Christopher : « Tahiti, je sais que ça veut avancer »
Commercial, coiffeur, maquilleur, acteur, mannequin, directeur artistique, danseur, couturier, styliste, présentateur… Christopher Prenat, est partout, et de préférence sur les devants de la scène où sa joie de vivre et sa convivialité irradient son entourage. Hommes de Polynésie est allé à la rencontre de celui qui nous confie : « Comme un chat, je fais ce que je veux. J’apprends en permanence. Je ne veux jamais perdre ça. »
Un parcours au gré des envies
Né à Tahiti, d’une maman marquisienne et d’un père français, Christopher Prenat fait le point sur son parcours, au seuil de ses 30 ans. Tout s’est enchaîné, naturellement, pour nourrir la soif d’apprendre de cet enfant du fenua.
Son enfance, il la passe au contact de ses grands-parents à Pirae, une famille d’artistes-sculpteurs. L’école ne l’intéresse pas alors il enchaîne les établissements de la place : La Mission, AMJ, La Mennais, Saint Joseph de Faaa, Mahina… À 17 ans, Christopher obtient un CAP activité Familiale Artisanale et Touristique puis décide de faire de la mode.
« J’ai intégré la section MMIC Métiers de la Mode et de l’industrie Connexe qui forme au métier de styliste modéliste artisan couturier, dessinateur technique et obtenu mon Bac Pro. Ensuite, j’ai voulu être Stewart, mais j’ai raté la pratique car je suis tombé amoureux à ce moment-là (sourire). »
Commercial, artisan bijoutier, coiffeur
Commercial et artisan bijoutier dans la bijouterie Tavita à 20 ans, Christopher se forme à la vente durant deux ans. Ce métier ne lui plaît pas plus que ça, il a besoin de s’amuser et de bouger. Il décide alors de suivre une formation de 9 mois au GREPFOC pour apprendre les bases de la coiffure.
« Je suis un mec chanceux de la vie. Je remercie vraiment l’équipe du salon Infini’tif, avec Clotilde, Coco, qui m’a donné ma place en tant qu’apprenti coiffeur. C’est un peu ce qui m’a fait connaître. Elle m’a offert des formations avec des ambassadeurs L’Oréal. J’ai beaucoup de reconnaissance envers elle. »
Christopher commence à coiffer des mannequins durant des défilés. Il fait énormément de rencontres et c’est là qu’il acquiert sa notoriété.
« Il n’y avait pas beaucoup de maquilleurs ou de coiffeurs free-lance à cette époque. J’aime beaucoup le côté show off. De fil en aiguille, je rencontre un photographe, puis un autre. Puis tous les photographes de la place. »
Au contact des photographes, et plus particulièrement de Cyril connu sous le nom Just C, Christopher apprend à lire une photo.
« Comment avoir le regard photo mode et surtout la lumière. Cyril est très exigeant, c’est un de mes photographes préférés à Tahiti. »
On fait appel à lui, il commence à travailler pour des magazines.
Comédien, maquilleur
À 26 ans, Christopher décide de partir en Thaïlande pour y habiter.
« J’ai été vivre à Pattaya. J’y suis resté 6 mois. C’est une expérience un peu traumatisante. »
Revenu en catastrophe, suite à l’hospitalisation de son père, Christopher est approché par Pacific Productions qui lui propose de jouer dans « les Vilaines », un court métrage diffusé par TNTV.
« Je me suis mis à fond dans les 63 tournages. »
Puis, Christopher commence à maquiller car pour lui, le maquillage et la coiffure sont complémentaires.
« J’ai commencé autodidacte, c’était affreux et j’étais sûr de moi. J’ai toujours été un YES MAN ! J’ai fait des shootings en tant que maquilleur, mais j’ai vite compris qu’il me fallait une formation. Il y a deux ans, je suis parti au Conservatoire de maquillage de Paris, j’ai tout appris. »
Neuf mois de formation durant lesquels il maquille pour la mode, le théâtre, le cinéma, la télévision… Il s’initie au body painting, au face painting et réalise des petits et des gros effets spéciaux du style avatar.
« Là, ma carrière a décollé à Paris, je travaille pour Kenzo à la Paris Fashion Week. Heidi Klum, elle passe devant moi, je perds connaissance. »
Il joue même le rôle d’un interne dans une série. Mais il perd son père à cette époque et la vie parisienne ne lui plaît pas.
« Le côté gris, stressé, défaitiste, c’était déprimant. Je n’avais qu’une seule hâte, c’était de rentrer sur Tahiti. Certaines valeurs sont importantes pour moi, la convivialité, le côté chaleureux, le côté humain. »
Directeur artistique, présentateur TV
De retour à Tahiti, tous ses projets se concrétisent. Christopher travaille pour des magazines et obtient la direction artistique de certaines campagnes. Aujourd’hui, il est collaborateur chez Blackstone Productions, mais pose aussi derrière l’objectif, puisqu’on le sollicite de plus en plus pour être mannequin.
« J’ai commencé par être présentateur pour « la nuit des publivores » avec Edouard Malakai. Des parodies, des chorégraphies dansées, show à l’américaine au grand théâtre de l’Otac, mon côté show off. Je sais animer, j’ai une certaine répartie. »
Costumier, danseur
« L’année dernière, Makau Foster me demande de faire les costumes végétaux des garçons. Je reprends alors ma casquette de styliste. »
Christopher danse le Hula de l’âge de 17 ans à 23 ans avec Theresa Kumu comme professeure. Il nous confie que récemment, on lui a même demandé d’enseigner la danse hawaïenne.
« S’il y a bien une chose qui m’énerve, c’est bien le manque de créativité. Des fois, je me demande pourquoi je fais tout ça, qu’est-ce que cela peut avoir comme impact pour la Polynésie. Mais je veux mettre à 300% mon patrimoine culturel dans quelque chose que je fais. »
La danse polynésienne a l’avantage de regrouper tout ce qui lui tient à cœur : la scène, la chorégraphie, le maquillage, la coiffure, le stylisme, la danse, la photographie, son peuple. C’est tout naturellement que Christopher évolue dans ce monde dans lequel il se sent bien.
« Avant, j’étais fâché avec des personnes, j’ai lâché prise. Je me suis rendu compte que je n’ai plus besoin d’arrogance pour travailler mais d’amour. Faites ce qui vous rend heureux avec le cœur. Même au moment où c’est difficile, il faut toujours chercher le détail, et surtout, croire en soi. »
Aujourd’hui, Christopher est dans le partage. Que ce soit animer une formation de maquillage « effets spéciaux » avec un monde de l’audiovisuel qui se développe, produire une série comique, lancer sa marque, faire de la haute couture polynésienne à la Tahiti Fashion Week 2018… Il a mille et un projets en tête, et décidément, pas fini de nous surprendre !
Tehina de la Motte
Rédactrice web
© Photos : Christopher Prenat, Moana Blackstone Photography (couverture), Tahiti Expert Events