La team Kong !
Zoom sur une discipline qui a ses adeptes au fenua : le CrossFit. Sur le marché de la forme et de la santé, cette pratique physique mélange gymnastique, haltérophilie et endurance. Voilà 5 ans que la folie CrossFit a envahi notre île et la tendance n’est pas près de s’essouffler. Mieux, deux Polynésiens issus d’un quartier modeste, tentent coûte que coûte de participer aux CrossFit Games – une des principales compétitions internationales de CrossFit. Hommes de Polynésie vous présente Jack et Matahi Tahiaipuoho, deux frères qui inspirent la persévérance et l’humilité.
PASSION CROSSFIT
Une décennie les sépare, mais l’un comme l’autre vouent une véritable passion pour le CrossFit, cette discipline inventée par le couple Glessman en 1970 aux Etats-Unis. C’est Jack, l’aîné âgé de 32 ans, qui aura la révélation en premier. Bodybuilder, il sculpte son corps depuis son adolescence, quand un jour il se prend au jeu des WOD (1), exercices quotidien de conditionnement physique intense qui regroupe l’haltérophilie, le cardio et la gymnastique.
« A l’époque je pesais 112 kg, je faisais de la musculation et je soulevais presque le double de mon poids. »
Adeptes de CrossFit officiels, ils font partie d’une communauté estimée à 250 000 individus. Une discipline qui lui a permis de perdre 18 kilos et de gagner un titre de champion en haltérophilie – catégorie des moins de 96kg. Il n’a depuis qu’un seul objectif en tête : participer à un maximum de compétitions à l’étranger. Au rythme de 5 jours de travail pour 2 jours de récupération active, Jack enchaine les entrainements dans ce qui a remplacé la classique salle de sport, la « Box » CrossFit Varua dans la vallée de Titioro, entité gérée par Manu Buchin dont la réputation n’est plus à faire dans le milieu sportif.
Dans son sillage, on retrouve son frère Matahi, 22 ans depuis peu : « Dès que je le voyais se rendre à la box pour s’entrainer, j’y allais aussi. Un jour je m’y suis mis et c’est devenu comme une drogue, je ne pensais plus qu’à ça. »
DESTINATION CROSSFIT GAMES
Leur passion les conduira aux Alpha Games de Nice en 2017 – une belle entrée en matière pour se construire une carrière de sportifs de haut niveau. Ils inscriront leur nom au top 10 du classement, en catégorie Team RX.
Autre montée d’adrénaline, autre lieu : Cambridge en Nouvelle-Zélande, où Jack s’est rendu dernièrement pour disputer les « New Zealand Nationals ». La contrainte climatique – Hiver Austral – reste le point noir de ce déplacement. Jack a été confronté à de basses températures.
« J’étais en pull durant toute la compétition. Les conditions du corps ne sont pas les mêmes en hiver, on ne peut s’en rendre compte qu’en étant sur place ! »
A peine rentré, il a déjà dans son viseur d’autres compétitions. Pour conserver le niveau ils s’entraînent en suivant le programme CompTrain proposé par Ben BergeronIls. Ils enchainent les séances en suivant une suite d’exercices qui débutent par de l’échauffement et conditionning, vient le renforcement technique avec grosse charge puis un WOD qui englobe les exercices précédents, le tout sur un rythme intense.
« Pour pouvoir participer aux compétitions nous devons lever des fonds, et trouver des sponsors, parce que de tels déplacements coûtent extrêmement cher. Sachant qu’il y a des compétitions dans le monde entier et ce toute l’année, c’est notre rêve de devenir pro et de suivre les pas d’athlètes tels que Rich Froning ou Josh Bridges ».
En attendant de voir leur nom au palmarès des athlètes mondiaux, Jack et Matahi souhaitent adresser un message aux Polynésiens :
« Ne rien lâcher, toujours rester positif et respecter sa culture. L’homme de Polynésie est métissé et doit connaître ses racines, il doit sentir cette force, comme on l’appelle – le mana, et le laisser le guider où que ce soit. Nous profitons de cet article pour remercier toutes les personnes qui nous ont soutenus tout au long de notre aventure ! »
Jeanne Phanariotis
Rédactrice web
© Photos : Hommes de Polynésie