Moana Pito une vie de gardien à Tefana
À 23 ans, le jeune gardien de but de l’AS Tefana aura essuyé nombre de ballons. Son club est ancré non seulement dans son cœur mais aussi dans celui de sa famille. Hommes de Polynésie s’immerge pendant 90 minutes dans les cages de Moana Pito qui fait de la protection le but d’une vie.
C’est dans la commune de Faaa que Moana passe le plus clair de son enfance. Si sa famille bien que modeste, est très présente, le Club de foot de Tefana fait aussi partie intégrante de son paysage. Explications :
« Je suis à Tefana depuis l’âge de 4 ans, on habitait ici. J’ai littéralement fait mes premiers pas ici. J’ai commencé à être gardien de but à 7 ans. On n’a pas été élevé avec une cuillère d’argent, mais mes parents ont toujours été là pour nous malgré le peu de moyens. C’est grâce à eux que je suis là. »
Son père, jadis milieu de terrain pour le club, l’inspire en premier lieu. C’est en observant les différents gardiens de Tefana que Moana trouve sa vocation.
« C’est en voyant les anciens gardiens comme Xavier Samin l’icône du club que j’ai su que je voulais faire comme eux. »
Rien ne doit passer
« Ce qui me plaît, c’est le fait de sauver l’équipe. J’aime aussi le contact. Il faut aimer cela quand on est gardien. Il faut presque aimer se prendre des coups. Personnellement, je préfère, à la limite, les donner (rires). »
Aujourd’hui, après 7 années compliquées, le club peut sortir la tête haute de sa dernière saison.
« On a gagné le championnat, mais on sort de 7 années d’impasse où on était au milieu de tableau. C’était difficile pour nous. On fait partie des équipes les plus jeunes du championnat. Cette victoire nous fait du bien. Je suis content, car on a pris moins de buts cette année. Ça me motive, ça nous motive. »
Et quand Moana nous expose son savoir technique, c’est comme s’il y était.
« Mes situations préférées sont les face à face avec les attaquants. Tu ne sais pas où il va, c’est à toi de le gérer, pas à lui. C’est à toi de prendre la main et de le pousser à aller sur le côté… Un bon gardien c’est quelqu’un qui a un mental fort, une bulle impénétrable et qui reste calme. Sur le terrain, tu es seul à devoir travailler ça. »
« Tefana, c’est plus qu’un club, c’est ma famille. »
D’après le jeune gardien, le club a un bon système de formation encadré par des éducateurs diplômés. Beaucoup de joueurs de la sélection tahitienne viennent de Tefana.
« Avec la sélection Tahitienne U20, on a fait la coupe du monde en 2019, pour les qualifications. C’était magique. Même si les résultats n’étaient pas au rendez-vous, nous avons beaucoup appris. »
Malgré la défaite, Moana garde la tête haute. Ces occasions de rayonner à l’échelle internationale sont rares, d’autant plus pour Tahiti. Mais dans le grand stade plein en Pologne, il n’était peut-être pas seul.
« Le 23 mai 2009, mon père nous a quittés. Je porte le numéro 23 en son hommage et aussi parce que Xavier le portait. »
Et quand il se projette, Moana voit déjà Tefana rayonner dans l’Océanie.
« L’année prochaine, nous voulons gagner la ‘’All League’’ qui regroupe la majorité des équipes de l’Océanie. On se prépare pour ça impatiemment. »
Entre les matchs et les entraînements, Moana, qui cumule les diplômes dans le domaine de la sécurité et la cuisine, se met quotidiennement à l’eau pour subvenir à ses besoins.
« Quand je cherche du travail en tant qu’agent de sécurité, on me dit que j’ai trop de diplômes (rires). J’attends les concours pour la police nationale ou les pompiers, on verra bien. Mais avant ça, je me suis lancé dans la pêche il y a 5 ans, j’adore. D’ailleurs, je vends mes prises à des particuliers.
Avant de partir, Moana, nous partage quelques pensées pour la jeunesse.
« Je leur dirais d’arrêter de traîner. Inscrivez-vous dans des clubs sportifs ou des associations. Il y en a beaucoup et ces clubs et associations ont besoin de vous. »
Rédacteur
©Photos : Niuhiti Gerbier, Christophe Fotozz Tahiti et Moana Pito pour Hommes de Polynésie
