Nico : Entre fiction et création, acting et découverte de soi
Enfant dissident de la ville de Papeete, Nicolas raconte sa fabuleuse histoire à Hommes de Polynésie. L’aventure d’un artiste au cœur ébranlé, au parcours dont le détour en vaut l’arrêt, et c’est au son vibrant de sa planche sur les pavés de Vaiete qu’il narre aux proses égarées, la jeunesse et l’espoir comme un hymne à la vie. Quand consonances brutes s’entrechoquent à l’acting de la fictivité.
JEUNESSE DISSIDENTE ET CURIEUSE
Enfant de la capitale à la cathédrale jaune, Nicolas Yuenthinsoi grandit et entame son lycée en 2017 à Taaone en Sti2d Sin1, pourtant en vain.
« J’ai décidé de quitter l’école parce que j’ai raté deux fois mon bac. Et surtout, j’étais en train de me noyer dans une filière qui ne me plaisait pas du tout. »
Mais c’est le cœur ambitieux qu’il tente de découvrir à travers les différents milieux professionnels ce qui lui plaît. L’année qui suit, il enchaîne les petits boulots.
« J’ai travaillé comme livreur à Api Days et j’ai fait un CAE à Terres d’Arts. »
2019 est synonyme de renouveau pour le jeune indécis. Un casting est lancé sur les réseaux sociaux pour une nouvelle série télé locale.
« Ma mère m’avait identifié sur Facebook dans une annonce de casting lancée par Lucid Dream Prod, je me suis dit, pourquoi pas essayer ? Au moins pour le fun et j’y suis allé. »
C’est le début de son ascension, de sa renaissance.
« Je me suis assis, je me suis présenté. Puis ils m’ont donné un scénario que j’ai joué directement. »
L’ACTING ET LA SÉRIE MA COLOC
Cette série télévisée intitulée “Ma Coloc” de catégorie Sitcom2 recherche son acteur principal et il suffit de quelques minutes pour le coup de foudre.
« Après le casting, ils m’ont appelé et m’ont dit que j’étais retenu. C’est arrivé là-bas qu’ils m’ont tout expliqué avant de me dire en dernier : on t’a donné le premier rôle. »
Cette réponse positive est une grande surprise. Loin des études et des cours particuliers, seule sa culture passionnée de cinéphile lui suffit pour rentrer dans ce rôle.
« Enfant, j’aimais beaucoup Toy Story et je m’amusais à parler en même temps que le personnage. Maintenant avec mes amis, on aime bien s’embêter en jouant des scènes de films.»
Et c’est non sans un rire étouffé qu’il nous avoue ce que les autres figurants pensaient comme un fait acquis et véridique :
« Officiellement, je n’ai jamais lu par cœur tous les textes. Je les lisais tous les soirs, je m’imaginais les scènes, je voyais les gestes et m’amusais à mettre des rimes car le réalisateur m’y a autorisé. »
Mais au-delà de cette confession, le tournage est la découverte d’une passion enfouie qui ne demandait qu’à être trouvée.
« On m’a montré comment cadrer, tenir une caméra, comment se passe la post-production. Je me suis rendu compte que tout ce qu’ils faisaient m’intéressait. »
Nicolas se découvre aussi lui-même dans toute son intimité, mais surtout dans une réalité forte, miroir de ce qu’il est capable d’accomplir.
« Grâce à la série, j’ai regagné confiance en moi, j’ai appris à gérer ma timidité. Je me suis fait violence car c’est maintenant ou jamais. »
Toutes ces expériences lui ouvrent les yeux vers une nouvelle voie professionnelle.
« Ça m’a rendu super joyeux ! Des fois, on commençait à 7h et on terminait à minuit. Ma mère me demandait si je n’étais pas fatigué. Mais non, j’adore ce que je fais. »
Et c’est le cœur nostalgique que Nicolas laisse derrière lui les claps, les nems et les rencontres du tournage. Mais c’est avec beaucoup de conviction qu’il voit le futur.
« Si on me propose autre chose dans l’acting, je dirai « à fond », je le ferais volontiers.»
L’ÂME D’UN ARTISTE DU XXIe siècle
Artiste né, le skate et le rap sont des notes basses qui s’entrechoquent dans le cœur vif de ce jeune homme.
« Larry3 s’est rendu compte que j’écrivais dans mon coin et il m’a proposé de poser sur un micro et de faire du son. C’était une révélation pour moi.»
Comme pour chaque artiste, son éxutoire est le rap. Un rythme musical que l’on définit ardemment aux connotations violentes mais dont la profondeur des mots est semblable aux sonnets d’antan.
« Depuis que j’ai rencontré Lucid Dream Prod, j’ai l’impression d’avoir trouvé une voie parce que, quelque part j’ai envie d’être un artiste. »
Inspiration des actualités, de la littérature, à la découverte d’autres modes de pensées, nous nous languissons d’apercevoir ses premières compositions. En attendant, son parcours est atypique oui, mais son histoire est semblable à bien d’autres jeunes à la recherche d’une voie. Voici ses mots remplis d’espoir.
« Si j’ai un pote et qu’il est perdu je lui dirais, relève toi et vois ce que demain te réserve. Chaque jour suffit sa peine, demain personne ne sait de quoi il sera fait. »
¹ Programmation numérique
² Comédie de Situation
³ Réalisateur de la série télé “Ma Coloc”
Manutea RAMBAUD
Rédactrice
©Photos : Manutea Rambaud pour Hommes de Polynésie