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Société

Vatea Taerea, faire partie de ceux qui agissent pour le fenua

Publié le 3 septembre 2024

Le mois d’aout touche à sa fin et le soleil se couche un peu plus tard à Tahiti. Nous retrouvons Vatea Taerea à l’ancienne école Amatahiapo de Mahina, qui accueille différentes associations, dont Tātā’i et ses ateliers collectifs de réparation. Dans une ancienne salle de classe, Vatea raconte à Hommes de Polynésie sa reconversion professionnelle et son engagement dans le recyclage. 

Se reconvertir pour se poser

« J’ai toujours travaillé en cuisine, dans les grands hôtels à Tahiti, à Nukutepipi, mais aussi à bord de l’Aranui. J’étais chef de cuisine et j’ai voyagé dans presque toutes les iles. Je suis allé des centaines de fois aux Marquises. »

Après douze ans en hôtellerie-restauration, Vatea Taerea ressent le besoin de changer de rythme de vie et de revenir auprès de sa famille et ses trois enfants à Mahina.

« À un moment donné, je ne voulais plus voyager. Avec mon travail sur l’Aranui, je ne voyais pas souvent mes enfants. Pour être plus présent, j’ai cherché du travail à terre. Quand on m’a proposé de travailler à la ressourcerie, ici à Mahina, juste en face de chez moi, j’ai sauté sur l’occasion. C’était l’opportunité de me poser. »

Il rejoint donc les ateliers de la ressourcerie de Tātā’i en juin 2024 et entame sa reconversion à travers un contrat CAE[1] en insertion. Grâce aux formateurs de l’association, il apprend à réparer les appareils électroménagers.

« Je répare les télés, les ordinateurs, les boombox… J’ai toujours pensé que réparer les télés, c’était hyper difficile. Mais en fait, c’est tout simple quand tu comprends la logique.
On a des cours de théorie et de pratique : les formateurs prennent le temps parce qu’on est que quatre. Aujourd’hui, j’arrive à faire les diagnostics et réparer les appareils. C’est une qualification nouvelle et je me sens plus apte, plus utile. On recycle, c’est beau, on travaille pour le
fenua. »

Il semble que la transition de la cuisine à la réparation d’appareils électroménagers se soit faite facilement pour le jeune homme de 35 ans. En effet, ce dernier travaille toujours de ses mains, mais il a troqué son tablier de cuisine impeccable pour bricoler dans les ateliers de l’association Tātā’i.

Allier reconversion et recyclage: le pari relevé par Vatea et Tātā'i

Se former pour être utile

En ouvrant les yeux sur l’importance du recyclage, Vatea a embrassé pleinement son choix de reconversion. Sa formation va durer un an.

« C’est vraiment ici que j’ai été sensibilisé à l’écologie. Je souhaite à tout le monde de passer à Fenua Ma pour voir comment on traite les déchets. Ça donne encore plus envie de participer en faisant un geste. On peut tous trier dans les bacs. C’est un acte civique.
Plutôt que de déposer les déchets ménagers au bord de la route, les gens nous les amènent à la ressourcerie. On les transforme en meubles par exemple. On récupère des pièces qui peuvent être réutilisées et on trie les déchets pour faciliter le travail de
Fenua Ma.

Le samedi, on répare gratuitement les appareils avec les techniciens et les formateurs. Ce qui me plait, c’est de me sentir écocitoyen. Je participe à ce processus de protection du fenua. Mon travail a du sens, et en plus, je suis auprès de ma famille.»

Sensibiliser pour agir

« Depuis que je travaille à la recyclerie, j’en parle autour de moi. Mes enfants font le tri à la maison, je leur enseigne. C’est important.
Je sensibilise aussi ma famille, mes amis : je leur explique ce qu’on fait à la ressourcerie car c’est tout nouveau, les gens ne connaissent pas. Ils voient que ça va dans le bon sens, certains sont même venus déposer leurs appareils ménagers pour qu’on les traite. C’est important d’agir, de mobiliser et éduquer les autres. »

Le père de famille est fier de sa reconversion et embrasse avec enthousiasme sa formation. D’ici un à deux ans, il pourra valider l’une des deux certifications d’agent valoriste des biens de consommation courante ou de technicien valoriste du réemploi, délivrées prochainement par le futur centre de formation de Tātā’i, dédié aux métiers du réemploi.

« Cuisiner, c’était joli, mais maintenant que je fais de la recyclerie, mon travail a un autre sens. Je fais partie de ceux qui agissent pour le pays et je me sens acteur de ce mouvement écologique. »

La nuit va tomber doucement, et Vatea nous donne congé. Il va rejoindre son fils Tahimana qui sort de l’école et, ensemble, ils rentreront à la maison, juste en face de la ressourcerie.

[1] Convention d’Aide à l’Emploi

Marie Lecrosnier–Wittkowsky

Rédactrice

©Photos : Marie Lecrosnier–Wittkowsky pour Hommes de Polynésie

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