
Warren Natua : des graines de projets à germer (1/2)
Sur l’atoll de Rangiroa, Warren Natua s’active pour mener à bien divers projets : régulation de la pêche, aquaponie, autosuffisance à l’échelle de son île. Son but ? Avoir un impact positif à Rangiroa en diversifiant les activités. Sa philosophie ? Il faut se lever, et planter. Hommes de Polynésie vous fait découvrir un sage paumotu qui nous apprend qu’il faut avoir plusieurs cordes à son arc pour se débrouiller aujourd’hui.
« J’ai grandi partout »
Homme des Tuamotu, Warren Natua a poussé entre les différents atolls.
« Je suis né à Tahiti, comme tous les enfants des îles, mais j’ai grandi à Mataiva avec mon grand-père. Mon papa est de Rangiroa et Mataiva ; toute la famille est entre Makatea, Tikehau, Mataiva… J’ai grandi partout. »
Et en 2000, Warren vient à Rangiroa pour le collège. Il quitte l’école à 16 ans et rapidement, il se met au travail. Il enchaine différents emplois : pêcheur, ferrailleur, boulanger, vendangeur… À l’âge de 18 ans, il part travailler aux Gambier, à Marutea sud, dans le domaine de la perle. La crise économique le pousse à aller chercher un emploi à Tahiti. Ainsi, durant 6 ans, il travaille dans la sécurité.
« En 2015, je suis rentré à Rangiroa, et j’ai commencé à planter. D’abord des pastèques. Puis, je me suis mis à l’apiculture, et à la pêche : j’ai obtenu une concession pour un parc à poissons. »
Ainsi, tous les métiers, tous les chemins de Warren l’ont ramené à Rangiroa où il trouve sa place et s’investit pour son île.

Retour vers soi : l’autosuffisance à Rangiroa
Revenu sur l’atoll, Warren retrouve les préoccupations insulaires.
« Depuis que je suis petit, avec mon grand-père on stockait, on mettait des provisions de côté ; on plantait des arbres fruitiers, au cas où il y aurait des problèmes d’ approvisionnement avec le bateau. Parce que sinon, quand le bateau ne passe pas, il n’y a plus rien. On a tellement l’habitude d’acheter au magasin, si ça ferme, on ne mange plus… »
L’épidémie de Covid 19 ayant exacerbé l’isolement des îles en compliquant le ravitaillement par bateau, Warren a retrouvé des velléités familiales de débrouillardise et d’autosuffisance.
« J’ai toujours eu un fa’a’apu. Il faut planter pour se nourrir. Donc là, le projet a muri : depuis deux ans je travaille à la mise en place d’une agriculture en aquaponie sur le motu familial au secteur. »
Dans ces atolls pelés, Warren Natua est bien décidé à faire pousser fruits et légumes pour nourrir les enfants :
« A l’école, on dit aux enfants qu’il faut manger 5 fruits et légumes par jour. Il y a des familles qui ne peuvent pas se permettre d’acheter les fruits du magasin. Les légumes ici sont importés, chers, et ils sont bourrés de pesticides. Ce que je veux, c’est les rendre accessibles à tout portefeuille. Faire bio, sans produits, ni pesticides. Je fais ça pour les enfants de notre île d’abord : donner un moyen à leurs parents de pouvoir acheter à moindre frais. »

Notre futur agriculteur qui rêve de faire pousser des fraises nous explique qu’il a tout appris de son père, et que lui-même transmet à son tour ses savoirs et ses préoccupations.
« Aujourd’hui le but c’est de donner des fruits, des légumes aux enfants de Rangiroa : pastèques, melons, papayes… Et mon fils de 7 ans, je l’ai déjà mis au fa’a’apu. C’est important de savoir se nourrir avec la terre. »
Rédactrice
©Photos : Marie Lecrosnier–Wittkowsky pour Hommes de Polynésie et Moanarani Camping.