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Société

Tshany Teissier : « ton fenua, ta langue, c’est ton identité »

Publié le 13 octobre 2022

Vous connaissez surement le bodyboarder ou le tatoueur ; « Gros cœur » à l’époque de Gain is back, Tuihani, dit Tshany, est aussi designer de vêtements et producteur à ses heures… L’artiste grandit à Sapinus et use de ses multiples talents pour promouvoir ce spot et préserver son authenticité. Il parle à Hommes de Polynésie de son engagement pour son île, pour le lieu qui l’a vu grandir.

Ta’ata tumu¹

Lorsqu’il s’avance pieds nus avec sa guitare, on devine tout de suite le ta’ata Tahiti²: la peau bronzée, les cheveux éclaircis par le soleil et la mer, le style décontracté… Tshany grandit dans le quartier de la pointe des pêcheurs à Punaauia avec ses parents, ses six frères et sœurs et sa bande d’amis. Une enfance simple et heureuse, proche de l’Océan. Aujourd’hui adulte et lui-même papa, il tente d’offrir la même éducation à son fils.

« On essaie de garder ce mode de vie, ce partage, ce peu3 … Comme nos parents faisaient ! Les bringues, les tāmā’ara’a4, le ‘Ia ora na’5… Ton fenua, ta langue, c’est ton identité. »

C’est à ces coutumes qu’il s’accroche, lorsqu’il voit son quartier d’autrefois changer peu à peu… Car Punaauia est une commune très convoitée ; Entre l’industrialisation, le tourisme et les grands projets immobiliers, Tshany et ses amis sont les témoins impuissants des atteintes à la biodiversité. Ils espèrent que leurs manifestations freinent de nouvelles dégradations.

« Quand j’étais petit, on sautait dans la rivière depuis les arbres. Maintenant, avec la zone industrielle derrière, il y a des bulles dans l’eau… On ne se baigne plus là. C’est horrible ce que fait l’argent. »

Faatura te natura⁴

Attaché à ce lieu, le bodyboarder s’agace également de voir des visiteurs peu scrupuleux jeter l’ancre n’importe où sur le récif, détruisant plusieurs coraux au passage. « Il y a des corps-morts exprès », rappelle-t-il. Mais en cette période, le sujet qui fâche davantage concerne les baleines. Présentes de juillet à novembre en Polynésie, elles attirent les regards… Parfois d’un peu trop près.

« Souvent, on nous traite de racistes. Alors qu’on leur demande juste de respecter les lieux… Et au moins un ‘bonjour’ ! Pendant le confinement, il y avait plein de baleines… C’est là que tu vois vraiment que c’est à cause du monde qu’elles viennent moins. Moi, j’ai envie qu’il y ait toujours des baleines quand mon fils grandira ! »

Sur la plage du musée des îles, les cailloux parsemés de pehu7 ont presque remplacé le sable noir. Face à tout cela, Tshany tente d’agir à son échelle pour préserver la Pointe. Chaque année au mois de mars, une collecte massive de déchets est organisée dans le quartier. Très présent sur les réseaux sociaux, il publie régulièrement des vidéos pour faire passer son message, toujours avec beaucoup d’humour !

« Avec Manavai8, on essaie de préserver ce calme, de protéger ce spot. Il faut se réveiller avant qu’il ne soit trop tard ! »

Au-delà de l’aspect environnemental, préserver l’endroit de son enfance signifie maintenir le lien avec son fenua9, son identité, sa nature profonde… Car chaque mètre que fait le béton l’arrache un peu plus à sa terre.

1 Aborigène

2 Local, qui est originaire de Tahiti

3 Coutume, habitude, mœurs

4 Grand repas partagé

Bonjour en tahitien

Préserver la nature

7 Déchet

8 Ami de Tshany

9 Terre, pays

Mereini Gamblin

Rédactrice

©Photos : Mereini Gamblin pour Hommes de Polynésie

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