Philippe, la vie après une école supérieure de commerce
La classe préparatoire HEC fraye un chemin aux concours des grandes écoles de commerces. C’est une opportunité pour nos étudiants, mais que devient-on après ? Hommes de Polynésie est allé à la rencontre de Philippe, un ex apprenant de cette filière , qui s’est porté volontaire pour raconter son parcours.
LA VOIE VERS PREPA HEC
Né à Tahiti, Philippe est issu d’un métissage franco-asiatique. D’un côté, son père est Français originaire de Paris, et de l’autre, sa mère Hakka, originaire de Tahiti. Il fait sa scolarité à l’école Toata, au collège de Tipaerui puis au lycée Paul Gauguin, où il décroche un BAC ES. Sélectionné sur dossier, il entre en prépa HEC dans ce même lycée.
« Il faut digérer beaucoup de mathématiques, de culture générale, d’analyse économique et historique. C’est vraiment dans la continuité du lycée. »
Il passe les concours des banques d’épreuves communes ECRICOME et ESC. Ses efforts lui permettent d’être sélectionné aux épreuves orales des 40 premières écoles de commerce de France.
DES EXPERIENCES MULTIPLES EN FRANCE
Philippe entre à l’école supérieure de Commerce de Chambéry en France, premier choix dans ses voeux.
« On est formés à des techniques de négociation, au marketing, à la comptabilité, à la fiscalité, à la gestion… On nous prépare à des activités qu’on retrouve dans l’environnement de travail des cadres moyens – hauts – exécutifs en entreprise. »
Le jeune homme se sent plus adulte en s’éloignant du cocon du fenua. Il a la chance de poursuivre son cursus à Varsovie grâce au programme d’étude européen ERASMUS.
« Je souhaitais évoluer dans des classes avec des étudiants de tout horizon, améliorer mon anglais, et travailler dans un milieu international qui me permette de continuer à explorer des recoins de l’Europe. »
Et c’est dans la capitale de Pologne qu’il débute sa carrière professionnelle.
« Varsovie avait une vraie dynamique de croissance à l’époque. Il y avait aussi beaucoup d’opportunités pour commencer une carrière dans des sociétés de nouvelles technologies. »
Ses études lui ont créé une passion pour la relation avec la clientèle d’affaire. Grâce à ses hobbies pour les technologies de l’informations, Philippe devient commercial sédentaire sur le marché Benelux Francophone à « Alcatel-Lucent Enterprise »¹ en 2015.
« J’aimais beaucoup évoluer dans une équipe, j’apprenais le métier de commercial vis-à-vis des affaires d’entreprises. C’était mes débuts dans les technologies de l’information. »
Plus tard, le besoin d’évoluer se fait sentir, et le jeune homme intègre « Automic »².
« Cette entreprise était vraiment à la pointe de la technologie. Je n’avais jamais vu de systèmes avec des rouages si bien huilés et automatisés. C’était dans leur ADN. »
Malheureusement, suite au rachat de cette société, le côté humain vient à manquer. Et c’est dans la société de technologie polynésienne « Infonecs » que Philippe trouve cette humanité.
LE RETOUR EN POLYNÉSIE
Inconsciemment, Philippe a toujours voulu revenir en Polynésie. En 2013, il avait fait un stage à la Maison de la Perle. Il souhaitait travailler dans le secteur de la perliculture en tant que professionnel marketing et/ou commercial.
« J’ai toujours eu à cœur de pouvoir travailler dans un secteur qui pouvait valoriser la Polynésie. »
Cependant, le jeune homme n’y parvient pas à cause du secteur en crise. La demande mondiale en perle de culture de Tahiti étant fortement contractée années après années.
De plus, son retour en Europe pour poursuivre ses études était déjà programmé.
« Il y a des déceptions, il ne faut pas hésiter à changer et à aller de l’avant. »
Mais c’est l’attachement à son Pays qui fait de Philippe un Homme de Polynésie.
« J’ai grandi à Tahiti et la poursuite de ma carrière a pu se dérouler ici car le secteur des technologies est en grand développement. »
Pour finir, si Philippe devait donner un conseil pour les futurs étudiants en classes préparatoires HEC, le voici.
« Il faut réussir du mieux qu’on peut, de bien profiter des écoles, car c’est un tremplin vers de belles opportunités grâce aux réseaux et aux amitiés que l’on se fait. Un étudiant de Polynésie peut répondre à des enjeux du monde de demain quand il fait preuve de résilience et d’adaptation face aux chocs des crises. Cette résilience aux chocs ne se fait pas seul, mais au sein d’un collectif qu’il trouvera hors de Polynésie ou en Polynésie. Et c’est d’un collectif à un autre qu’il s’adapte. Au gré des écoles, puis des sociétés ou des administrations qu’il côtoiera pour faire son expérience.»
¹ Un commercial sédentaire contacte ses prospects et clients par téléphone, mail et visioconférence en entreprise afin de nouer des opportunités d’affaires.
² Une entreprise éditrice de logiciels d’ordonnancement, d’orchestrations et de livraisons d’applications automatisées.
Joachim Laugeon
Rédacteur
© Photos : Zoé Lavisse, Sarah Fournier, Solène Gannat et Jakub Majewski pour Hommes de Polynésie