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Guillaume Janoyer : de la modélisation 3D vers la préservation du patrimoine

Publié le 27 mai 2022

C’est en déchronologie vers la littérature grecque ancienne qu’Hommes de Polynésie part en expédition. Dans la cosmogonie originelle, là où les récits mythologiques expliquent la création du monde, c’est en remontant le temps et les âges que nous comprenons le présent. Nous entamons notre voyage dans une discussion aux côtés de Guillaume Janoyer, artiste 3D chez Parralax studio, vers une digitalisation de notre patrimoine en perdition.

NAISSANCE ET CRÉATION

La création du cosmos, Ta’aroa ou Chaos, quelle que soit sa dénomination, une entité mystique intervient dans nos cultures. Et tandis que l’humanité évolue et s’accroît, parmi toute cette animation de pensées, un cœur éclot sur la terre de nos ancêtres et s’épanouit dans une nature qui, de plus en plus, s’amoindrit chaque année passant.

« Après 3 ans d’études d’architecture à Montréal, je suis allé en France pour me reconvertir en artiste 3D. »

Sur ces nouvelles régions de création, Guillaume emmagasine et consolide.

« J’ai toujours été fasciné par les films et les jeux vidéos, comprendre la réalisation, les effets spéciaux et la 3D. »

En revenant sur sa terre de naissance, il rejoint son père dans cet univers tant admiré naguère.

« C’est lui qui m’a partagé ses premiers clients et depuis un an maintenant, on s’est spécialisé dans le scan d’objets avec un scanner 3D laser. »

« Ce que j’aime dans la 3D c’est que tu peux faire absolument tout ce que tu veux en mettant en scène des objets qui existent. »

Dans notre périple, nous nous éprenons d’une histoire, celle du rescapé tiki Haramu.

« Il date de l’époque où les premiers prêtres sont arrivés en Polynésie. Lorsque Pati’i, grand prêtre
de Papetoai, imposa la destruction des idoles à tous les habitants locaux en les brûlant
publiquement. »

Pièce ancestrale d’un passé délaissé au profit des paysages, le tiki perdure toutefois et narre le passé.

Modélisation 3D d’un tiki rescapé, recontextualisé sous l’eau¹

LA MODÉLISATION 3D

Printemps et hiver passent, la perte de la connaissance suit son chemin, derrière lequel les portes de Tartare se referment avec son savoir, verrouillé par des portes divines et qui, à tout jamais, pourront être perdues et ne pourront être retrouvées.

« Je pense que c’est un devoir de préservation qui doit être fait, un devoir de mémoire. »

Tel Mnémosyne, déesse de la Mémoire, Guillaume et son père s’équipent pour préserver ce savoir et cette culture.

« On a commencé à faire des démarches et à se renseigner pour pouvoir scanner de vieux objets, tiki, marae, pour préserver digitalement ce patrimoine. Et dans un second temps, nous aimerions le diffuser localement, mais aussi à l’international. »

Bénéficiant ainsi d’un support d’étude en collaboration avec les musées.

« L’aspect scientifique permettrait de recouper des informations entre Hawaii, la Nouvelle-Zélande et Tahiti sur des pétroglyphes². Fluidifiant ainsi le passage d’informations entre différents points géographiques dans le monde. »

Quant à la préservation, elle semble impérative.

« À Raivavae, des tikis en pierre sont en train de se détériorer avec la pluie. Notre mission est de les scanner pour ne pas perdre tous les détails comme les mains sur leur ventre. »

UNE PRÉSERVATION DU PATRIMOINE CULTUREL

C’est donc une élévation vers l’Olympe qui est soulevée. Vers un épanouissement et une sauvegarde, une demeure où pourrait résider notre héritage de l’ancien temps.

« Au Fare Hape, nous avons scanné la météorite de Pere. Sur celle-ci, il y a énormément de pétroglyphes dont on ne connaît pas les origines. »

modélisation 3D de la météorite de Pere

Donnant ainsi de la matière pour les scientifiques et l’éducation.

« En plus d’avoir des photos de sites inaccessibles au grand public dû à la géographie, ou que certaines œuvres appartiennent à des privés, la modélisation 3D permet de montrer au public ces reliques, de les manipuler, de les regarder et de se rapprocher. »

La crainte peut résider toutefois dans le cœur des hommes, mais une utilisation bienveillante et appliquée de ces nouvelles technologies ne pourra offrir que des bénéfices, nous confie-t-il.

« Le modèle physique t’appartiendra toujours. C’est une copie virtuelle de cet objet. On ne le touche pas, à aucun moment on ne le détériore et sa position géographique peut rester confidentielle. »

Comme toutes les technologies, c’est surtout l’utilisation que l’on en fait qui va fixer la limite, ajoute Guillaume.

Et dans une époque où l’aspect mythologique se perd dans les méandres d’une réalité digitalisée, des problématiques sont soulevées à ce sujet quant à cet aspect intangible et impalpable.

« Je pense que c’est un autre univers que le physique qui vaut le coup que l’on s’y intéresse un peu, parce qu’il donne d’autres possibilités. »

L’humain se vante d’explorer les astres ainsi que l’au-delà de la voûte céleste, dans le firmament de l’inaccessible. Néanmoins, Guillaume nous rappelle qu’encore beaucoup de choses sont à découvrir sur nos terres, encore dissimulées et inconnues.

 « Le patrimoine, la Polynésie, son histoire et ses vestiges méritent qu’on lui porte plus d’attention. »

¹ Ti’i en pierre de corail nommé Haramu datant du XVIIe siècle.
² Gravure sur pierre.

Manutea Rambaud

Rédactrice

©Photos : Manutea Rambaud pour Hommes de Polynésie

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