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Art & Culture

Areatua Parau, célébrer la culture à travers la composition musicale

Publié le 11 octobre 2024

Dans la douceur d’un après-midi, bercé par la fraicheur de l’hiver austral touchant bientôt à sa fin, Hommes de Polynésie part à la rencontre de Areatua Parau, un tāne fier de sa culture et compositeur pour de nombreux spectacles présentés à l’occasion du Heiva i Tahiti et du Hura Tapairu.           

PRÉDESTINÉ À LA MUSIQUE

Enfant de Tahiti, Areatua est atteint du RAA1. Diagnostiqué à l’adolescence, il se voit écarté des activités qu’exercent les jeunes de son âge.

« J’étais un enfant très actif confiné dans sa chambre. Mon père m’a offert un synthé, je crois que c’est là que tout a commencé. »

Il se plonge alors dans un univers musical bien à lui, influencé par les chants qu’il entend à l’église. Son père est pasteur protestant.

« Ça a eu beaucoup d’impact sur mes professions artistiques.  »

Les années passent et Areatua se découvre une passion pour le ‘ori tahiti. Il fait ses débuts en tant que danseur puis devient musicien de la troupe Manahau2 de Jean-Marie Biret, le compositeur et fondateur du groupe.

« Sans le savoir, Jean-Marie Biret m’a initié à la composition.  »

Plus tard, il intègre la troupe Teva I Tai3 en tant que régisseur et se retrouve propulsé dans les coulisses de la création d’un spectacle pour le Heiva.

« Il leur manquait une chanson pour le Heiva de 2015 et on m’a proposé de la faire. À partir de 2017, j’ai composé toutes les chansons de Teva I Tai. »

Finalement, ce parcours n’est pas dû au hasard. Car si Areatua est d’abord passé par les planches, c’est la composition qui était faite pour lui.

« C’est vraiment la musique qui me plait dans ce milieu. »

Danseur, musicien, c'est aussi dans la composition que notre artiste se plait à évoluer.

DE L’ESPOIR POUR LES FUTURES GÉNÉRATIONS

Bien que Areatua Parau consacre une grande partie de son temps à composer pour le heiva i Tahiti et le hura tapairu, ce n’est pas la seule flèche qui se trouve dans son carcan. En effet, il est avant tout agent d’éducation auprès d’élèves porteurs de handicap dans une classe ULIS4.

« Mon métier consiste à favoriser l’autonomie des élèves en situation de handicap. »

Investi auprès de ce public, le compositeur est plus largement proche de la jeunesse polynésienne.

« On peut être fier de toute cette jeunesse qui s’intéresse à la culture. »

Devant  certains des talents déployés, il ne cache pas son admiration pour cette génération qui se réapproprie les codes des savoir-faire ancestraux et contemporains.

« Les jeunes d’aujourd’hui sont tellement créatifs. »

LA CÉLÉBRATION DE LA CULTURE

Chaque année, en Polynésie, on célèbre le Heiva, un festival de danse et de chant où les troupes des différentes communes se prêtent à un concours récompensant les plus méritants, selon un barème très précis.

« Le Heiva, c’est une grande fête à ne pas manquer.  »

Le groupe Heitoa en final du Heiva

Cette année le jeune musicien s’est illustré avec la troupe Heitoa, vainqueur dans la catégorie hura ava tau et qui remporte aussi le prix du meilleur aparima. Areatua compose la musique sur laquelle les danseurs s’expriment et que les musiciens et chanteurs interprètent.

« Lorsque je compose je m’efforce d’être fidèle au texte. Parfois, je discute avec l’auteur pour savoir quelle mélodie porterait le mieux les émotions.  »

Cet évènement se popularise et s’exporte à travers le monde. Un facteur que notre féru de mélodies sait prendre en compte.

« Il ne faut pas oublier que nous sommes regardés. Alors, si on veut que le ‘ori tahiti soit vu sous sa forme véridique, il faut trouver un juste milieu entre la création moderne et la tradition. C’est important de bien mettre en avant la langue.  »

Le fait que le heiva soit de plus en plus connu sur la surface du globe amène inévitablement des échanges culturels, d’un côté comme de l’autre.

« On est forcément influencé par l’extérieur, il ne faut pas se le cacher. J’espère simplement qu’on demande conseil aux personnes ressources, nos anciens, pour ne pas se perdre.  »

Toujours à l’affut de nouvelles idées afin d’offrir au public le plus beau des shows, Areatua ne perd pas de temps sur la création de ses œuvres.

« Avec Teva I Ta,  on est déjà en train de préparer le prochain.  »

Si les performeurs sont acclamés pour leur présence scénique, les compositeurs eux, sont des démiurges de l’ombre. Ils observent le spectacle des tribunes, avec la certitude d’avoir accompli leur mission.

« Au heiva, tu poses une ambiance à chaque tableau. Pour moi, ce n’est pas un souci d’être dans l’ombre. Le heiva n’est pas un concert, c’est un spectacle de danse. En tant que compositeur, on est là pour servir le spectacle.  »

1 : Le rhumatisme articulaire aigu (RAA) est une maladie inflammatoire multisystémique.

2 : Manahau est une troupe de danse dirigée par Jean-Marie Biret, créée en 2002.

3 : Troupe de danse créée en 2002, aujourd’hui présidée par Metua Pierrot.

4 : Unité Localisée pour l’Inclusion Scolaire. Les Ulis constituent un dispositif qui offre aux élèves en bénéficiant une organisation pédagogique adaptée à leurs besoins ainsi que des enseignements adaptés dans le cadre de regroupement et permet la mise en œuvre de leurs projets personnalisés de scolarisation.

Cartouche

Rédactrice

©Photos : Cartouche pour Hommes de Polynésie et Randy Yansaud pour les clichés du groupe Heitoa

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