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Portrait

Nelson Viriamu, portrait d'un passionné par Hommes de Polynésie

Nelson Viriamu, pâtissier, tatoueur, sculpteur, musicien, la passion avant tout !

Publié le 5 septembre 2017

La passion ! Voici le mot qui a habité notre conversation. Pour Nelson, 33 ans, artiste passionné dans plusieurs domaines, la passion est ce qui agrémente ses journées : pâtissier professionnel depuis dix ans chez D.HILAIRE, tatoueur, sculpteur et musicien. Voici pour vous, le portrait d’un homme humble, simple, amoureux de son métier et de sa culture. Hommes de Polynésie vous propose aujourd’hui de partir à sa rencontre et de découvrir la diversité de ses talents.  

L'art au service des gâteaux

L’univers de la pâtisserie n’est pas que gourmand, il est aussi fascinant, « il faut être amoureux et passionné par son métier pour se lever très tôt » nous confie Nelson. En effet quand il travaille, il est sur place à deux heures du matin avec quatre autres collègues pour confectionner gâteaux, confiseries et chocolats. Il finit son service à dix heures trente. Ce sont des horaires auxquels le jeune homme s’est habitué aujourd’hui car il a trouvé son équilibre. Il faut savoir que Nelson vit à Moorea et n’y rentre que le weekend pour retrouver sa femme et ses deux petits garçons.

« Gourmand et curieux, j’ai toujours voulu être pâtissier » nous confie-t-il. Il ajoute, le sourire aux lèvres : « j’aimais regarder mes taties faire des gâteaux au beurre à Tipaerui et ensuite lécher les plats ». Sa curiosité s’est mise en éveil et depuis il a voulu apprendre lui aussi à faire des gâteaux. Après le collège, il a donc pris le chemin des cuisines et poches à douilles, pour entrer au lycée hôtelier, à l’époque situé à Taaone. Il a tout de suite fait un stage chez D.HILAIRE et s’en est suivie son embauche. Nelson aime son métier et nous avoue préférer faire la sculpture sur confiseries, ce qui nous emmène à parler de son mariage en 2015 car il a fait lui-même son gâteau, avec l’aide d’un ami pour le masquage. Il a sculpté à la main toutes les petites pièces en sucre dont les fleurs. Un travail minutieux de quatre heures environ…

Pour nous mettre l’eau à la bouche, Nelson nous révèle son dessert préféré, signé D.HILAIRE, le Rocher : « Laissez-vous tenter par l’alliage du macaron noisette, de la crème mousseline pralinée et du chocolat au lait mélangé avec des morceaux de cacahuètes, il est tout simplement divin ! ».

L'art du tatouage polynésien : la culture dans le cœur et dans la peau

Nelson a des mains d’artiste, et nous emmène désormais dans un tout autre univers : celui du tatouage. Cette deuxième passion lui est venue tout petit aussi mais en dessinant les héros de mangas et en se baladant dans les festivals de tatouages. Nelson tatoue depuis cinq ans. Il met en avant la culture polynésienne, en s’assurant de connaître la signification de chaque motif. Il se sert des livres : « Hamani haa tuhuka TE PATUTIKI tome 1 » et « Hamani haa tuhuka TE PATUTIKI tome 2 », dictionnaires du tatouage marquisien de Teiki Huukena et admire Steeve Faara de NK Tatoo.

Nelson Viriamu, tatoueur à Tahiti

Intéressons-nous à sa façon de réaliser une séance de tatouage. Nelson nous confesse qu’il a un rituel qu’il réalise avant de tatouer la personne : « On invoque les Tupuna en faisant une prière et une demande ». En fait, sa déclaration est tout simplement la base de tout son travail. Il demande l’inspiration des « Tupuna », ou ancêtres polynésiens, pour savoir quel motif irait sur la personne à tatouer. Le tatouage polynésien, ce n’est pas simplement un dessin au hasard sur la peau. Il a une réelle histoire. Sa femme, Heilani Viriamu, nous explique : « le tatouage est un héritage culturel ». En fonction du nom de famille de la personne qui souhaite un tatouage, Nelson demande l’autorisation dans une prière en soumettant le nom. Il faut savoir que certains motifs sont interdits, par exemple ceux qui appartiennent à des lignées royales ou ceux qui sont spécifiques à telle ou telle famille.

