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Société

Warren Natua : des graines de projets à germer (2/2)

Publié le 5 juin 2025

Sur l’atoll de Rangiroa, Warren Natua s’active pour mener à bien divers projets : régulation de la pêche, aquaponie, autosuffisance à l’échelle de son île. Son but ? Avoir un impact positif à Rangiroa en diversifiant les activités. Sa philosophie ? Il faut se lever, et planter. Hommes de Polynésie vous fait découvrir un sage paumotu qui nous apprend qu’il faut avoir plusieurs cordes à son arc pour se débrouiller aujourd’hui.

Protéger le lagon

Toujours dans l’optique d’offrir un avenir sain aux enfants de l’atoll, Warren Natua œuvre aujourd’hui à la préservation du lagon.

« L’aquaponie, c’est aussi parce que je suis pêcheur de base : j’aurai toujours des poissons… mais sur terre. Et puis, cela permettra de laisser reposer le lagon. »

En effet, après avoir vu le stock de poissons diminuer dans ses eaux, Rangiroa cherche actuellement un moyen de soulager le lagon, de laisser ses poissons grandir. Le PGEM[1] de l’île évalue différentes propositions pour peut-être limiter la pêche et les activités dans la passe de Tiputa, afin de favoriser la croissance, la reproduction des poissons. Warren, qui représente les pécheurs lagunaires d’Avatoru au sein de ce comité, envisage déjà de trouver des alternatives à la pêche. 

« Nous, on aime le poisson, on est pécheurs, c’est dans notre sang. Si la pêche ferme avec le rāhui ou si on doit arrêter de pêcher certaines espèces, j’aurai toujours l’aquaponie : comme ça, il y aura du poisson et des légumes. Et on préservera nos passes, notre lagon. »

Un sublime lagon à préserver.

Le discours de ce pécheur-né suscite l’admiration : il est prêt à limiter son impact sur le lagon pour pouvoir le protéger. En effet, il a maturé son cheminement:

« Je vais commencer à tracer le chemin, comme ça on va arrêter de pêcher. C’est pour anticiper : on a vécu pécheurs, si on ne connait que la pêche, ça va être dur de rebondir. On anticipe déjà, on lance un autre projet pour ne pas tomber si la pêche est interdite. On ne va pas se tracasser, on a déjà un plan B. Il faut diversifier ses activités pour anticiper. »

Faire germer des projets

Et le sage Warren nous explique l’importance d’avoir plusieurs cordes à son arc pour être capable d’anticiper. En effet, il a lancé différents projets – pêche, agriculture, tourisme – pour utiliser savamment les ressources de son île, sans les épuiser. 

« J’ai passé la relève à mon neveu : il pêche. Moi, je me suis mis de côté, pour anticiper un autre projet niveau poisson avec l’aquaponie. L’agriculture, ça me permet d’avoir un coup d’avance au cas où la pêche serait limitée. » 

Pour ses projets, Warren Natua a également planté des graines dans le domaine du tourisme. Durant le Covid, il avait déjà participé à la rénovation et à la gestion d’une pension à Rangiroa. Depuis 2022, il s’est mis à son compte et a créé Moanarani Camping, à Avatoru. Ses bungalows et ses emplacements de tente permettent d’accueillir des touristes :

« J’ai vu beaucoup de clients en sac à dos. La Polynésie, c’est cher, notamment pour le logement. Je me suis dit que j’allais proposer un camping moins cher, accessible à tout portefeuille. Comme pour les fruits et les légumes (rires). »

Les bungallow disponibles à Moanarani Camping.

Et l’hôte prend le temps d’échanger avec les touristes : il glane tout savoir, toute astuce sur l’apiculture et l’aquaponie ! D’ailleurs, il lance même un appel aux conseils : 

« Si vous vous y connaissez en aquaponie : dans ce domaine, je suis juste une graine qui vient de germer. Si certains s’y connaissent et viennent apporter quelques lumières, savoirs… vous êtes les bienvenus à Rangiroa!»

Au total, tous ses projets se recoupent et fleurissent, ensemble : cela est nécessaire dans le plan plus large de Warren. 

« Si je n’ai pas ce camping, je n’ai plus de revenus. Je fais ça aussi pour ma famille, pour mes neveux qui pêchent. S’il y a fermeture de la pêche et si on n’a pas d’alternative… on n’a plus rien parce que l’on perd notre gagne-pain. J’anticipe déjà, pour nous mettre à l’abri. » 

L’agriculture est très importante aux yeux du pêcheur qui a déjà largement investi la terre du motu familial en plantant bananiers, manioc, cacaotiers, citrons. Il en tire une leçon de vie :

 « Nous, on commence, on met la première pierre, les autres continueront. Il faut planter des arbres fruitiers. Planter, planter… Pour être autosuffisant. Les jeunes, levez-vous et plantez ! »

Warren plante déjà sur son motu.

[1] plan de gestion de l’espace maritime.

Marie Lecrosnier–Wittkowsky

Rédactrice

©Photos : Marie Lecrosnier–Wittkowsky pour Hommes de Polynésie

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