Grégory Bradaï : Le sport dans le sang
C’est avec un arrêt sur son temps, un stop sur le chrono que nous allons à la rencontre de Grégory Bradaï, un athlète polynésien, pour observer son parcours en détail. Et c’est non sans une touche d’humour qu’Hommes de Polynésie s’est permis de le devancer sur sa course de vie avant qu’il ne s’échappe à vive allure. Un court instant en sa compagnie et nous découvrons un homme ambitieux, avide d’explorer le monde et de dépasser ses propres limites.
UNE VIE DE SPORT ET D’ÉTUDES
Grégory grandit et crée ses souvenirs sur la commune de Mahina avec une enfance rythmée par le sport, comme une évidence au regard du parcours familial.
« J’ai commencé par le foot à l’âge de 9 ans. J’ai joué à l’AS Venus durant 10 ans environ puisque mon grand-père maternel est un ancien footballeur reconnu. »
Durant sa scolarité au collège de Mahina, il s’engoue d’une vie active et passionnée dans le foot jusqu’à ses années lycée.
« Pendant 2 ans j’étais en présélection en moins de 13 ans et on s’entraînait 2 fois par semaine, du lundi au vendredi. Puis le samedi, il y avait match. »
Alors étudiant au lycée de Samuel Raapoto en 2nd MPI1, il se prend de passion pour le cross qui le mène vers une toute autre voie.
« En Octobre 2009, j’étais en seconde, j’ai participé à un cross à la vallée de la Fautaua. Un gars m’a repéré et m’a proposé de faire de l’athlétisme. »
6 mois plus tard, la proposition acceptée, il se lance à corps et coeur perdus dans cette nouvelle discipline pour améliorer son cardio en demi-fond et donc compléter son endurance dans le football.
Il fait son entrée en licence d’éco-gestion à l’UPF2 en 2011 mais, somme toute, se réoriente vers une voie plus adaptée en faisant une licence de STAPS3 à Toulouse. Assidu et nourrissant de grandes aspirations, il continue avec un master en management du sport spécialisé en IDSL4, concomitamment à un service civique.
L’ATHLÉTISME, UNE HISTOIRE DE DÉPASSEMENT DE SOI
Après quelques années tiraillé entre football et athlétisme, 2011 est une année de découverte mais surtout d’un choix décisif dans sa vie et carrière.
« L’athlé est un sport individuel mais quand tu travailles c’est en groupe. Et ce qui était motivant, c’étaient les gens impressionnants qui s’entraînaient avec nous. »
Une voie se fraye avec vélocité grâce à une spécialisation sur le sprint long. Le compteur des premiers voyages s’active cette même année.
« Partir aux Jeux du Pacifique ou aux Océania, c’est une belle motivation parce que tu rencontres de nouveaux athlètes qui peuvent devenir de très bons amis à la fin. Chaque compétition est une occasion de nous retrouver. »
Tous les ans, notre sportif participe à de nouvelles compétitions. Pour n’en citer que quelques-unes, 2012 marque son retour avec 3 médailles des Océania à Cairns, en Australie, suivi de son premier Championnat du monde en Pologne, à Sopot, en 2014.
« En 2015, c’est l’enchaînement : Jeux du Pacifique, les Océania à Cairns pour une seconde fois et le Championnat du monde. Soient 3 déplacements en simultané avec mon départ en France pour les études.»
Une année de transition en tout point puisque jadis spécialiste du 400m, il opte pour le 800m et termine 5ème en finale aux Jeux du Pacifique.
« 2019 était enfin une bonne année pour moi car j’ai battu mes records. J’ai fait un Championnat du monde où j’ai couru le 200m avec de grands noms tels que Yohan Blake et Alex Quiñonez. »
POUSSER SES OBJECTIFS À BOUT DE SOUFFLE
Son formidable parcours d’accro des compétitions et ses nombreux voyages sont en adéquation avec son avidité à dépasser de nouvelles performances.
« J’avais un coach à Tahiti qui me disait : si à chaque entraînement tu ne vomis pas, c’est que tu ne t’es pas donné à fond. »
Grégory nous instigue à nous dépasser avec conscience et équilibre, d’aller au bout de nos objectifs pour battre nos propres exploits.
« Tu t’es entraîné des mois et des mois pour en être là. C’est le résultat de tous ces temps d’entraînements, de doutes et de repos. »
Si toutefois un manque de motivation peut se faire ressentir parmi la nouvelle génération, il ne faut pas oublier que le dépassement de soi est une mentalité à travailler au quotidien.
« J’avais un modèle à l’époque, Jocelyn Muntaner. Je me disais que si je le suivais dans ses entraînements, je ferai peut-être un jour les mêmes performances. Et ça a été le cas. »
1 Mesure Physique Informatique
2 Université de Polynésie Française
3 Licence de Sciences et Techniques des Activités Physiques et Sportives
4 Ingénierie du Développement par les Sports et les Loisirs
Manutea Rambaud
Rédactrice
© Photos : Manutea Rambaud pour Hommes de Polynésie