d’aujourd’hui ne sont pas trop intéressés par la culture du coprah. Pourtant, c’est le seul travail qu’il y a chez nous. Ils essaient d’avoir du travail ailleurs, mais s’ils ne trouvent pas, ils sont bien obligés de retourner au coprah.
Mais le coprah, aux Tuamotu, c’est tellement joli! Tu cultives, tu travailles là, dans la nature. C’est ce qui me plait. C’est beau de représenter la coprah culture dans les jeux de Tahiti. C’est important. »
Rédactrice
©Photos : Marie Lecrosnier—Wittkowsky pour Hommes de Polynésie et Tikehau Athletic’s