Musique et bien-être : Benoit Hansen nous met au diapason (1/2)
Fondateur de l’école ‘Upa ‘Upa Natura à Raiatea, Benoit Hansen est un vrai juke-box humain. Il a suffi à Hommes de Polynésie de faire vibrer une corde pour recueillir pléthore d’aventures musicales. Aujourd’hui, en plus d’enseigner une large diversité d’instruments, le quadragénaire encadre des formations musicales hétéroclites tout en développant son studio de production. Dans cette « marmite artistique », Benoit entrevoit un moyen de se faire du bien, convaincu que la guérison passe par les sons.
L’émulation qui se dégage de ‘Upa ‘Upa Natura reflète le parcours professionnel foisonnant de son créateur, Benoit Hansen. Son père, organiste, l’initie à la musique dès l’âge de 8 ans. Le garçon apprend le piano, la guitare, puis les percussions. À 15 ans, guitariste du groupe Mad Purple, il participe à son premier festival devant un public de 300 spectateurs conquis. Parallèlement à ses études en instrumentation, Benoit multiplie les expériences collectives, notamment au sein de groupes reggae, son style de prédilection.
À l’issue d’un tour du monde en solitaire de trois ans, il atterrit en Jamaïque et se plonge corps et âme dans l’effervescence artistique locale. Là, il connaît son heure de gloire.
« En 2012-2013, j’ai rencontré des musiciens formidables. Nous avons tourné un clip qui passait en boucle à la télé – 16 fois par jour pendant 6 mois – ! J’ai joué devant 5 000 personnes au Nouvel An de Kingston. Hompaya Music Production, ma jeune maison de production, a enregistré des dizaines de talents jamaïcains. Notre musique était diffusée sur les radios nationales. »
Cependant, la préparation d’une tournée nationale avec, notamment, Fantan Mojah, est stoppée net à cause d’un accident de vélo qui laisse Benoit gisant sur la chaussée. Heureusement secouru, le convalescent se réoriente vers un autre domaine auquel il a été sensibilisé durant son adolescence, le chamanisme. Il s’y consacre alors entièrement afin de recevoir l’initiation, sorte de baptême qui le forme à diriger des cérémonies et à pratiquer des soins énergétiques. En parallèle, il met à profit son cursus d’ingénieur et travaille, de 2014 à 2018, comme électro-acousticien.
Un professeur multi-instrumentiste
Lorsqu’il s’installe à Raiatea en 2018, naturellement Benoit cherche à rassembler ces différentes voies. Il enseigne une grande variété d’instruments (piano, guitare, basse, percussions, batterie électronique) ainsi que le chant. En 2024, il est rejoint par Jean-Charles Amiot, membre du groupe Pepena, qui dispense les cours de basse et de guitare.
Au-delà de l’enseignement technique, le créateur de ‘Upa ‘Upa Natura met l’accent sur la mise en situation des musiciens en herbe, en constituant des groupes au sein de l’école.
« Nous hébergeons quatre groupes de musique (neuf en 2023), à savoir Skinny Brains, Vāve’a, Fati Rima et les Wasabis. L’an passé, Les Kaskets à l’envers, qui évoluaient dans le style Rock Légende1 ont fait preuve d’un niveau exceptionnel vu l’âge des membres. Le batteur n’avait que 9 ans ! »
L’école accompagne également les projets d’enregistrement, notamment, en ce moment, un opus reggae des Fati Rima qu’elle cherche à diffuser. Quant aux cinq rockeurs de Jellyfish, qui ont désormais leur propre lieu de répétition, ils semblent être sur une belle lancée.
« Au début, je jouais comme bassiste au sein des Jellyfish. Maintenant, ils font pas mal de concerts sur Raiatea et se sont même produits à Tahiti lors d’une tournée en juin 2023. Quant à moi, je m’investis dans la formation reggae Vāve’a aux côtés de Mathias Parquet, connu sous son nom d’artiste Māti Dub, et de Giovani Teahui. La Fête de la musique que nous avons réussi à animer entre deux Covid fut mémorable ! »
Benoit Hansen se dit très heureux de ce que cette école apporte à ses élèves.
« Grâce à la musique, certains élèves introvertis ont réussi à s’épanouir, tandis que d’autres, au contraire très agités, sont devenus plus calmes. »
¹ Inspiré par exemple des Rolling Stones.
Rédactrice
©Photos : École de musique ‘Upa ‘Upa Natura et Gaëlle Poyade pour Hommes de Polynésie
Directeur des publications : Yvon Bardes