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Sport

Jean-François Caporali : allier sport et paraplégie

Publié le 1 juillet 2025

Ça n’arrive pas qu’aux autres : il y a dix mois, le handicap entre par effraction dans l’existence de cet athlète tout terrain. Homme de Polynésie rencontre Jean-François Caporali, pour qui le sport a toujours été toute sa vie. Sa pratique, à réinventer, sera peut-être sa planche de salut. Désormais, il compose avec une chaise roulante, de la patience, de la résilience et de la volonté pour avancer sur ce nouveau chemin bordé d’épines et saisir les petits bonheurs qui s’y glissent. 

UNE FRACTION DE SECONDE ET LA VIE BASCULE

Jean-François Caporali vient de franchir la ligne d’arrivée des 5 kilomètres au marathon de Moorea. Essoufflé[1], épuisé, heureux, ou presque.

« Je n’ai jamais été autant applaudi en étant aussi bas dans le classement ! »

Parcours des 5 kilomètres au marathon de Moorea, mars 2025
« Le sport, ça me permet d’exister. »

Avant, il avait beau participer à des trails de 50 kilomètres, à des marathons, à des Bike and Run, parcourir des pistes à VTT ou à moto, s’adonner à la natation, à des sports collectifs ou de combat, s’essayer au va’a : pas d’applaudissements du public. Il était un sportif comme tant d’autres. Et il avalait des kilomètres en pleine nature, ivre d’adrénaline, de nature, de force et de liberté. 

« Faire du sport, c’est me sentir vivant. »

Il y a dix mois, une chute vertigineuse brise cet équilibre, celle d’une falaise de dix mètres à Rurutu lors d’une randonnée. Le diagnostic est impitoyable : après l’arrêt cardiaque, le coma, l’hémorragie, les fractures et les opérations, il reste la chaise roulante, et la paraplégie en T5[2]. Depuis sous la poitrine jusqu’aux pieds, le corps de Jean-François ne lui appartient plus vraiment : plus de mouvements, plus de sensibilité. Une immobilité absolue contenue dans un fauteuil roulant. Des roues en guise de jambes.

UNE VIE DE SPORT

Depuis plus de 40 ans, le sport habitait l’existence de Jean-François Caporali. C’était un loisir, un bien-être, un défi, un engagement humanitaire parfois, et même une profession : il était professeur d’EPS[3], détaché de la France à Rurutu pour deux fois deux ans.

« Puisque la nature m’a fait repartir vers la vie, il me faut trouver des objectifs pour continuer, sinon le changement est trop brutal. »

Jean-François s’inscrit à une première course, la Urban Run en novembre 2024, trois mois seulement après son accident. Son épouse et des soignants du centre Te Tiare[4] courent à ses côtés et se relaient pour l’aider à pousser son fauteuil roulant. Idem pour la course de la Saint-Valentin, les 5 kilomètres du marathon à Moorea et la Color Fun Run 2025.

Course de la Saint-Valentin à Arue, février 2025 : « Quand tu rencontres des soucis, tu fais du sport, et ça va mieux. »

Il y a le bonheur d’avancer sur l’asphalte, de percevoir le soleil et le vent sur sa peau, de sentir l’effort dans ses bras. Et il y a la comparaison sournoise et inévitable avec “avant” : tant d’efforts, de logistique et d’aide pour 5 malheureux kilomètres, tout cela pour arriver parmi les derniers… 

REnaître AVEC LE SPORT

Jean-François Caporali participe aux courses avec un fauteuil roulant lourd, non-adapté au sport, le seul qu’il puisse utiliser. Car suite à sa paraplégie, un ostéome[5] s’est développé dans sa cuisse gauche et transforme peu à peu le muscle en tissu osseux, lui empêchant l’usage d’un fauteuil plus léger et évolutif, ce qui impacte sa mobilité, son autonomie et ses projets sportifs. N’empêche que sur ces courses de 5 kilomètres, Jean-François est le seul participant en chaise roulante. Si la sienne est peu maniable, avec son équipe il s’adapte pourtant aux aspérités du terrain.

« À moi de me faire ma place, dans les courses comme dans la société, parce qu’il n’y en a pas pour moi. »

Avec son épouse non seulement sportive, mais aussi patiente, positive, et confiante, ils s’offrent des parenthèses au goût de liberté qui redonnent le sourire à Jean-François. Un séjour à Tikehau où il peut se baigner dans le lagon. Des vacances en Nouvelle-Zélande avec une multitude de sentiers à parcourir en joëlette[6], et même l’opportunité de grimper sur un glacier. 

En joëlette sur le glacier Fox en Nouvelle-Zélande, île du Sud

« Je rêve de me relever. Il n’y a que le temps qui m’aidera, non pas à accepter ma nouvelle condition, mais à la tolérer. »

Si le temps demeure son allié, l’humour a aussi sa place, tout comme le sport et l’envie de faire bouger les choses pour les porteurs de handicap. Devant ses roues en aluminium, s’esquisse un long chemin de résilience, de courage et de volonté. 

Parc National Abel Tasman, Nouvelle-Zélande, île du Sud.

[1] Dans la paraplégie, la faiblesse des muscles abdominaux et intercostaux provoque de l’essoufflement à l’effort.

[2] Atteinte au niveau de la 5ème vertèbre dorsale.

[3] Éducation physique et sportive.

[4] Centre de rééducation et de réadaptation fonctionnelle.

[5] Tumeur bénigne osseuse qui exigera une ablation chirurgicale dès qu’elle sera stabilisée.

[6] Fauteuil roulant tout-terrain pour le sport.

Doris Ramseyer

Rédactrice

©Photos : Doris Ramseyer pour Hommes de Polynésie et Jean-François Caporali

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