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Art & Culture

Aremistic, le reggae au son du vivo

Publié le 13 avril 2022

Sur la plage d’Aorai Tini Hau, les vagues s’écoulent en un flot distinct. Le sable s’immisçant dans les interstices de nos vêtements, Hommes de Polynésie écoute Aremistic, auteur-compositeur de notre île. Une éclaircie s’infiltre entre les branches verdoyantes des autera’a1 et nous voyageons au sein de résonances reggae.

 

AU SON DES TO’ERE

À l’heure du lever de la nuit, s’élève au cœur des vallées un appel au son des sinueuses racines des majestueux mape2 résonnant jusqu’au littoral, annonçant l’éveil d’une nouvelle ère.

Sur le vinyle de la table basse retentissent des sonorités grésillantes des années 70, berçant Aremiti dans l’univers international, loin des percussions gutturales de Polynésie.

« J’ai grandi dans une famille qui jouait de la musique. Et avec passion je me suis lancé, notamment en jouant de la guitare durant les bringues. »

Dans un cycle où la langue tahitienne est destituée de ses locuteurs, c’est une enfance qui fleurit hors de sa culture linguistique.

« Après avoir intégré la Maison de la Culture, j’ai connu le Heiva, les compositions en tahitien, j’ai commencé à comprendre et à apprendre. Je me suis rendu compte que j’ai raté énormément. »

Désormais ingénieur du son dans l’événementiel, c’est un rattachement à soi. Un déclic où déjà l’écriture se profilait dans le foyer créatif.

« Un des meilleurs amis de mon père voulait me faire vivre l’expérience d’enregistrer quelque chose de pro avec Jean-Luc Casula. De là, j’ai eu envie de connaître la technique plus précisément. »

L’ABANDON DE LA RECONNAISSANCE

Dans un macrocosme plurilinguistique et pluriculturel, une lumière s’échappe d’une porte entre-ouverte, celle de l’abondance.

« J’ai grandi avec l’anglais, mais je voulais toucher avec le tahitien. Intégrer les chants en tahitien donne plus de sens à mes morceaux. D’autant plus lorsque j’y assimile les instruments traditionnels. »

Les coups des to’ere colorés par les consonances d’un souffle du vivo se mêlent ainsi aux mélopées d’Aremistic.

« Je compose des chants dans la langue courante, aidé de mon collègue Yann Pihaatae. »

« Ça me permet de réapprendre et de me reconnecter à ma culture tahitienne dans laquelle je n’ai pas grandi et qui a été délaissée. »

C’est un retour vers une identité, un enrichissement sous l’emprise d’un mana impalpable, mais présent.

 « C’est essentiel pour un artiste local de connaître et de comprendre sa langue. De comprendre ce que les autres groupes du Heiva font et ce qu’ils essayent d’exprimer. »

Pourtant, derrière cette tradition amoureusement préservée, l’inéluctable modernité ouvre un chemin vers une expiration nouvelle.

« Il faut comprendre comment la culture évolue avec notre temps et ce que ça implique aussi avec la modernisation. On ne la perd pas totalement, car il y a des acteurs qui essayent de la préserver le plus possible. »

VERS UN « HOMME » MEILLEUR

Le ciel s’embaume d’un rose, créant un climat de douceur et d’avenir. Sur les traces de ses souvenirs, Aremistic nous confesse une composition.

« Souvent, j’entends une mélodie dans ma tête. Pour le morceau « Better man », la mélodie et le rythme sont arrivés lorsque je pédalais en vélo. »

Cette résonance, aussi brute soit-elle, est une branche parmi les maints procédés du thorax boisé de sa création.

« Si je rencontre une thématique à ce moment, je vais écrire en fonction de cette mélodie. »

N’en déplaise à certains, une destruction est parfois nécessaire, pour une renaissance dans la construction d’un renouveau.

« La nature c’est aussi la construction de villes car c’est la nature actuelle de ce que l’humain a fait. »

 

« Je ne critique pas forcément comment c’est fait, mais j’apporte un questionnement. Comment l’homme interagit avec la nature de manière générale. »

Aremiti évolue et grandit autour de personnes qui participent à son travail, reconnaissant, et épanouit.

« Ce que je vais laisser, c’est le mélange des 2 langues. Ça se rapproche du fait que tous les hommes de la terre sont un peuple, avec différents langages. Il faut être fier de sa culture, fier de sa langue, mais il ne faut pas oublier qu’au final, on est tous les mêmes. »

Dans un dernier regard, dans un ultime rayon du crépuscule, sur une note de l’horizon :

« Écrire sur un thème dans différentes langues, ça fédère une musique. Car au final, on a tous les mêmes problématiques dans ce monde. »

1 Arbre de bord de mer aux amandes comestibles, aussi appelé Badamier

2 Châtaignier tahitien

Manutea Rambaud

Rédactrice

©Photos : Manutea Rambaud pour Hommes de Polynésie

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