Florent Costa, l’envol au-dessus de l’eau
Depuis le parc de Vaipoopoo, on peut voir Florent Costa voler sur l’eau : avec son foil, il décolle sur le lagon de Puna’auia. Ce jeune professeur de foil a embarqué Hommes de Polynésie à bord de son bateau pour une interview au Banc de sable. Il nous raconte comment il est venu à faire de sa passion son métier.
Le foil est une aile en carbone fixée sous la planche qui permet de s’élever au-dessus de l’eau.
Revenir sur le plan d’eau
Florent Costa arrive à Tahiti à l’âge de cinq ans, et grandit sur un bateau, à Puna’auia. Cette proximité avec l’eau l’amène très vite à toucher aux sports de glisse : le surf, le wake, le foil. Après une licence STAPS à Tahiti, le jeune homme poursuit ses études en master MEEF1 à Bordeaux dans l’optique de devenir professeur d’EPS. Mais les plans changent !
« Très vite, je me suis dit qu’il fallait que je revienne à ce que j’aime – à ce moment c’était faire du foil et du wake. J’ai obtenu mon master et je me suis dit : pourquoi pas me tourner vers prof de wake ou foil ? Donc, j’ai fait un BPJEPS2 activités nautiques tractées. Et je suis revenu à l’essentiel ici, aux racines, le plan d’eau est magnifique. »
Florent revient au fenua et ouvre très rapidement son école : Tahitian Foil School. Depuis deux mois, il accueille ses élèves à bord de son bateau.
« J’ai envie de transmettre ma passion : on me contacte, j’amène faire des tours de wake et de foil. Je suis disponible tous les jours entre 7h et 17h : le matin pour les meilleures conditions et le soir, pour les sessions sunset. Pour l’instant, c’est top, tout se passe bien et les gens repartent avec le sourire! »
Depuis, le rider est tous les jours à l’eau, pour enseigner ou naviguer.
Transmettre la passion
«Ma discipline, c’est le foil. J’ai voulu la mettre en avant avec l’école. Le foil est arrivé il y a 4 ans en Polynésie. Avec mes amis, nous faisions partie des premiers sur l’eau. Ça nous a attrapés directement ! Ce que je préfère, c’est naviguer derrière le bateau. Souvent, quand on n’a pas le bateau, on part du bord et on va chercher la vague des bateaux qui circulent ici. Ça, c’est vraiment le rêve. »
Mordu de glisse, Florent a réussi à passer de rider à professeur pour partager sa passion :
«J’ai toujours été prof dans le sens où on m’a toujours demandé conseils, sans que ce soit professionnel. Ça me paraissait logique de transmettre encore à d’autres personnes, de manière professionnelle. Ça n’a pas vraiment changé : je le faisais pour des amis, maintenant je le fais pour d’autres personnes. C’est une transmission de passion qui est incroyable car les gens repartent avec cette sensation d’avoir volé. Et les émotions apparaissent assez rapidement, dès le premier décollage au-dessus de l’eau. C’est addictif. »
Les cours de Florent s’adressent aux curieux et aux débutants qui veulent découvrir cette sensation de vol, mais aussi aux surfeurs qui veulent se lancer dans le foil ou le wing foil. L’école travaille également avec la mairie de Puna’auia et organise des après-midis qui rassemblent des jeunes des quartiers pour des après-midis sportives.
« Le 21 aout, par exemple, on organise des activités autour des sports nautiques pour les enfants, donc je suis 4 heures sur l’eau pour faire rider les petits. On a fait des initiations, des journées portes ouvertes. Les enfants adorent et on a un très bon contact avec la mairie de Puna’auia. Merci à eux pour ces moments. »
Le flow tahitien
Le professeur est investi dans le développement du foil à Tahiti, mais aussi son rayonnement à l’international.
« Avec mon ami Bastian, on a créé la première association de foil à Tahiti : le Tahitian Foil Club, et par ce biais, on organise des compétitions depuis trois ans. La dernière a eu lieu le 7 juillet 2024.
Grâce aux compétitions, on met Tahiti sur la carte, on montre que le foil est présent ici. Certains riders sont partis à Hawaii : on se fait une place à l’international.
Lors des compétitions à Tahiti, certains jurys venus de l’international nous ont dit qu’il y a un vrai flow tahitien. C’est que à Tahiti qu’on voit ce genre de ride, de mouvement, d’aisance sur l’eau et de fluidité. C’est glorifiant de se dire qu’on a un style assez unique dans le monde. Cette façon de surfer derrière un bateau est propre à Tahiti. En plus, avoir un décor comme celui-ci nous met vraiment en valeur !C’est vraiment cool d’être reconnus pour tout ça. »
Perché sur son bateau, le jeune homme semble être ravi d’avoir retrouvé sa place sur le plan d’eau où il a grandi. Il est dans son élément et rayonne : un professeur si passionné ne peut que partager son engouement pour le foil et la glisse. Et si le foil ne vous tente pas, vous pourrez vous mettre à l’eau en bouée, wake ou wake skate !
¹ Master de l’enseignement, de l’éducation et de la formation
² Brevet professionnel de la jeunesse, de l’éducation populaire et du sport
Rédactrice
©Photos : Marie Lecrosnier–Wittkowsky pour Hommes de Polynésie et Mégane S. Photography