Ariitehau, bâtir des univers sur ses propres rêves
Souvent la magie opère dans les lieux les plus inattendus. C’est ce précepte qui amène Hommes de Polynésie à pousser la porte d’un bâtiment dont la façade ne laisse rien paraître de son activité. Nous grimpons quelques marches dans la pénombre et enfin, un microcosme coloré s’offre à nos yeux ébahis. Dans ce bureau partagé où s’écrit et se réalise la fiction ainsi que la mise en image d’une réalité commune, nous rencontrons Ariitehau, jeune vidéaste aux inspirations multiples.
UN RÊVE DE GOSSE
Ariitehau Charpentier naît à Montpellier mais très vite, son père décide de revenir vivre en Polynésie. Lui et sa famille s’installent au Fenua alors qu’il est âgé d’un an à peine. Comme beaucoup de jeunes de sa génération, Arii grandit en ayant accès à la télévision et plus particulièrement, aux dessins-animés que l’on dévore après l’école.
« Quand j’étais enfant j’adorais regarder des dessins-animés. Je devais avoir 10 ans, un truc comme ça, je regardais la télé je me suis dit « c’est ça que je veux faire » et je n’ai jamais quitté des yeux cet objectif. »
À 15 ans, il est déjà en stage dans une boîte de production locale, se créant un réseau de connaissances, absorbant tout ce qui pourrait lui être utile par la suite. Dès qu’il obtient son bac pro en communication multimédias à St Joseph, il décide de se lancer dans ce monde riche et complexe qu’est l’audiovisuel.
« J’ai ouvert ma patente dès que je suis devenu majeur. J’avais envie de me lancer, de devenir indépendant en faisant ce que j’aime. »
Le jeune homme obtient très vite sa première expérience professionnelle en tant que prestataire sur le tournage de la série Studio Live Session où il a la responsabilité du cadrage et du montage. Fort de ses acquis, il continue de se forger une place dans un domaine hautement convoité.
« L’audiovisuel, c’est un milieu où il y a déjà beaucoup de monde. Le challenge, c’est de proposer quelque chose que les gens apprécieront tout en restant authentique. La vraie difficulté, c’est d’imposer sa vision artistique, d’avoir une identité propre. »
ILLUSTRATIONS DE SONORITÉS
Chaque créatif puise son imagination dans un lieu qui lui est propre, que ce soit un contexte extérieur à soi où dans l’introspection.
« Beaucoup de choses m’inspirent. Quand j’étais petit, la première expression artistique que j’ai pratiqué c’était la danse. J’ai dansé avant de savoir marcher. Aujourd’hui, ma plus grosse source d’inspiration c’est la musique. Toutes les idées que j’ai en vidéo partent d’un son. »
Ariitehau a un cœur musical. Une sensibilité qui le pousse à édifier ses projets autour de sonorités qui lui parlent, lui chantent à l’oreille les images qui défient son regard et surtout, qui l’aident à se construire en tant qu’être capable de ressentir.
« Je suis très sensible à mon environnement, à mes propres émotions et à celles qui m’entourent. La musique me permet de gérer tout ça. Composer, jouer, je ne sais pas faire. Je voudrais mettre en avant l’univers d’artistes musicaux, le transmettre en images. »
L’HUMILITÉ COMME CHAMP DE BATAILLE
Si certains sont à même d’anticiper un secteur aussi prisé que l’audiovisuel comme une arène où tous les coups sont permis, Arii lui, brise les préjugés.
« Je n’ai jamais vu personne comme des concurrents, je me rapproche simplement des gens qui ont les mêmes buts que moi. On fait tous le même métier, on devrait s’entraider. J’aimerai travailler plus en équipe, c’est compliqué d’être seul sur un projet parfois. »
Loin des étiquettes farouches, il a, bien au contraire, une vision de solidarité dont seuls ceux qui connaissent leur valeur se servent d’étendard.
« Quand je rencontre des jeunes de mon âge ou plus jeune encore qui essaient de se lancer, j’ai envie de leur ouvrir les bras. Si ils ont besoin de conseils, je serais toujours là pour leur en donner. Eux-mêmes pourront m’apprendre quelque chose que je ne sais pas. Pour moi l’audiovisuel c’est une manière de penser et de créer. Ce qui est essentiel c’est le rythme. Peu importe le sujet, le rythme permet d’accentuer le fond de la vidéo, illustrer le propos, appuyer les émotions. »
L’AVENIR À PORTÉE DE MAIN
À seulement 23 ans, Ariitehau est déjà bien ancré dans ce corps de métier où il a su trouver sa place. Néanmoins le futur reste à conquérir et le garçon devenu homme n’est pas à cours de calculs.
« Dans mes projets, il y a celui d’écrire mon propre documentaire et surtout, de m’exporter. »
Quelques-uns concrétisent leurs idées avec un pinceau et une toile, certains avec des perles et un fil, d’autres encore avec une voix et un micro. C’est avec sa caméra et son ordinateur que cet artiste s’exprime. De l’écriture d’un projet à sa mise en place, de la réalisation à l’arrangement des plans, de tournage en tournage, il évolue et se construit, bâtisseur d’univers, créateur de rêves.
« Chaque projet est fun, malgré son lot de problème. C’est ce côté création qui est important pour moi. »
Ainsi, son parcours parfois semé d’embûches se construit, se consolide et s’établit. Ariitehau poursuit son ambition sans jamais regarder en arrière.