Donatien Jumel : lumineux regard vers le passé
« Peindre avec la lumière », signification littérale du mot « photographie ». C’est ainsi que Donatien Jumel imagine sa nouvelle exposition : en réunissant les deux idées. La peinture d’après des anciennes photographies, et la recherche de la lumière dans chacune de ses scènes. Le tout s’appelle « Tahiti Vintage ». L’exposition, la troisième pour le peintre, est à découvrir du 25 septembre au 11 octobre, à la galerie Au Chevalet. C’est dans ce lieu dédié à l’art qu’Hommes de Polynésie rencontre Donatien.
coup de coeur pour la polynesie
« La lumière du Fenua est unique. »
Si spéciale qu’elle donne immédiatement envie à Donatien Jumel de reprendre ses pinceaux. Car, même s’il s’est destiné tôt à la peinture, alors qu’il arrive avec femme et enfants à Moorea, il a délaissé son art depuis quinze ans. Mais la Polynésie le touche en plein cœur.
« Je suis immédiatement tombé amoureux de ces îles de Polynésie (…). C’est avant tout les Polynésiens qui m’ont donné envie de peindre de nouveau. »
peindre la lumière
Il y a plus d’un siècle, Paul Gauguin voyait du mauve dans la lumière de Polynésie. C’est justement la couleur préférée de Donatien. Depuis cette année, il introduit cette teinte dans les nuages, les ombres, les lumières. Et ça change tout. Enfin, il touche du pinceau la réalité, et c’est important pour Donatien, pour qui l’à-peu-près est inenvisageable.
« Je peins ce que je vois, ce que je ressens aussi. Je sais inventer, mais ça ne m’intéresse pas. Il y a plus de défis et d’intérêt dans le concret. »
un art vivant
Donatien acquiert pendant ses études les fondements de son art. En 1996 il obtient un bac en arts appliqués.
« Comme j’ai une bonne base en dessin, je peux me concentrer sur ce que j’aime, la couleur, la lumière. »
Depuis, aucune situation ne lui fait peur ; l’artiste peut peindre ce qu’il veut, bâtiments, perspectives, véhicules, personnages. L’art habite ses mains. Et autour de lui, tout peut bouger.
Dans son atelier, alors que les couleurs éclaboussent sa toile, ses oreilles suivent des documentaires audios, ou vibrent sur du rock agressif. S’il s’écoutait, il s’installerait en plein centre ville de Papeete, et au milieu des bruits de circulation, du brouhaha des passants, du regard des curieux, il répondrait à chacun, dans toute cette vie intense, et peindrait l’intégralité de ce que ses yeux saisiraient. D’ailleurs, sa deuxième exposition rendait hommage aux vendeurs de rue.
temoignage des annees 1970
Les toiles de « Tahiti Vintage » s’inspirent d’anciennes photographies et cartes postales, dont la recherche a été particulièrement longue et laborieuse. Mais quel régal de redonner vie à cette époque ! Sans y avoir vécu, Donatien les aime, ces années 1960 à 1970. Il regrette de n’avoir pu connaître les trucks de cette époque. À défaut, il les dessine.
« Si je m’écoutais, je ne peindrais que des véhicules ! »
des toiles comme des photos
Les anciennes photographies, devenues peintures sous les doigts de Donatien, reprennent l’aspect de photos vues de loin. Le secret réside dans la peinture à l’huile, une technique que Donatien apprivoise durant deux ans avec un peintre de la marine, juste après son passage fugace à l’école des Beaux-arts. Devenu indépendant, il peint des paysages de France, des natures mortes, et s’attache aux vieux métiers qui ont disparu : fileuse de laine, sabotier, potier, forgeron, vannier, etc.
un peintre au regard historique
Pour Donatien, il est important de connaître son histoire, certainement conscient que « pour prévoir l’avenir, il faut connaître le passé. »¹ Pendant plus de dix ans, au pays des Châteaux de la Loire, le peintre au cœur d’historien se glisse dans la peau d’un cascadeur, pratique l’escrime ancienne, réalise des spectacles vivants du 18e siècle. Ce rôle de comédien ne laisse plus de place aux tableaux.
« Dans la peinture, je me donne à 100%, sinon je n’évolue pas. »
Mais aujourd’hui, toiles et pinceaux font à nouveau partie de sa vie. Donatien vient d’achever une cinquantaine de peintures qui parlent de la Polynésie d’autrefois. Usant de couleurs vives, éclatantes. Et d’un peu de mauve… On dirait que les personnages et les véhicules vont bouger pour de vrai. Hommage aux photographies d’autrefois. Témoignage d’une époque où peu de scènes de vie étaient peintes. Ôde à la Polynésie, où…
« … La lumière est unique. »
¹ Citation de Machiavel, philosophe
Doris RAMSEYER
Rédactrice
©Photos : Doris RAMSEYER pour Hommes de Polynésie
Pour plus de renseignements
Exposition « Tahiti Vintage » à la galerie Au Chevalet, du 25 septembre au 11 octobre
Avenue Pomare V, au 1er étage de l’immeuble Lifont Musique
Horaires : Lundi, de 13h30 à 17h30. Mardi à jeudi, de 8h00 à 12h00 et de 13h30 à 17h30. Vendredi la galerie ferme à 16h30. Samedi, de 8h00 à 12h00.