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Art & Culture

Tupuna Arts : l’art des ancêtres

Publié le 21 octobre 2021

Le tatouage fait partie intégrante de la vie de Kevin Ātea MCV. Ce qu’il voit et ressent, il s’en inspire, et devient dessin sur la peau de ceux qui la lui confient. Rencontre avec Hommes de Polynésie dans le studio de « Tupuna Arts ». L’art des ancêtres. Pour un tatouage à la fois culturel, spirituel et artistique.

un tatoueur à l'écoute

Depuis longtemps vous rêviez d’un tatouage. Aujourd’hui, vous le concrétisez auprès de Kevin. L’homme dégage une assurance tranquille ; vous sentez cet artiste heureux dans son art.

« Je n’imagine pas passer deux jours sans tatouer. Ça me manquerait. »

Vous souhaitez des motifs qui ont du sens. Kevin est à votre écoute. Vous ne pensiez pas parler ainsi de votre passé. Des émotions surgissent, des larmes perlent… Le tatouage ne remue pas que la peau, mais également en profondeur.

« Je tente de capter l’énergie des gens. »

DES TIKI PARTOUT

Kevin semble deviner votre besoin qui émerge : celui d’être protégé, de porter un talisman à même la peau. Vous observez le cou, les bras de l’artiste, sa jambe. Partout, les tiki sont présents. Leurs yeux, leurs bras, leurs mains. Pour Kevin, le tiki est le gardien du clan, le protecteur. Il sait que pour d’autres, la statue évoque la superstition et la peur. Il vous écoute dans vos acceptations et vos craintes.

un art créatif

Vous avez décidé de faire confiance à l’artiste. À présent, c’est lui qui œuvre, libre et créatif. Votre peau est devenue sa toile, son crayon en épouse les contours.

« Je suis les courbes du corps, pour le mettre en valeur. »

L’artiste dessine à main levée, en free hand, comme ses confrères polynésiens. Votre tatouage sera unique, original, éminemment personnel.

« L’inspiration, je la trouve partout : dans la nature, la mer, chez les gens. »

DES RACINES MARQUISIENNES

Kevin grandit dans une communauté marquisienne, entre Tahiti et Moorea.  Il se spécialise tout naturellement dans le patutiki1 et le black patutiki, où le noir alterne avec des motifs géométriques. Mais sa pratique reste diversifiée : il y a aussi les mandalas, symboles spirituels. Et le polymix, avec ses ombres et son flow2, où se mêlent les tatouages des différentes îles de Polynésie.

REVELATION A HAWAII

Quand Kevin quitte l’école à 15 ans, il n’a aucun diplôme en poche, ni d’avenir clairement tracé. Il balaie l’inquiétude des autres, suit son instinct, exerce divers métiers. Or il veut tatouer, mais ne sait pas dessiner. Il va bientôt apprendre avec un ami, Tuatini Tamata, puis en autodidacte. Mais il se rend d’abord à Hawaii.

« À Hawaii j’ai eu un appel, une révélation. C’est le tatouage qui m’a appelé. »

Là-bas, Kevin rêve qu’il ferait du tatouage sa profession, et qu’il travaillerait dans un shop3. Trois ans plus tard, presque sans s’en rendre compte, c’est exactement ce qui arrive.

« Quand on veut, on peut. La seule limite, c’est toi qui te l’impose. Tout s’apprend. »

CHEZ MANA’O TATTOO

Lors d’une convention, alors qu’il arbore la trentaine, Kevin rencontre Manu Farrarons de Mana’o Tattoo. Cet ancien instituteur à la pédagogie brillante lui enseigne les bases de la profession, elles le mèneront vers l’autonomie. Kevin se perfectionne dans son art, apprend la patience, participe à des festivals, rencontre d’autres tatoueurs, baigne dans une énergie stimulante pour aller de l’avant.

« J’ai rencontré les bonnes personnes, c’est l’univers qui m’a ouvert le chemin. »

Le shop devient comme une famille pour l’artiste. Le départ, après huit ans, est difficile. Mais pour Kevin, c’est le moment de se tourner vers des projets plus personnels. Car le premier confinement a été l’occasion de prendre du recul sur son parcours.

« Je voulais partager autre chose avec les personnes que je tatoue. »

C’est ainsi qu’avec sa femme Hawaiki, il ouvre un studio privé. À la différence d’un shop, il peut mieux se concentrer sur son client. Et s’investir dans sa famille : avec Hawaiki, ils optent pour  l’école à la maison. Leurs trois enfants sont libres et heureux.

UNE ŒUVRE VIVANTE ET ITINERANTE

Le dermographe4 encre votre derme : travail de patience, la vôtre comme la sienne.

« Quand je tatoue, c’est comme une méditation. »

L’œuvre sur votre peau est achevée. Kevin savoure cet instant. Découvrir le résultat matérialisé sur la personne. Sentir son bonheur. Quelle plénitude.

« Le tatouage c’est ma passion. C’est ma vie, jamais je n’imagine arrêter. »

1 Tatouage de style marquisien

2 Style de tatouage dynamique, plus en mouvement

3 Boutique de tatouage où un ou plusieurs tatoueurs travaillent

4 Machine à tatouer

Doris RAMSEYER

Rédactrice

©Photos : Doris RAMSEYER pour Hommes de Polynésie

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