Fabrice Ballay : un artiste entre traditions océaniennes et modernité
Artiste originaire du Sud de la France, Fabrice Ballay a su faire évoluer sa passion pour les arts à travers un parcours professionnel atypique. De ses débuts dans le dessin industriel à la création d’une entreprise de publicité, il a toujours entretenu un lien profond avec l’art. Aujourd’hui installé à Moorea, il se consacre pleinement à sa pratique artistique, mêlant traditions océanienne et surréalisme pour créer des œuvres exceptionnelles. L’artiste a accepté de se confier à Hommes de Polynésie pour retracer son parcours et partager son univers artistique.
Une passion pour les arts dès l’enfance
Durant son enfance, Fabrice Ballay se découvre des aptitudes artistiques et ressent l’envie de s’évader à travers le dessin. Plus tard, à l’âge adulte, il s’intéresse à la sculpture sur bois.
« Quand un enfant a une fibre manuelle, il finit toujours par développer ce talent, et cela peut le conduire à devenir un artisan d’art, comme c’est le cas dans les travaux manuels. J’ai toujours entretenu une relation particulière avec les outils, qui ne m’a jamais quitté. Je les ai toujours aimés et ils font partie intégrante de mon parcours. »
Une passion pour les arts dès l’enfance
Il commence ensuite sa carrière dans le domaine du dessin industriel en acquérant une expertise dans des techniques variées, dont le pastel et l’aérographe1.
« J’ai pris conscience de mes aptitudes en dessin et les ai pleinement exploitées. J’ai maitrisé des techniques comme le pastel et l’aérographe. Je dessinais des pièces pour des entreprises, mais j’apportais toujours une touche personnelle à mes créations, notamment avec l’aérographe. Cela m’a permis de naviguer entre le dessin technique, souvent rigide, et le dessin artistique, plus libre et expressif. »
Allier technique et créativité dans la publicité
Ressentant toujours le besoin de développer son potentiel artistique, il fonde ensuite sa propre entreprise en France dans le secteur de la publicité, qu’il continue de gérer même après s’être installé en Nouvelle-Calédonie.
« Créer cette société m’a permis de concilier technique et créativité. J’ai dû apprendre à travailler avec des outils numériques, tout en jonglant entre les demandes des clients et mes propres envies artistiques. J’ai créé des logos, des panneaux, des supports publicitaires tout en restant connecté au monde de l’art. La publicité m’a offert une certaine forme de liberté. »
Un art réinventé entre tradition et surréalisme
Fatigué par l’aspect mercantile de la publicité, Fabrice décide, en parallèle de ses activités publicitaires, de se lancer pleinement dans les arts. Il crée des tableaux et des objets sculpturaux sur des matériaux variés comme le bois, l’os, l’acier ou la pierre, s’inspirant de la culture des peuples du Pacifique, en particulier celle de la population kanake, en évitant les reproductions exactes.
« Il s’agit pour moi de rester dans ma vibration de création et de ne pas faire du copier-coller. Ça rend plus intéressant d’utiliser des éléments océaniens ou autres, mais de ne pas les mettre à 100 % dans leur contexte. C’est un peu une façon d’exporter un objet, une idée ou un fantasme et de lui donner d’autres formes d’expression. J’ai travaillé avec des Kanaks. Je m’inspirais de leurs codes tout en restant dans cet état d’esprit lors de la réalisation de mes œuvres d’art. Je m’en inspire, je me nourris et je produis ma propre créativité. C’est bien d’intégrer ma petite touche surréaliste. »
Une interprétation personnelle à travers ses œuvres
Parmi ses œuvres, on peut découvrir une valise en bois ornée de motifs maoris, symbolisant un voyageur rapportant des connaissances culturelles, ou des réinterprétations d’armes de guerre kanakes, transformées en objets humoristiques. Ses tableaux allient surréalisme et contemporain, en y intégrant des éléments de la culture, des paysages, de l’environnement ou de la société des différentes nations du Pacifique.
« Je peins, je sculpte, je fais ce qui me plait sans m’imposer de barrières, en m’inspirant de la culture océanienne. Les motifs et les formes kanaks m’ont inspiré, mais je voulais créer quelque chose de nouveau. L’idée est de donner des pistes aux gens qui viennent voir mon travail sans leur fournir d’explications. Ils doivent ressentir leurs propres émotions et avoir une interprétation totalement personnelle. J’aime qu’ils s’approprient l’œuvre et qu’ils développent leur propre philosophie sur ce qu’ai j’ai voulu exprimer. »
Un parcours artistique atypique
La riche carrière professionnelle de Fabrice lui permet aujourd’hui de développer des compétences variées qui influencent sa pratique artistique de manière originale.
« Je trouve difficile de me définir uniquement comme peintre ou sculpteur. Je suis plutôt un électron libre, utilisant les techniques que j’ai maîtrisées grâce à ma carrière dans la publicité. J’ai travaillé avec divers matériaux comme le béton, la fibre, et la résine, et ces compétences m’ont permis d’explorer des mediums non conventionnels dans l’art. Par exemple, j’ai transformé des matériaux comme le PVC et le métal, utilisés pour des enseignes, en éléments artistiques. Mon expérience dans la publicité m’a offert une approche unique, en utilisant des connaissances techniques dans un contexte artistique. Cette transition entre un métier technique et un métier artistique est essentielle pour comprendre mon travail. »
Après quarante ans passés en Nouvelle-Calédonie, Fabrice s’est installé avec sa vahine wallisienne au fenua il y a trois ans. Il s’inspire désormais également de la culture polynésienne pour ses œuvres, tout en poursuivant ses activités publicitaires.
¹ L’aérographie est une technique de peinture qui utilise un petit pistolet à air pour pulvériser de la peinture, permettant de faire des dessins avec des dégradés et des détails précis.