Manarii, un mental de champion
Natif de Tahiti, Manarii Laurent est né avec le gène de la gagne et un mental tout terrain. Il a opéré un virage à 360 degrés dans sa vie l’année dernière en quittant un emploi qui lui offrait sécurité et stabilité, pour une passion qu’il a choisi de vivre à toute vitesse. Hommes de Polynésie est allé à la rencontre de ce polynésien hors du commun.
Dans le chaudron du vélo
Manarii fait partie de ces êtres humains dont on a l’impression que le destin est tout tracé. Son père Félicien Laurent et ses 2 frères, Félix et Raihau, ne sont ni plus ni moins que des Champions de Polynésie de vélo sur route. Il est le dernier d’une fratrie de 5 enfants. Après des débuts peu prometteurs, comme il l’avoue lui-même, il se prend de passion pour le vélo à 18 ans lorsqu’il comprend une équation simple : pour gagner, il faut s’entraîner.
« J’étais plutôt surf, les copains, la mer. A 12 ans, j’ai commencé à faire des compétitions de vélo sans vouloir m’entraîner. Du coup, je me ramassais des raclées tous les dimanches pendant un an. »
Son déclic se confirme lors d’un stage d’un mois qu’il suit à Punaruu : « je faisais Arue-Punaruu tous les jours pendant un mois en vélo. » Au terme de ce stage, il tente une compétition de VTT, qu’il gagne. Un de ses frères repère la graine de champion qui commence à germer. Il propose à Manarii d’approfondir cette aisance qu’il a au VTT.
Un mental à toute épreuve
Son frère lui conseille de pratiquer le vélo sur route afin de renforcer ses capacités déjà incroyables en VTT. Les résultats sont foudroyants.
« J’ai été 3 fois champion de Polynésie sur route, 5 fois champion du contre la montre sur route, 8 fois champion de Polynésie de VTT, le Tour de l’Amitié qui est la grande course internationale à Tahiti en 2006. J’ai gagné tout ça quand j’étais au club de Tefana. »
Manarii se livre sur ce qui le passionne dans son sport :
« Tout d’abord, j’aime souffrir, je recherche cette sensation d’avoir mal. Ensuite, le VTT me permet de m’évader et d’être au contact de la nature. »
En 2015, Manarii devient numéro 1 de La Ronde Tahitienne.
Haibike, un nouveau chapitre
Une rencontre fait basculer le cours de sa vie, celle avec Mehdi Gabrillargues, une des grandes pointures du VTT à l’échelle internationale.
« Je connaissais Mehdi sur Facebook et c’est en 2016 qu’il me contacte. On s’est rencontré lors d’une course de VTT à Papenoo. Depuis, nous nous sommes liés d’amitié. Et c’est comme ça qu’il m’a fait essayer le VAE, ou Vélo à Assistance Electrique. »
Après 10 ans de bons et loyaux services à l’Imprimerie Officielle, Manarii cède à l’offre de Mehdi, qui lui propose de le rejoindre dans son aventure HAIBIKE à plein temps. Depuis presqu’un an, Manarii s’épanouit dans cette nouvelle vie. Grâce à Mehdi et Tatiana, son épouse, Manarii le timide, le réservé, se met à apprécier et à être à l’aise au contact de la clientèle. Pour se faire connaître et faire parler du VAE, Mehdi et Manarii usent de leur propre image sur les réseaux sociaux, Facebook, Instagram ou encore Youtube.
Inspirer les jeunes
Père d’une fille de 11 ans, aussi passionnée que lui par le vélo, Manarii est conscient du rôle de parent qu’il a et de l’exemple qu’il se doit d’être pour sa fille, et par extension, pour la jeunesse polynésienne. Hommes d’action, Mehdi et Manarii ont pris sous leur aile un jeune, issu d’un quartier social, à qui ils comptent bien offrir un avenir.
« On l’a croisé à Vaitavere et il faisait du wheeling1 de dingue. Nous allons lui donner un vélo et faire des vidéos sur lui. Nous serons son sponsor. »
Autre moyen d’inspirer notre jeunesse, se donner des défis encore et toujours, même à 35 ans. Prochain challenge en date, une course internationale de VAE aux Etats-Unis en avril 2018.
Son message aux jeunes est simple et limpide : « Que nos jeunes se lancent dans le sport, qu’ils trouvent quelque chose où ils vont accrocher. »
1 Cascade qui consiste à rouler sur la roue arrière en exécutant ou non des figures. (Source : Wikipédia)
Nathalie Vanquin
Rédactrice web
© Photos : Manarii Laurent