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Société

Geoffrey Tevaearai : l’agriculture, un héritage à cultiver

Publié le 1 août 2024

Dans la vallée de Puunui, Geoffrey Tevaearai nous invite à découvrir ses plants de choux, de poivrons, d’aubergines. Hommes de Polynésie s’est rendu dans son fa’a’apu pour écouter une histoire de famille.

L’agriculture, un héritage familial

Geoffrey Tevaearai est né à Tahiti et a passé sa vie sur le plateau de Puunui. Ses parents et ses grands-parents étaient des agriculteurs. Très vite, ils ont transmis à Geoffrey la passion de la terre. En effet, la famille a toujours exploité le même terrain pour produire des légumes. 

« Le terrain a été transmis de génération en génération, il a été cultivé par la même famille. Dès mes cinq ans, les vacances, les mercredis, les week-ends, je les passais dans le fa’a’apu. Mes parents m’ont appris très tôt à cultiver la terre. Ça me fait plaisir de travailler sur le terrain de mes ancêtres. »

Après un BEP soudure, Geoffrey rejoint l’exploitation agricole de son père. Il a 16 ans et se lance pleinement dans l’agriculture, sur le terrain familial.
En 2011, Geoffrey s’installe sur le plateau, à proximité des champs qu’il exploite. Depuis 2019, il travaille à son compte sur un terrain de trois hectares où sont cultivés choux, aubergines, poivrons, gingembre, citrons, tomates. Son fils Keanu grandit à ses côtés sur les mêmes terres.

Geoffrey et Keanu regardent le grand-père travailler la terre.

Un travail difficile mais gratifiant

L’agriculteur de la Presqu’île confie que le travail n’est pas facile : il s’agit un métier physique, qui demande d’œuvrer sous le soleil, six jours par semaine. Surtout, Geoffrey souligne les incertitudes liées à la météo :

« C’est dur quand même d’être agriculteur à Tahiti, parce que rien n’est sûr : il y a des intempéries, de la pluie, de la sécheresse. Parfois, les récoltes sont endommagées et il n’y a rien à faire. Tu te débrouilles… »

Mais ce travailleur sait rester optimiste : il est passionné par son métier et il apprécie l’autonomie qu’il en tire. 

« J’encourage les jeunes venir à l’agriculture. C’est un beau métier de planter et consommer ce que tu produis. Tu travailles pour toi, t’as pas de supérieur, c’est important.
C’est difficile, mais c’est un métier qui donne beaucoup de satisfaction : tu vois la graine que tu as semée grandir jusqu’à la récolte. C’est beau. »

Geoffrey s’est spécialisé dans le chou, un légume délicat à cultiver car il est menacé par de nombreux prédateurs et demande un travail minutieux. L’agriculteur produit jusqu’à une tonne de choux par semaine ! S’ils poussent si bien, c’est que les champs donnent sur le bleu turquoise du lagon de Toahotu.

Une belle vue pour les choux de la Presqu'île!

« Mes choux ont la plus belle vue de Tahiti, c’est pour ça qu’ils sont meilleurs ! Il faut consommer les produits locaux qui poussent dans nos champs. Ce sont des Tahitiens qui travaillent la terre de Tahiti pour subvenir à leurs besoins et faire manger les Tahitiens. »

Préserver pour transmettre

Geoffrey aimerait transmettre le terrain et sa passion pour l’agriculture à son fils Keanu, mais il sait que l’indivision des terres familiales peut changer la donne. Il n’est pas certain de conserver les champs qu’il a travaillés. Il craint aussi le réchauffement climatique :

«Je vois des changements par rapport à quand j’étais petit. Il fait plus chaud, il y a moins d’eau pour les légumes. J’aimerais bien que Keanu soit lui aussi agriculteur, mais ce sera plus dur pour lui. »

Conscient de ces changements, l’agriculteur cherche à modifier sa manière de produire des légumes et à développer des alternatives aux produits phytosanitaires. Par exemple, il a créé des pièges à mouches à fruits pour protéger ses poivrons. Il s’intéresse à la permaculture et aspire à une agriculture raisonnée.

« Il faut préserver sa terre pour qu’elle soit toujours fertile quand on la transmet. Pour mon fils, pour mes petits-enfants, je veux laisser une bonne terre. »

Geoffrey remercie son père d’avoir planté les arbres fruitiers sur le terrain : les citronniers ont aujourd’hui plus de quarante ans. Ils veillent sur les choux, les poivrons, et le petit Keanu.

Geoffrey dans ses champs de salades, potas, choux.

Marie Lecrosnier–Wittkowsky

Rédactrice

©Photos : Marie Lecrosnier–Wittkowsky pour Hommes de Polynésie

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