Après avoir eu l’inspiration, Nelson dessinera donc sur la personne directement. Se sentant toujours guidé par les « Tupuna », il nous révèle qu’il y a un vrai échange entre lui et la personne. Les motifs qu’il aime particulièrement tatouer ? Le pē’ue, tapis tressé de feuilles de pandanus, qui représente la famille, très importante pour lui. D’ailleurs son avant-bras gauche est tatoué et il y a inscrit le prénom de ses enfants et de sa femme. Dans la tradition Polynésienne, la tresse symbolise les liens familiaux : si cette tresse vient à casser à un endroit, il y aura toujours une des parties pour garder le lien. Nelson se tatoue lui-même pour exprimer son identité culturelle et pour écrire son histoire : sur son poignet droit, sont tatoués les symboles de son union avec Heilani.

La musique, tout un univers en Polynésie

En Polynésie, nous côtoyons sans arrêt la musique, quand nous marchons en ville, nous sommes bercés par les airs des ukulélés aux alentours du marché, nous retrouvons plusieurs groupes musicaux se produire dans plusieurs bars/restaurants sur l’île. Certaines familles n’échappent pas à la bringue du weekend. La musique est partout, surtout dans les gènes des polynésiens. Dans la famille de Nelson, on est musicien de génération en génération.

Nelson a une affection toute particulière pour les percussions. Il a déjà pris beaucoup de plaisir à jouer il y a quelques années, dans le groupe Made in T, principalement composés de cousins/cousines. Après une longue pause, il se fait remarquer sur son île Moorea, par le chanteur Teiva LC, qui, pour la petite anecdote, un soir d’animation, a eu le besoin urgent d’un percussionniste. De retour d’un repas avec sa femme, Nelson croise en janvier 2017, le sonorisateur du groupe qui lui demande s’il veut bien le dépanner. À s’être trouvé au bon endroit, au bon moment, Nelson fait désormais parti de cette belle équipe musicale. Il devient donc le percussionniste du groupe HUIMANA1, et a même eu la belle expérience de tourner dans le clip de la chanson APEPE2, très appréciée en ce moment au Fenua3.

Nelson Viriamu et son groupe de musique à Tahiti
Le groupe HUIMANA avec Teiva, Moana, Nohorai, Yannick et Nelson

Mais Nelson ne fait pas que de jouer des percussions, il les fabrique aussi ! Il fait partie d’une association pensée par sa femme et ses belles sœurs, nommée « Hei Hono » qui veut dire « le lien fleuri ». Pourquoi ce nom ? Car elles ont grandi avec les fleurs, la danse et les légendes. L’année prochaine cette association organisera leur deuxième « Heiva i Moorea4 ». L’année dernière ils l’avaient préparé sur le thème « Hono Tau » qui signifie « les liens du temps ». Heilani nous explique le thème en évoquant trois liens : le premier qui nous unit à Dieu, le deuxième qui nous unit à la terre et le troisième qui unit l’homme à ses ancêtres. Et avec tout ça on obtient une seconde tresse : le lien du temps. Nelson prépare donc de son côté les instruments qui serviront pour le Heiva de l’année prochaine : Toere5, pahu6… Leur association souhaite promouvoir le Heiva à Moorea et que cela devienne aussi un grand événement.

Riche de ses nombreux talents, nous ne pouvons que souhaiter à Nelson Viriamu une bonne continuation et la réalisation de son rêve : celui d’ouvrir une structure sur Moorea près de sa famille, dans laquelle il pourra exercer ses deux passions, la pâtisserie et le tatouage. Comme le dicton le dit : « Quand on aime, on ne compte pas ». C’est sûrement le secret pour arriver à concilier ces activités.

1 Formation acoustique composée du chanteur Teiva LC, de deux guitaristes Moana Nganahoa et Nohorai Temaiana, du bassiste Yannick Mapu et du percussionniste Nelson Viriamu.

2 Voir clip de la chanson APEPE.

3 Mot tahitien pour Pays.

4 Manifestation folklorique traditionnelle polynésienne qui a lieu au mois de juillet dans les îles de Polynésie française, ici à Moorea.

5 Instrument de percussion polynésien utilisé dans les orchestres traditionnels pour accompagner les différentes danses et musiques polynésiennes.

6 Tambour sur pied polynésien et hawaïen faisant partie des orchestres traditionnels.

 

Gwenaëlle Blumenstihl
Rédactrice web

© Photos : Gwenaëlle Blumenstihl

 

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