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Albert Guilloux Chevalier Hommes de Polynésie

Albert Guilloux-Chevalier, deux siècles de photos sur la Polynésie 

Publié le 26 mai 2025

Employé à Météo-France, à la banque Socredo, aux Archives territoriales, à la Direction de l’Agriculture, musicien et enfin maire de Tumaraa, Albert Guilloux-Chevalier est devenu, grâce à toutes ces expériences, un historien dans l’âme. Qu’il s’appuie sur son vaste collectage de cartes postales ou sur ses souvenirs personnels, le passeur de mémoire réveille notre curiosité. Avec lui, Hommes de Polynésie braque ses caméras sur le Tahiti d’antan.

Une enfance au cœur de Papeete

« Parce que j’ai grandi à Papeete de 1952 à 1978, je connais par cœur cette ville. J’habitais une maison coloniale en bois, semblable à toutes celles du quartier, avec une grande cour et des arbres fruitiers. Nous n’étions qu’à 200 m du marché, au niveau de l’actuelle clinique Cardella, pourtant la vie s’y déroulait exactement comme dans les districts. La route était en terre battue et, à l’exception d’une petite boulangerie, chinoise bien sûr, il n’y avait aucun commerce. L’arrivée du CEP, vers 1962, a tout bouleversé. »

Albert Guilloux Chevalier Hommes de Polynésie
Albert Guilloux-Chevalier fut maire de Tumaraa de 1995 à 2001.

C’est ces évolutions radicales, ces changements de mode de vie qu’Albert Guilloux-Chevalier nous donne à voir au travers d’innombrables clichés glanés un peu partout et qu’il partage quotidiennement sur les réseaux sociaux. Et parmi les nombreux sujets, le cinéma tient une place à part dans son cœur.

Les grandes heures du cinéma

« Mon papa, Robert Chevalier, travaillait pour Tony Bambridge, un personnage important de Tahiti qui possédait trois salles de cinéma à Papeete. De 1945 à 1975 environ, on trouvait des cinémas à Papara, Taravao, Tautira, Mahina, ainsi que dans les îles, Makatea, Raiatea et Moorea. C’est d’ailleurs à mon père que l’on doit l’ouverture du premier cinéma à Raiatea en 1945. Enfant, je l’accompagnais lors de sa tournée hebdomadaire sur Tahiti ; il livrait les rouleaux de film et ramassait les recettes. Grâce à lui, j’ai eu une jeunesse extraordinaire ! »

Albert Guilloux Chevalier Hommes de Polynésie
Véritable « puits de connaissances », Albert Guilloux-Chevalier est membre d’honneur de l’association ’A Nui Taputapuātea.

Sa passion pour la photo commence donc grâce au cinéma auquel il a gratuitement accès, visionnant à volonté western et péplum venus d’Amérique.

L’âge d’or des salles de projection se termine quand la télévision pénètre dans les foyers polynésiens à la fin des années 1960.

Ce fan de cinéma, qui adore le Fifo, reste nostalgique de l’ambiance de l’époque empreinte de franche camaraderie et où chacun allait de son commentaire devant le grand comme le petit écran.

Albert Guilloux Chevalier Hommes de Polynésie
La passion de la photo se déclenche dès l’adolescence chez Albert Guilloux-Chevalier qui pose ici, à Tautira, en 1963.

Silence, on tourne !

« J’ai assisté au tournage de Tiara Tahiti, un film britannique de 1962 réalisé sur Papeete et dans lequel jouait l’acteur James Mason. Le film Tabu, sorti en 1931, fait aussi partie de mes souvenirs familiaux car ma tante Anna Reiri Chevalier y tenait le rôle principal. Tabu raconte la relation interdite entre une princesse et un pêcheur qui, transgressant la coutume, s’enfuient en pirogue pour vivre sur un motu. Ayant reçu un sort, ils y meurent tous les deux. Ce n’est pas du tout un happy end à l’américaine ! »

Le cinéma Tony en 1950 à Uturoa.

La fiction semble avoir déteint sur la réalité, le tournage et l’équipe ayant été frappés de malédiction. De nombreux incidents, noyades, explosions, intoxications… se multiplient jusqu’au décès dans un accident de voiture du réalisateur Friedrich Wilhem Murnau huit jours avant la première du film, prévue à New York en 1931.

Les coulisses de l’Histoire mondiale

« Le mauvais œil poursuivit même ma tante Anna lorsqu’elle se retrouva en Allemagne, en 1936, soit en pleine période nazie, pour promouvoir le film. Mon père m’a raconté sa fuite précipitée vers Liverpool sans qu’on en sache la raison. Bien plus tard, un ami qui préparait un livre sur les sagas polynésiennes m’a appris qu’Adolf Hitler était tombé amoureux de l’actrice tahitienne Reiri ! »

Albert, enfant, en 1961, au sommet du Tapioi, à Raiatea.

À écouter Albert, on replonge, complètement charmés, dans les coulisses de l’Histoire, emportés par ses connaissances extraordinaires et ses souvenirs mémorables.

Gaëlle Poyade

Rédactrice

©Photos : Gaëlle Poyade et Albert Guilloux-Chevalier pour Hommes de Polynésie

Directeur des publications : Yvon Bardes

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