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Société

Terava Teihotaata, fervent défenseur des forêts naturelles de Sainte Amélie

Publié le 24 octobre 2023

Terava Teihotaata entretient depuis toujours une relation intime avec la forêt naturelle des hauteurs de Sainte Amélie. Il y a grandi en apprenant à la préserver et l’entretenir. Devenu adulte, il poursuit cette mission en créant l’association A Ti’a no te Aru. S’appuyant sur la réglementation, ce lanceur d’alerte dénonce des projets immobiliers qui ne respectent pas le PGA et impactent fortement le patrimoine naturel.

Hommes de Polynésie est allé à sa rencontre pour recueillir et partager le message de Terava sur les risques environnementaux et patrimoniaux de ces projets.

Enfance heureuse dans la « jungle » de Sainte Amélie

Terava Teihotaata grandit sur les hauteurs de Sainte Amélie et durant sa jeunesse, profite de toutes les forêts qui existent dans sa vallée. Comme bon nombre de ses amis, il chérit la nature et adopte rapidement les gestes écologiques pour la préserver.

« À notre époque, Il n’y avait pas autant de constructions qu’aujourd’hui. C’était la jungle. Comme tous les enfants nés dans les années 90 à 2000, on passait notre temps à jouer à cache-cache ou à la guerre dans la nature. Le fait d’avoir grandi dans cet environnement naturel, en plus de l’éducation de nos parents, nous a permis de respecter et de protéger l’environnement. Quand on allait surfer avec des amis par exemple, on ramassait les pehu qui trainaient dans la mer et sur la plage. »

Lutter contre les projets immobiliers non respectueux de l’environnement

Mais comme dans toutes les communes urbaines de Tahiti, la multiplication des projets immobiliers artificialise à vitesse grand V les zones vertes et s’étale sur les hauteurs. Sainte Amélie n’échappe pas à la règle puisque Terava apprend en 2020 l’existence d’un projet immobilier prévu non loin de sa maison. Il s’agit d’un projet de résidence qui prévoit la construction de cinq immeubles de quatre niveaux sur un espace de 9000m2.

En faisant des recherches, Terava constate que la réglementation relative au PGA de Papeete (Plan Général d’Aménagement), notamment au Code de l’environnement ne serait pas respectée dans la réalisation de ce projet. Il décide alors de créer l’association A ti’a no te aru pour dénoncer les abus et irrégularités.

« Dans le PGA de Papeete, on autorise seulement la construction d’habitations individuelles dites diffuses. Cela veut dire que seule une construction sur une surface de 1000 mètre carrée est autorisée. Or, ce projet prévoit de construire six immeubles sur un espace de 9000m2.  J’ai donc alerté le gouvernement actuel qui m’a répondu qu’il n’était pas possible d’intervenir car le promoteur a obtenu les signatures de l’ancien gouvernement et de la mairie de Papeete. Est-ce que cela veut dire que ces signatures prévalent sur la réglementation ! »

Non respect des oiseaux protégés ainsi que des arbres centenaires ?

Terava est particulièrement choqué par le non-respect du code de l’environnement et de la réglementation portant sur la protection des oiseaux rares et des arbres centenaires.

« Le promoteur doit faire une demande d’autorisation pour abattre les arbres. Or il se trouve que des arbres centenaires ont été abattus sans aucune autorisation. D’autre part, une étude réalisée par un expert avait noté l’existence d’oiseaux rares dans la zone concernée par ce projet immobilier, si l’existence d’oiseaux classés dans la catégorie A comme le ū’upa, est constatée, le code de l’environnement oblige le promoteur à déplacer les nids ailleurs avant de toucher aux arbres.  Ors j’ai pu constater que tous les arbres à ont été rasés sans en tenir compte. » 

Réglementation indulgente et absence totale de contrôle

Le militant regrette l’absence totale de contrôle pour repérer les abus.  D’autre part les sanctions encourues en cas de non-respect de la réglementation relative à l’environnement ne sont pas suffisamment dissuasives.

« L’abattage illégal d’un arbre centenaire coûte aujourd’hui 3000 francs d’amende à l’auteur des faits. Or, cette règle a été mise en place en 1970. A cette époque, le montant de 3000 francs représentait beaucoup d’argent mais ne vaut plus rien aujourd’hui. La réglementation a besoin d’être revue.  Si vous coupez une branche sans autorisation en Nouvelle-Zélande, vous aurez à payer une amende de 1000 dollars. Si vous abattez un arbre sans avoir fait de demande, cette amende sera de 10.000 dollars. C’est du n’importe quoi en Polynésie. Il n’y a aucun contrôle. »

Préservation de la terre de nos enfants et construction d’habitations en harmonie avec la nature

L’association A Ti’a no te Aru compte développer ses actions par le biais de publications sur les réseaux sociaux ou en faisant appel à un avocat pour ses combats judiciaires. Ses membres sont également prêts à aider et à s’associer à toutes les associations du fenua, notamment celles qui luttent contre les projets non respectueux de l’environnement. Pour conclure, Terava tient à envoyer un message aux propriétaires de terres ainsi qu’au gouvernement actuel :

« Chacun a ses galères dans la vie, mais il ne faut pas vendre ses terres. Nous ne sommes pas les propriétaires de nos terres, nous sommes les gardiens de celles de nos enfants. J’aimerais aussi dire au gouvernement actuel que si on continue d’avancer dans cette voie, on n’aura plus d’espaces verts pour se promener. On va aussi fermer l’accès à nos plages. Il faudrait réguler l’urbanisation et faire de la construction raisonnée. On peut construire avec la nature sans avoir besoin de la détruire. Dans certains pays, les constructions d’habitations se font justement en harmonie avec la nature »

Toatane Rurua

Rédacteur

©Photos : Terava Teihotaata pour Hommes de Polynésie

Yvon Bardes, directeur de publication

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