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Société

Didier fait danser le lion par amour pour le kung-fu

Publié le 27 janvier 2022

Le son grave des tambours et le tintement des cymbales deviennent de plus en plus présents au fur et à mesure qu’Hommes de Polynésie s’approche de Didier Tchung. Les couleurs vives des costumes nous mettent encore plus dans l’ambiance. À l’occasion du Nouvel An chinois, Didier nous ouvre les portes de son univers teinté de kung-fu et de danse du lion. 

 

La révélation

Didier Tchung est né à Raiatea, ses parents y tiennent un commerce et il les aide dès qu’il a un moment de libre. Il révise même son bac au magasin.  

«  À 17 ans, je quitte la Polynésie pour suivre des études d’ingénierie en génie électrique à Toulouse. Je profite de cette nouvelle vie d’étudiant pour débuter les arts martiaux. »

Il commence par le karaté qu’il pratique tous les jours. Dès qu’il a un week-end de libre, il développe sa technique grâce à des stages.  

« Tu te lèves le matin, tu t’échauffes et tu pratiques toute la journée. Une vraie révélation pour moi ! »

Didier a beaucoup d’affinités avec son maître de karaté. Il suit ses enseignements durant 5 ans, jusqu’à atteindre la ceinture noire. 

«  J’ai beaucoup appris sur le contrôle et la connaissance de soi, tu changes ta manière d’interagir avec les gens. J’étais très timide à l’époque et ça m’a donné confiance en moi. Ça apprend aussi le respect envers ses camarades et adversaires, l’échange avec l’autre est très important. »

Découverte du wing chun

À fond pendant 2 ans, Didier s’intéresse en parallèle à d’autres arts martiaux. Et c’est tout naturellement qu’il se dirige vers un art martial chinois. 

« Je me suis dit qu’en tant que Chinois ça serait bien d’apprendre un art martial qui me représente davantage. À l’époque il y’avait aussi le fameux film « Ip Man » et le style qui y est représenté est le wing chun. Ça a poussé pas mal de monde à découvrir cette discipline !  C’était beaucoup moins connu que le karaté ou le taekwondo par exemple. »

La vision est différente et la technique aussi. Dans le wing chun, il y a beaucoup de corps à corps et de connexion à l’autre.  

«  Tu dois sentir et anticiper ce que va faire l’autre, sentir l’énergie qui se dégage de cet échange, c’est très subtil. Des fois, les gens s’affrontent les yeux bandés dans les films, c’est un peu ça l’idée.  »

À 24 ans et diplômes en poche, il commence à travailler dans une entreprise du secteur de l’aérospatial à Toulouse. Il s’occupe du développement de la téléphonie mobile pour les militaires puis poursuit son expérience professionnelle dans une institution publique.

«  Je voulais rentrer en Polynésie, j’ai prospecté, mais ça ne s’est pas passé comme prévu, je n’ai pas réussi à y trouver du travail. »

Didier revient donc en France, en Bretagne, où sur la terre des Celtes, son fils naît en 2016. La mère de son fils est mutée en Guadeloupe, ils y restent finalement 2 ans. 

« La première chose qui est choquante en tant que Polynésien, c’est le fait que ça ressemble beaucoup à chez toi, le cadre, le climat, les couleurs… Mais quand tu regardes à l’horizon, c’est assez perturbant de ne pas voir ni de lagon ni de récif, juste l’océan à perte de vue. C’est bizarre de vivre dans un endroit qui ressemble à chez toi mais qui n’est pas chez toi. »

Retour aux sources

« Je rentre en Polynésie en 2018, je voulais que mon fils grandisse dans un cadre familier et surtout entouré de nos proches. J’ai aimé ma liberté durant ces 10 années en France, mais le fait d’avoir un enfant ça change ton état d’esprit et tu revois tes priorités. »

Il savait qu’en matière de travail ça serait plus facile de trouver sur Tahiti. Aujourd’hui ingénieur chez un opérateur téléphonique, il est chargé de fournir les outils permettant le bon fonctionnement du réseau.  

Dès son retour, il cherche un club de wing chun et rencontre un professeur avec une mentalité différente de ce qu’il connaissait et ne retrouve pas tout de suite ce qu’il avait à Toulouse.  

«  Tous mes anciens maîtres me disaient que la ceinture c’est juste pour faire tenir le vêtement. Alors qu’ici tu as des grades pour apprendre telle technique, c’est très codifié et occidentalisé finalement. »

Pour continuer à s’épanouir dans l’art martial, Didier rajoute une autre corde à son arc.

La danse du lion

« La danse du lion m’a intrigué et au bout d’une seule séance je savais que je voulais faire ça. Je trouve ça très beau, les pas se basent sur la technique des arts martiaux. Moins technique et plus artistique, je me suis entraîné quelques mois et j’ai pu participer aux festivités du Nouvel An chinois en 2019. »

Le lion apporte la prospérité, le bonheur, la richesse, aux commerces et aux familles. Il chasse les mauvais esprits et nettoie les lieux et énergies pour accueillir la nouvelle année. 

Toute l’année son entraînement est orienté kung-fu et technique, à l’approche du Nouvel An, cela s’intensifie afin de reprendre les chorégraphies et les figures.  

Avant d’être inaugurés, les costumes qui proviennent de Chine sont bénis au temple Kanti durant la cérémonie du réveil des lions. 

« On est de moins en moins nombreux, les membres se renouvellent peu et certains ont perdu la motivation. Ici à Tahiti, c’est dommage que les clubs soient chacun dans leur coin. »

Pour assurer le spectacle, il faut deux danseurs pour un lion, quelqu’un au tambour, deux personnes aux cymbales et une personne qui gère les pétards. 

« Avec d’anciens membres d’autres clubs, on a créé l’association Wen Wu Tahiti, un club de kung-fu et de tai-chi. On a également collaboré avec Wing Tsun Tahiti et Shaolin Tahiti pour proposer un premier stage, afin que chacun puisse apporter sa connaissance et mettre en commun sa pratique des arts martiaux. »

«  Il y a un art martial pour chaque type de personne. Le meilleur moyen, c’est d’essayer, l’important c’est d’être bien dans ce que tu fais et de trouver le professeur qui te correspond. »

Angélique Brugidou

Rédactrice

©Photos : Didier Tchung et Iotefa Teiti pour Hommes de Polynésie

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