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Rataro, la plume des îles Marquises

Publié le 28 janvier 2022

Ici, les vallées et les montagnes dominent, les rivières embrassent la mer alors que les légendes et les humains côtoient le vif écho de la vie sur la terre des hommes. Aux Marquises, Rataro trouve sa voix et son inspiration. Telle une divine émanation issue d’un sauvage mélange entre terres, mers, hommes et ciel, il comble le vide longtemps laissé pour compte. Depuis plus de 30 ans, Rataro chante les Marquises.

« Parce que derrière cette volonté d’artiste… Il y a un message fort. »

Bercé dans les vallées

À Ua Pou, Rataro grandit dans une famille de 15 enfants.

« Je suis né en 1963 à Hakahau1 sur l’île de ‘Ua Pou mais j’ai grandi à Hakamaii2, là où mes parents vivaient du coprah, de l’artisanat et de la pêche. »

Bien que bercé par de beaux souvenirs d’enfance, dans sa famille, l’argent ne coule pas à flots. Mais pour Rataro, la vie simple de l’époque est avant tout magnifique.

« C’est profond comme élément de base dans notre vie familiale. Il n’y avait pas de magasin à l’époque, mais il y avait une petite école qui accueillait 10 enfants. Cela nous suffisait. »

Hakamaii fait partie des 6 vallées de Ua Pou. Niché dans le calme et dans la plénitude de sa vallée, avec son grand-père maternel, chef de prière à l’église, le jeune Rataro s’initie au chant.

« Mais l’église, ce n’était pas ça ma destinée, c’était plutôt la musique. Je ne savais pas qu’un jour j’allais être sur le chemin sur lequel je suis aujourd’hui. Cela dit, je sentais déjà la musique en moi. »

Sa veine musicale

Comme beaucoup de ses confrères marquisiens, Rataro décolle de son île pour les études qu’il effectuera à Tahiti. Il est encore loin de penser qu’il rencontrera et composera pour l’artiste qu’il écoute sur ses petites cassettes.

« Je suis venu pour mon brevet à Tahiti, et c’est ici que j’ai rencontré Gabilou sur mon chemin d’école. Cette rencontre a été un déclic, comme un don soudainement réveillé. »

Quelques mois plus tard, Rataro s’essaye à l’écriture alors qu’il « bidouille » un texte pour son idole.

« Je faisais l’école buissonnière pour aller le voir au studio à Motu Uta. L’une des premières que j’ai composées ‘’Hua anana’’, soit ‘’Peuple Marquisien’’, était un peu un brouillon. Mais je voulais absolument que Gabilou chante en marquisien. En y repensant, je ne trouve pas cette chanson très belle (rires). »

La veine musicale emplie d’ambition avec Gabilou comme guide, Rataro se forme.

« Gabilou m’a inscrit au conservatoire avec Jean Cavalot comme professeur de chant et d’écriture. La technique de composition, je l’ai acquise là. »

Les rencontres se succèdent. Tout comme dans la vallée qui l’a vue grandir, à Tahiti, le nom de Rataro fait des échos.

« J’ai rencontré Eric Laroche d’Océane Productions. Le monde de la musique s’ouvrait à moi. J’ai commencé à vraiment écrire, je me suis élevé. »

Bien entouré, Rataro inscrit les Marquises au patrimoine musical Polynésien. Grâce à son intarissable inspiration, il se révèle être la plume musicale de son archipel. Après plusieurs années d’expérience, il écrit encore et toujours pour Gabilou.

« Il était un bon chanteur pour faire connaître les Marquises. À l’époque, la langue chantée était majoritairement le tahitien. Le marquisien était déjà interdit dans les églises et dans les écoles. C’est la chanson qui a inspiré ce réveil culturel. »

Aujourd’hui, à l’issue de maintes collaborations, de scènes et de chansons, c’est à son tour de guider les jeunes artistes. Pour cela, il adresse un message qui souligne l’importance des vibrations d’un lieu dans le processus créatif.

« Il ne faut pas oublier que quand tu es à un endroit, ce sont les vibrations de l’endroit qui vont t’aider à écrire des chansons, c’est plus profond qu’un stylo et un cahier. »

Avec ses enfants initiés à la musique, notamment Kauana, qui suit son père en proposant un univers fortement ancré dans la culture marquisienne, Rataro assure sa succession.

« Sur mon chemin, j’ai rencontré beaucoup de musiciens talentueux, ils ont mis en lumière l’artiste que je suis. À l’époque, je suis tombé dans une grande marmite pleine de fleurs. »

Sa plus grande volonté étant de laisser un bon patrimoine aux générations futures, il nous présente sa vision de la richesse polynésienne.

« L’homme polynésien, selon moi, c’est un homme simple. C’est-à-dire qu’il s’enrichit de ce qu’il a lui dans son cœur. Pour moi, c’est la musique. Il peut vivre déconnecté du système de consommation à tout bout de champ. Un Polynésien, c’est quelqu’un qui vit de sa terre, la Terre, c’est ta mère, ton “pu fenua”, c’est ton placenta. »

1 Village chef-lieu de la commune de Hakahau, principale commune de Ua Pou

2 Petit village situé sur le flanc sud-ouest de Ua Pou

Niuhiti Gerbier

Rédacteur

©Photos : Tevai Maiau pour Hommes de Polynésie

Pour plus de renseignements

Musiques

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