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Société

Daniel Palacz, collection de la Polynésie d’antan

Publié le 20 juin 2020

D’un coup de main détendu mais sûr, Daniel tourne la clef et ouvre la porte de son musée, et comme si le temps se figeait, chaque pas franchi dans cet espace de 10m par 10m doit être pris avec une précaution respectueuse. Il ne faudrait pas ouvrir accidentellement une brèche dans l’espace-temps. Daniel, lui, semble connaître les moindres recoins de sa collection, il y évolue avec aise. Hommes de Polynésie s’aventure dans les vestiges d’une Polynésie peu connue, celle que Daniel Palacz collectionne avec affection.  Après quelques plaisanteries, Daniel amorce.

Un polonais de France

Né en 1945 de parents polonais, à Villeneuve Saint Georges, dans la banlieue parisienne, Daniel devait faire valider sa carte de séjour au commissariat local tous les 6 mois. Certes né en France, la situation d’après-guerre contraignait beaucoup d’immigrants à ce type de formalités.

“ En France quand tu nais de mère et père étranger, tu es traité différemment ”

À 17 ans, Daniel devance l’appel de l’armée et rentre dans la marine en qualité principale de plongeur.

“ J’ai passé quatre années super dans les sous-marins…on était très à carreaux sur la sécurité, par contre la discipline c’était une autre histoire.” 

Une ambiance formatrice qui, plus tard, le dirige vers de nouveaux horizons.

Une relation explosive avec la Polynésie

En 1966, les sous-marins c’est fini. Il est affecté en Polynésie où il passera 8 mois inoubliables à Papeete, et tombe sous le charme du pays. 

“On faisait la bringue avec tous les musiciens locaux, on était bien.” 

Mais voilà, on ne chôme pas longtemps dans la marine. Daniel est alors envoyé à Mururoa en tant qu’artificier sous-marin. En 1971, il tire un trait sur le CEP et monte son entreprise de dynamitage. De fil en aiguille les chantiers s’accumulent, les affaires vont bien.

“On a fait péter 200 tonnes de dynamite, pour l’aérodrome de Terre Déserte au Marquises, si tu alignes les bâtons, tu fais 2 fois le tour de Tahiti.”

Une collection de vie

Un jour par tout hasard Daniel fait la rencontre d’un tahu’a 1 de Arue. Après une longue discussion sur l’importance des roches dans la culture polynésienne, il l’invite chez lui pour lui montrer sa collection. Suite à cela, pendant plus d’un an, ils se rendent sur les marae de Papenoo, où le vieux sage instruit Daniel. Daniel attrape le virus.

“Le vieux m’a tout appris, des points cardinaux sur les marae, à l’emplacement précis de tout.”

Il commence à collectionner les pierres et les artefacts qu’il trouve dans les vallées, mais s’intéresse aussi à l’histoire écrite de la Polynésie et acquiert des lettres de la famille royale.

“J’aime beaucoup toutes les anecdotes que ces lettres dévoilent, elles dessinent le contexte de l’époque beaucoup mieux que tous les communiqués officiels.”

C’est avec beaucoup d’humour que Daniel les rapporte. Une de ses préférées témoigne d’une facette peu connue de la reine Pomare V.

“Un jour, la reine se fait inviter à aller pêcher avec un lieutenant de l’époque. Le truc marrant, c’est que c’était de la pêche à la dynamite… Ils étaient pas très écolo à l’époque.”

D’enchère en enchère, Daniel élargit sa collection avec plus d’artefacts : lances, casse-têtes, tiki, instruments de navigation de la Bounty, pour n’en citer qu’une petite partie… Aujourd’hui sa collection n’a pas à rougir du musée de Tahiti et ses Îles, car malgré sa plus petite taille, elle reste néanmoins l’objet du travail d’une vie.

Une succession?

C’est la passion qui anime la collection de Daniel, après toutes ces années, toutes ces pièces, tout cet investissement, il ne demande rien. Si quelqu’un se présente avec un projet qui lui semble honorable, Daniel donne.

“Quand ça sort de chez moi, soit je donne soit je ne donne pas, mais je n’ai jamais cherché à vendre ou à revendre.”

Pour Daniel les lettres, les pièces ou les photos d’époque n’ont pas de valeur, elles sont intemporelles et inestimables. Sa collection reste parmi les seuls vestiges d’une Polynésie qui a été construite par des hommes, des femmes, des rois, reines, princesses, lieutenants et commissaires, et nous ouvre les portes de l’intimité de ces personnages historiques.

Quant au futur, Daniel fait appel à la jeunesse.

“Je cherche une succession, j’aimerais savoir que quand je pars, ma collection continuera.”

Jeunes passionnés d’histoire, à vos projets!

1 guérisseur

 

Niuhiti J. Gerbier
Rédacteur web

© Photos : Niuhiti J. Gerbier, Daniel Palacz

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