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Société

Romain Pinel, cultiver le vivre ensemble

Publié le 7 juin 2022
Quelques pas dans le hall principal de l’Institut Supérieur de l’Enseignement Privé de Polynésie française, nous nous dirigeons vers l’un des amphis de l’ISEPP. Des étudiants sont rassemblés au tableau et présentent le résultat de l’audit sur l’accessibilité qu’ils ont mené sur le campus. Face à eux, attentif, Romain Pinel. Pendant quelques mois, le directeur de la Fédération Te Niu o Te Huma a sensibilisé ces étudiants en sciences de l’éducation au handicap. Le cours terminé, Hommes de Polynésie va à la rencontre de ce polynésien d’adoption qui cultive au quotidien le vivre ensemble.

Le sport pour tous

C’est sur la façade Atlantique que commence l’histoire de Romain. Ses parents sont tous les deux travailleurs sociaux et la culture de l’entraide fait partie de son héritage familial.

« La position dans laquelle je suis aujourd’hui, ce n’est pas un hasard. La culture de l’entraide, elle se transmet. J’ai été élevé dans une idée de bienveillance envers son prochain. »

Sportif chevronné, il se dirige vers une filière STAPS – sciences et techniques des activités physiques et sportives. Au cours de ses deux premières années à la fac, Romain partage une collocation avec une dame âgée atteinte d’Alzheimer et il l’aide dans les tâches du quotidien. Il développe son sens de l’empathie, et se spécialise en 3ème année en Activité Physique Adaptée.

Sports en fauteuil roulant, natation à un seul bras, équithérapie, Romain apprend en théorie et en pratique à accompagner des personnes vulnérables et handicapées.

« C’est intéressant de se mettre dans la peau de personnes handicapées pour essayer de comprendre les difficultés qu’elles peuvent rencontrer. »

Romain effectue avec l'aide de Christian, bénévole de l'association, un audit de l'accessibilité du Parc Aorai Tini Hau.

Comprendre et vivre avec son environnement

Sa licence obtenue, la découverte et l’ailleurs appellent Romain. D’abord le Brésil pour 1 an de césure, puis il s’envole pour le Mexique où en master, il commence à étudier la cohabitation entre les activités humaines et la nature.

« C’est une période de ma vie, où je me suis cherché, je me suis construit moi-même. Je suis parti loin de mon cadre familial. Je suis sorti de ma zone de confort et je suis allé vers l’autre. J’ai commencé à cultiver cette culture de l’autre. »

D’un océan à l’autre, Romain développe son goût pour la recherche et la sociologie. Il part pour l’île de La Réunion et entame une thèse consacrée aux interactions entre les Hommes et les requins. Après 2 années d’études sur le terrain, il donne une nouvelle dimension à son sujet et s’intéresse à la cohabitation de l’homme moderne avec son environnement marin. Déjà en contact avec des chercheurs du fenua, il pose ses valises en Polynésie. De ses expériences, il est riche de l’apprentissage de quatre langues, et de liens forts tissés. À son arrivée ici, il prend le temps de la rencontre et s’imprègne des us et coutumes locaux.

« Je ne suis pas un vrai voyageur, je suis quelqu’un qui réside. Les langues, ça a toujours été important pour moi. C’est montrer du respect envers la communauté et la culture vers laquelle tu souhaites aller. »

Créer du lien

En parallèle de ses recherches, Romain rejoint la Fédération Te Niu o Te Huma et en devient directeur. Il renoue avec ses premières expériences en accompagnant les personnes handicapées et leurs familles. La fédération œuvre dans les domaines de l’accessibilité, l’éducation, l’inclusion sociale et professionnelle, la règlementation, les transports et la santé.

« ‘Te Niu’, c’est le lien. Faire le lien, c’est ce qui manque souvent, c’est très important, il y a beaucoup de dispositifs existants et les gens ne sont pas toujours au courant. Nous, on fait le lien entre les personnes handicapées, les associations, les services et les entreprises. »

Romain et ses collègues de la fédération Te Niu o Te Huma à l'occasion de la Restitution des Journées Polynésiennes du Handicap à la Présidence.

La fédération propose des formations et aide les associations membres à se développer. Elle coordonne aussi des temps forts comme les Journées Polynésiennes du Handicap qui se sont tenues en avril 2022 et dont Romain se souvient avec le sourire.

« Tu vois des jeunes, des enfants parfois polyhandicapés, et là tu les vois sourire, danser. C’est tout le bonheur que tu peux ressentir et c’est pour ça que tu travailles. »

Le fait de travailler au contact de personnes en situation de handicap a conduit Romain à être plus attentif à ceux qui l’entourent.

« J’essaie de ne pas me mettre trop en avant. Mon objectif c’est que le développement se fasse par les personnes handicapées pour les personnes handicapées. Ces personnes sont tout à fait compétentes et ont tout pour participer à ce développement. Il faut juste les accompagner quand c’est nécessaire. Souvent j’apprends plus d’eux qu’eux n’apprennent de moi. »

L'enseignement, un apprentissage permanent

De son bureau à la fédération aux bancs de l’ISEPP, Romain a fait un pas. Il intervient notamment pour un module « Société, handicap et éducation ». Ce module est proposé aux élèves en 3ème année de licence en sciences de l’éducation. Cours en classe, rencontres dans les centres d’accueil, ateliers pratiques, pendant plusieurs mois les élèves ont pu se familiariser aux questions d’accessibilité et d’inclusion pour les personnes en situation de handicap.

« C’est que du bonheur de pouvoir sensibiliser les étudiants à ces questions et eux aussi étaient heureux d’avoir pu suivre ce cours-là, de se rendre compte qu’au sein d’une société, la différence c’est une force. Mettre en valeur les capacités, plus que les incapacités. »

Romain et ses élèves de troisième année en Sciences de l'éducation à l'ISEPP.

Le but pour Romain est aussi de les sensibiliser aux différentes formes de handicap, à la règlementation, aux enjeux et outils pédagogiques modernes pour qu’eux aussi en tant que futurs professionnels puissent transmettre et permettre aux personnes handicapées de suivre une scolarité normale. 

Quand nous le retrouvons dans sa classe, Romain endosse le rôle du professeur, mais lui aussi apprend tous les jours.

« On a beaucoup à apprendre des cultures qui ne sont pas les nôtres, et finalement mon parcours c’est ça aussi, apprendre des autres, apprendre de l’individu. »

Morgane Durrenbach

Rédactrice

©Photos : Morgane Durrenbach pour Hommes de Polynésie

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