Hommes de Polynésie Retrouvez nous sur
Site de Femmes de Polynésie Hommes de Polynésie

Je passe
d'un site à l'autre

  • Charles Berselli, le rayonnement du reo tahiti à l’OPH

Art & Culture

Graff, murs et pinceaux : le street art par Ravage

Publié le 28 juillet 2022

À l’époque où Diego Rivera1 dénonçait la société à travers ses imposantes fresques murales, l’art de la rue flâne, chute, mais se relève avant tout, démontrant sa personnalité et son impact dans le milieu artistique. Hommes de Polynésie rencontre Ravage, artiste polyvalent mis en lumière par ses couleurs et ses coups de pinceau sur les façades locales. L’évolution des musées gardés par les alarmes des temps modernes est troquée pour des galeries en plein air où les œuvres vivent au rythme de la société.

ONO’U, FESTIVAL DE RENCONTRES

Au croisement de ces artistes, d’un délit à une acceptation sociale, sur l’île de Tahiti où l’image de la carte postale se fait effacer par Chantal Spitz, le graff se meut à sa manière dans une époque plus avancée.

Au cours d’une soirée, lorsque les étoiles se montrent et se pavanent à la lueur de la lune, Ravage rencontre Sarah Roopinia, créatrice du festival Ono’u innové en 2014.

« Et depuis 2019, je peins avec eux ainsi que d’autres artistes locaux. »

Le pinceau danse et file sur les murs où les symboles sont apposés en 2D dans une symétrie où l’influence artistique se mêle au triangle des cultures.

« J’ai fait une fresque l’année dernière avec l’artiste français Kalouf. Il a peint un kaveu et j’ai fait les motifs polynésiens en arrière-plan. »

© Ravage

« Et cette année, nous étions en collaboration avec Case Maclaim, un artiste allemand, qui a réalisé le portrait de Jean-Claude Tauraa sur le bâtiment Casino à Punaauia. »

© Manea Mazet

LE RYTHME DE LA POLYVALENCE

Les mouvements dans sa vie sont une houle incessante dans laquelle chaque série est une nouvelle opportunité qui s’offre à lui. Laissant entrevoir un creux luisant où sa planche créative glisse à travers les sonorités aiguës des embruns salés.

« J’ai commencé le tatouage avec les frères Salmon et jusqu’à maintenant je suis tatoueur en tant que profession principale. »

Les cliquetis du critérium se marient au grésillement de l’étreinte de la gomme sur le papier encore granuleux de sa suprême limpidité.

« Lorsque je me suis bien lancé dans le tatouage, j’ai voulu varier en faisant des fresques chez des particuliers. »

Progressivement et quelques années plus tard Ravage rejoint Pk0 tattoo shop, et invariablement persiste dans le graphisme concomitamment à la peinture.

L’ÉVOLUTION DE L’ART DE LA RUE

Tandis que dans les années 60 le graffiti éclos sous les bombes de Cornbread en Philadelphie, Blek le rat suit sa voie du pochoir en France un peu plus tard, époque où persiste cette peur et cette adrénaline de l’interdiction.

« Depuis 2014, après l’événement du festival Ono’u, la vision des gens a complètement changé sur le graff. Maintenant, tu peux demander plus facilement à peindre sur un mur. »

« Avant, dès que tu avais une bombe, ils te disaient de partir, car ce que tu allais faire était considéré comme sale. Alors que la bombe est un outil comme un autre, c’est comme si tu utilisais un pinceau. C’est un outil de travail. »

Les bombes apportent une technique rapide et esthétique, nous dit-il. Puis continue en ajoutant quelques mots partagés avec l’artiste Kalouf.

« Ce qui est intéressant avec les motifs polynésiens, c’est qu’ils s’adaptent à tout type d’art. Tu peux faire des fresques, du graphisme, tu peux l’intégrer à n’importe quel style. Et ça, c’est un point fort qu’il a relevé, car je peux travailler avec des motifs et les combiner aux styles étrangers. »

À la façon du tag « Kilroy was here »2, Ravage impose son nom et son style dans l’univers du street art polynésien où se meut couleurs et symboliques.

« J’aime tout faire, mais en ce moment j’ai plaisir à combiner des portraits avec des motifs. Je n’ai pas encore trouvé ma signature, mais j’y travaille. »

Et sans cesse Ravage nourrit son art.

« Pour chaque artiste, on peut voir 3 points se déployer. Au début, tu as l’inspiration, d’un art ou d’une personne. Puis tu as l’imagination, la partie sur ce dont tu t’es inspiré et tu vas les combiner pour créer un projet unique. Enfin, il y a la création, il faut que tu saches réaliser ton projet en ayant les techniques assimilées. Et ce processus, tu peux l’appliquer à n’importe quelle pratique. »

1 Peintre mexicain et artiste révolutionnaire du 20e siècle connu pour ses fresques murales.

2 Tag réalisé sur les bombes durant la Seconde Guerre mondiale par un ouvrier dans une chaîne de production d’armement nommé Kilroy.

Manutea Rambaud

Rédactrice

©Photos : Manutea Rambaud, Ravage et Manea Mazet pour Hommes de Polynésie

Pour plus de renseignements

À découvrir également :

Partagez Maintenant !

Newsletter

Abonnez-vous à notre newsletter pour recevoir du contenu de qualité

* En cliquant sur VALIDER, nous attestons que l'adresse mail ne sera utilisée que pour diffuser notre newsletter et que vous pourrez à tout moment annuler votre abonnement.