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Art & Culture

« Si je fais de la scène, c’est vraiment pour rendre les gens heureux, surtout dans les moments difficiles. » Pāpā Tihota

Publié le 21 mai 2021

Figure incontournable de la scène humoristique du fenua, le regretté  André Tuarii Tauraa, dit Pāpā Tihota, a fait le bonheur de la population polynésienne. Avant de nous quitter il y a quelques jours, Pāpā Tihota s’était confié à Hommes de Polynésie pour nous dévoiler son parcours et ses secrets de  scène. La rédaction, en accord avec l’épouse de Tuarii, vous livre les confidences de Pāpā Tihota.

 

Un humoriste diplômé dans les études des cultures internationales

Né il y a 33 ans, André Tuarii Tauraa grandit et fait sa scolarité à Paea, jusqu’au collège.  Après un baccalauréat littéraire en 2006, il se lance pendant deux années dans une mission religieuse et humanitaire  aux Îles Cook et à Tahiti. Une fois sa mission terminée, Tuarii décide de poursuivre ses études à l’Université mormone de Brigham Young à Hawaii. Il décroche plus  tard un « Bachelor of Arts-International Cultural Studies » (Bac +4) et un « Certificate in Intercultural Peace Building » ¹.

« Je me suis lancé dans ces études car je voulais être archéologue. J’ai toujours été passionné par le monde culturel. Quand j’étais petit, je me suis dit un jour que je voudrais être soit archéologue soit travailler pour la télévision.»

Après ses études, il revient sur le fenua pour travailler successivement dans l’hôtellerie, à la  Direction de la Jeunesse et des Sports, puis plus récemment dans l’équipe Covid de la Présidence de la Polynésie Française. Pendant ses études, Tuarii débute sa carrière de comédien dans le Centre Culturel Polynésien à Hawaii mais se révèle vraiment au public polynésien en tant qu’humoriste lors de la première édition du Tahiti Comedy Show en 2015. Il remporte alors le prix spécial Coup de Cœur du jury.  

Le sketch comique : un outil pédagogique pour rendre les gens heureux

« La scène n’était pas vraiment ma priorité, mais c’est en quelque sorte un moyen de pouvoir m’exprimer, de faire passer des messages et de rigoler avec le grand public. J’aime bien la chaleur humaine et le contact avec les gens. Si je fais de la scène, c’est vraiment pour rendre les gens heureux, surtout dans les moments difficiles. »

A partir de là, Tuarii, plus connu sous le nom de Pāpā Tihota, devient une figure incontournable de la scène humoristique locale. Mais au-delà des animations humoristiques, l’objectif de Tuarii est aussi de sensibiliser la population sur certains fléaux ou problèmes de société.

« Je fais passer des messages de prévention pour lutter contre l’alcool, la drogue, etc….Il y a aussi des messages qui passent sans pour autant que je le dise. J’ai mentionné par exemple le code 591 en faisant un cours sur le sexe pendant une de mes scènes. Ce qui veut dire 5 minutes de plaisir, 9 mois à subir et 1 bouche à nourrir. Le public a alors compris que je parlais de rapports sexuels et qu’il faut se protéger. »

Pāpā Tihota et ses « victimes »

L’un des secrets de sa réussite, nous confie-t-il, est sa capacité à identifier, avant et pendant chacune de ses scènes, ses « victimes », c’est-à-dire les personnes qui ont le profil type pour être les cibles idéales de ses sketches.  

« Je regarde le visage de la personne, sa manière d’être, etc… Je vois s’il va y avoir un feeling entre elle et moi et si cette personne va rigoler. Je regarde ensuite comment elle réagit quand je lui lance une vanne. Je sais à ce moment-là si c’est une bonne victime ou pas. Si c’est le cas, je peux la faire monter sur scène. »  

Pour identifier une victime, Tuarii se base aussi sur d’autres éléments comme son âge ou sa manière de s’habiller. Selon lui, une mamie « toute belle et couronnée » serait par exemple plus ouverte qu’une mamie habillée simplement en pull.

Une star locale malgré lui

Très aimé de la population, Tuarii est aussi quelques fois victime de son succès. Celui-ci ne peut en effet aller nulle part sans être reconnu. Il confie d’ailleurs entendre souvent des inconnus murmurer son surnom (Pāpā Tihota) autour de lui. Certains le sollicitent pour une photo quand d’autres lui proposent de nouvelles blagues à raconter sur scène.

« Cela ne me fait ni chaud ni froid mais à un moment donné, ce n’est pas évident d’aller chercher du pain au magasin. Au lieu de revenir à la maison en quelques minutes, je reviens une heure après parce qu’une personne m’a approché ou une autre m’a demandé de faire une photo avec elle.  Cela me fait plaisir mais je ne me prends pas pour une star.»

André Tuarii Tauraa nous a finalement quittés il y a quelques jours au grand regret de toute sa famille et de la population polynésienne. Nul doute toutefois que celui-ci fait désormais le bonheur de nos tendres défunts dans un autre monde …

¹ « Licence d’arts et d’études culturelles internationales » et « Diplôme de construction de la paix interculturelle »

 

Toatane RURUA
Rédacteur web

© Photos : Toatane RURUA pour Hommes de Polynésie

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